Depuis plus d’un siècle, Sanijura conçoit et fabrique des meubles de salle de bains dans son usine de Champagnole (Jura). En 2018, elle a décidé de faire appel à des designers extérieurs pour rafraîchir son catalogue. Grâce à l’Incubateur du VIA, elle a pu rencontrer Thomas Merlin, un designer indépendant spécialisé dans le mobilier. Dans son travail pour Hartô, Camif Editions, ENO Studio ou Drugeot Labo, il privilégie une approche minimaliste centrée sur la fonction. Attaché au Made in France, il a trouvé chez Sanijura un partenaire de choix. Interview croisée avec Pascale Delplace, sa directrice marketing.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Thomas Merlin : Pour ma part, c’est la deuxième fois que je participe à l’Incubateur du VIA. J’ai rencontré les responsables de Sanijura lors d’un « speed-dating » : l’entreprise avait déposé un brevet pour un film chauffant à poser sur une porte et cherchait un designer pour donner vie à un produit qui intègre cette technologie dans une logique de gain de place.
Pascale Delplace : Ce qui nous a séduit chez Thomas, c’est son sens du détail, le fait qu’il soit jeune mais expérimenté, mais aussi qu’il n’ait jamais travaillé dans l’univers de la salle de bains. Cela lui donnait une certaine fraîcheur dans son approche du projet.
Quel a été le brief de départ ?
Pascale Delplace : On attendait de sa part à la fois du dessin, de l’intégration technologique et du gain de place. L’idée était de créer un meuble pour les petites salles de bains qui mettent en valeur les deux savoir-faire phares de Sanijura : le travail du bois massif et celui de la laque.
Comment avez-vous abordé ce projet nouveau pour vous ?
Thomas Merlin : Le milieu de la salle de bains était nouveau pour moi, j’ai donc voulu y apporter ma plus-value de designer. Mon regard global sur la salle de bains compacte a permis de créer une solution clé en mains qui intègre un rangement, un chauffage, un point d’eau et un miroir. Le tout dans 2 m2… Grâce au film infra-rouge, la fonction chauffage disparaît dans le miroir.
Pascale Delplace : Du point de vue style, nous avons exploré de nombreuses pistes, longuement hésité… avant d’avoir un coup de cœur pour cette solution imprégnée d’un esprit Art déco.
Quel avenir pour Tiny au-delà de l’exposition du VIA ?
Pascale Delplace : Nous allons montrer Tiny au salon Batibouw en Belgique (février 2020) et voir quelles sont les réactions des consommateurs et revendeurs. Nous prendrons ensuite la décision de la commercialiser ou pas. Une chose est sûre, la collaboration avec Thomas Merlin se prolongera par une véritable collection, qui sera dévoilée en 2020. L’an prochain, nous lancerons également des meubles développés avec un autre designer, Bastien Chapelle.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Pascale Delplace : Ce partenariat avec Thomas dans le cadre élaboré par le VIA a apporté de l’émulation dans l’entreprise, cela nous pousse dans nos retranchements, challenge les équipes et, au final, crée beaucoup de fierté. Nous avons réalisé à quels points les conseils extérieurs étaient précieux pour faire évoluer la marque.
Thomas Merlin : L’avantage de travailler avec une entreprise comme Sanijura, c’est qu’elle fabrique tout elle-même. Quand je voulais tester quelque chose, son bureau d’études me répondait immédiatement. Cette réactivité est très importante dans un projet aussi technique. Au final, nous avons réussi à faire de Tiny un meuble de salle de bains ultra-compact sans perdre en fonctionnalité.
> « Exposition Incubateur French Design 2019 ». Galerie le French Design by VIA. 120, avenue Ledru-Rollin, 75011 Paris.