Japon : 10 créateurs français inspirés par le design nippon

Ces 10 designers ont en commun d’avoir vécu une expérience personnelle au Japon qui a durablement imprégné leur pratique, bien au-delà de leur séjour dans l’archipel. Tous semblent dire que c’est du Japon que nous vient aujourd’hui un rappel aux fondamentaux du design.

Pierre Charrié

Des mangas au design traditionnel japonais, Pierre Charrié en pince pour la culture nippone.
Des mangas au design traditionnel japonais, Pierre Charrié en pince pour la culture nippone. Damien Arlettaz

« Mon premier contact avec le Japon s’est fait par le biais de la lecture de mangas, vers l’âge de 10 ans. Puis, plus concrètement, lors du workshop Kyoto Contemporary, en 2016, quand je suis arrivé chez l’artisan avec lequel je collaborais. J’ai eu la surprise de découvrir qu’il travaillait dans sa propre maison où il avait installé son atelier, avec son fils. J’ai très vite adopté certaines habitudes, comme le sento, le bain public de quartier. Il y en a un peu partout, c’est très agréable pour se détendre après une journée de travail. Cette expérience japonaise a débouché sur une collaboration entamée en 2017 et qui se poursuit aujourd’hui avec un nouveau projet autour du raden, de la laque avec incrustation de nacre. À Kyoto, j’ai aussi découvert le savoir-faire des forgerons. Ils fabriquent les sabres des samouraïs dont je me suis inspiré pour ma lampe Katana, qui vient de sortir chez Habitat. »


Mathieu Peyroulet Ghilini

Pour Mathieu Peyroulet-Ghilin, le design japonais inspire respect et simplicité.
Pour Mathieu Peyroulet-Ghilin, le design japonais inspire respect et simplicité.

« Quand on sort des grands axes du Shinkansen (réseau de TGV, NDLR), on découvre un Japon ni surpeuplé ni technologique. Notamment, la préfecture de Takayama, un pays montagneux où personne n’habite, mis à part près des côtes. La plupart des Japonais y vivent dans des conditions assez modestes, le monde rural ne fait pas du tout partie du passé, contrairement aux clichés. J’ai toujours eu à cœur d’éviter les situations inconfortables, et dans un certain sens, d’être plus royaliste que le roi. Veiller à avoir la monnaie exacte en prenant le bus, ne pas parler trop fort, et mille autres choses pour atteindre le statut d’observateur actif. Le Japon nous place, par essence, de par les conditions idéales d’une résidence (la Villa Kujoyama), dans un état de sérénité par rapport à la vie française. Cela a donné des objets un peu plus petits, et moins dessinés. La difficulté de communiquer avec les artisans fait que l’on aboutit à des solutions presque plus simples, plus évidentes, qui doivent être compréhensibles facilement. »