Le voyage qui a changé votre vie ?
Claus Sendlinger : J’avais 16 ou 17 ans. Je voulais devenir joueur de foot mais, après un tour en Europe avec Interrail, j’ai décidé d’entrer dans le monde du voyage. Ma première incursion dans le sud-est de l’Asie au début des années 90, après l’ouverture du premier hôtel Aman, a été très inspirante pour moi. Mais, au-delà des voyages, ce sont surtout des événements qui m’ont marqué, comme la Love Parade de Berlin ou mon premier festival Burning Man (festival artistique dans le désert du Nevada, NDLR). Il s’agit plus de participation à une expérience collective. L’hôtelier Ian Shrager a dit : « Ce sont les gens qui font la réussite d’un dîner. » Le voyage, c’est la même chose. Ce n’est pas la destination qui compte mais les circonstances.
Une chose que vous emportez toujours en voyage ?
(Il fouille dans son sac et en sort deux objets.) Ça (une « amulette » de la marque Le Labo), c’est pour parfumer mon sac ; une pierre entourée de métal qui ressemble de loin à une balle de fusil. J’ai aussi toujours avec moi cette pierre de cristal qui sert à me calmer. Deux petites choses inutiles en apparence mais qui me sont précieuses.
La tenue parfaite pour voyager ?
Je ne suis pas la mode ni les saisons. Mon dressing fait deux mètres de long et cela me suffit amplement. Les couleurs que je porte oscillent entre le gris charbon et le bleu, et elles se marient toutes ensemble. J’aime les superpositions. C’est pratique. Avec une petite valise, je peux voyager dans un pays aux températures flirtant avec les 25 °C et dans un autre à 0 °C. Le poncho est un vêtement idéal dans l’avion, on peut s’enrouler dedans sans être coincé. J’en ai plusieurs de Hannes Roether, un designer qui a étudié les différentes façons de tisser la laine et le tissu. Tout un art…
Une petite chose qui vous agace en voyage ?
J’ai un grand niveau de tolérance du fait de mes très nombreux déplacements. Je suis rarement contrarié, sauf, peut-être, aux contrôles de sécurité et aux postes d’immigration dans les aéroports.
Votre compagnie aérienne préférée ?
Lufthansa pour l’Europe. Lufthansa et Swiss pour les long-courriers.
Le meilleur aéroport et le plus terrible ?
J’adore celui de Munich. J’essaie d’éviter JFK.
Un remède pour combattre le jet lag ?
J’ai des rituels. Je fais des repas légers avant de partir, japonais quand c’est possible. De l’Europe vers les États-Unis, j’essaie d’aller au lit à une heure habituelle. Au retour des États-Unis, je prends une douche et je travaille normalement. Je ne fais surtout pas de sieste.
Vos meilleures vacances ?
La vie est drôle ! (Il rit.) Je ne me rappelle pas avoir jamais eu des vacances « normales ». Une fois entré dans l’hôtellerie, j’ai toujours mélangé les loisirs et le travail. Quand je pars en vacances dans un endroit reculé, j’en profite inévitablement pour explorer des lieux. Ce n’est pas facile pour les gens qui vivent avec moi… J’ai habité pendant six ans à Tulum, au Mexique, et trois ans à Ibiza, deux destinations de vacances où, en fait, je travaillais. Cela dit, je voyage beaucoup avec mes enfants, qui ont 8 et 12 ans. Nous avons fait un tour de cinq semaines au Mexique. Ils adorent les hôtels et ont d’ailleurs un bon œil. Nous partons demain pour le Portugal car nous déménageons à la rentrée d’Ibiza à Lisbonne. Je veux leur montrer le pays.
Votre dernière déconnexion ?
(Il réfléchit en caressant sa barbe.) C’était au sud de Goa, dans un centre ayurvédique, il y a plusieurs semaines déjà. Avant cela, c’était il y a trois ans, lors de mon dernier Burning Man. Ce sont des moments où l’on se coupe de tout, même si on rencontre aussi là-bas des gens avec qui faire des affaires.
Qu’appréciez-vous dans une destination ?
Un environnement respecté. C’est un sujet très à la mode, dont tout le monde parle, mais seule une personne sur dix en prend acte. J’aime voir des constructions intégrées correctement dans un paysage et non pas celles qui dévoilent la pensée du propriétaire, du genre : « Comment puis-je faire plus d’argent ? » Le style, malheureusement, ne vient pas toujours avec l’argent. Il faudrait que l’Unesco mette plus de restrictions sur les sites protégés.
« Le folklore comme l’artisanat vont être de plus en plus importants. Ils sont infiniment inspirants. Plus la société
tendra vers la technologie et plus on en aura besoin. »