Philippe Henry – Isabelle Daëron

Interview : Isabelle Daëron, la designer qui réconcilie la ville et la nature

Alors que ses nouvelles vitrines pour Hermès sont dévoilées cette semaine, la designer Isabelle Daëron impressionne par la diversité de ses champs d’actions. Du design urbain à la scénographie, en passant par la recherche, elle parvient à poursuivre une réflexion singulière sur l’espace public, les flux naturels et leur interaction.

 

D’une manière plus générale, comment faites-vous pour développer vos projets ?
Grâce à aux appels d’offres auxquels j’essaye de répondre ou à la politique du 1 % artistique dans laquelle l’importance du contexte et la liberté d’approche sont souvent mises en avant. Pour la Ville du Rheu, à coté de Rennes, j’ai ainsi pu produire et installer un banc sonore à l’extérieur d’une nouvelle médiathèque. Le but est de diffuser de la musique ou des textes lus pour étendre l’activité de la médiathèque dans l’espace public.

Banc sonore du projet « Bibliophonies ».
Banc sonore du projet « Bibliophonies ». Philippe Henry – Isabelle Daëron

Quelles contraintes implique le design urbain ?
Ici, nous avons utilisé de l’acier émaillé pour sa robustesse et ses propriétés anti-tag. C’est un matériau utilisé pour les plaques de rue, il offre des couleurs vives qu’il était important de conserver pour ce dispositif. La difficulté avec le design urbain, c’est de gagner la confiance des commanditaires, forcément plus frileux quand il s’agit de penser la ville qu’une nouvelle de ligne de mobilier. Après huit ans d’expérience dans ce domaine et accompagnée aujourd’hui par une équipe de designers, nous avançons pas à pas. Il y a quelques mois, un bureau d’études m’a justement contacté pour concevoir un miroir d’eau qui sera prochainement installé sur la place Saint-Germain à Rennes.

Isabelle Daëron.
Isabelle Daëron. DR

On imagine que travailler au pôle Recherche de la Cité du design vous a aidée à acquérir cette confiance. Sur quels thèmes portent vos recherches actuelles ?
Ce sont des questions toujours passionnantes. Comment utiliser les énergies renouvelables dans l’habitat locatif ? Comment imaginer de nouveaux services à partir des réseaux d’eau intelligents ? Cela permet de lire, de s’enrichir et de rentrer un peu plus dans la complexité de la ville. En ce moment, nous préparons une publication pour Human Cities, un programme européen qui réunit et met en lumière les initiatives citoyennes qui réinventent la ville. Nous travaillons également sur une étude portant sur la relation entre mobilité et objets connectés.

Vue de l’exposition « Are you talking to me ».
Vue de l’exposition « Are you talking to me ». Nicolas Laverroux - Ville d'Enghien-les-bains

En parlant d’objets connectés, pourriez-vous nous présenter votre projet de scénographie pour l’exposition « Are you talking to me » ?
C’est une exposition consacrée aux objets communicants, conçus par le réseau des Creative Cities Unesco design qui a été présentée à Enghien-les-bains et à la Cité du design de Saint-Etienne. Les objets étant répartis en différentes thématiques (espace domestique, mobilité, santé, empathie…), nous avons donc fait le choix de les réunir autour de quatre paravents. Avec d’un coté, un panorama coloré qui les met en situation et de l’autre, plus épuré, des objets qui prennent la parole et racontent leurs usages grâce à des dialogues enregistrés qui se déclenchent au passage des visiteurs.

Thématiques associées