Au programme du nouveau numéro IDEAT HS architecture n°26: inspirations, voyages, découvertes … Plus de 200 pages de portraits et d’actualités architecture et convivialité.
- Dossier hospitalité : hôtels, restaurants, cafés, boutiques et showrooms, les architectes portent les valeurs des marques en créant des lieux à haute désirabilité
- Dossier bureau : 30 pages pour repenser les espaces de travail, luminaires, mobilier, acoustique. Espaces partagés, flex offices, open spaces… La métamorphose des espaces de travail poursuit sa révolution ! Solutions acoustiques ou d’éclairage, choix de revêtement ou de mobilier pro, 30 pages d’idées et de solutions qui boostent le collectif !
- Grand entretien : Cut Architecture. Après avoir fait leurs armes dans différentes agences françaises et internationales, Benjamin Clarens et Yann Martin ont créé CUT architectures, à Paris, en 2008. Touche-à-tout, en rupture avec les limites communément admises entre les disciplines, ils se sont forgé une solide expérience dans les domaines de l’architecture intérieure et du retail, devenus leurs terrains de jeu favoris. Refusant la monotonie comme la répétition, le duo explore le potentiel infini des matériaux et s’affranchit des codes à travers des projets hybrides qui créent systématiquement la surprise.
- Et aussi : un reportage déco chez Eligo Studio, un hôtel à Val d’Isère et un hôtel archi culte à Puerto Escondido.
Bel endroit pour une rencontre, l’édito de Vanessa Chenaie dans IDEAT HS n°26 Architecture
À quoi servent les boutiques, maintenant que nous avons cédé à la facilité de l’achat en ligne ? L’accélération de ce mode de consommation, qui a provoqué la création d’adresses dématérialisées complémentaires sur le Web par des commerçants « traditionnels » et un accroissement exponentiel de l’offre en général, a déclenché une révolution. Au même titre que, dans les années 80, les grands centres commerciaux (agoras standardisées à la monotonie désespérante, allant de pair avec une uniformisation planétaire des canevas urbains) avaient tué les commerces de détail des petits centres-villes, peut-on imaginer que la vente en ligne connaisse elle aussi un essoufflement ? Car, aujourd’hui, les marques veulent de nouveau être en contact direct avec leur clientèle. Seule solution : avoir pignon sur rue.
Pour relever ce défi, l’architecture est en première ligne. Comment concurrencer des sites qui peuvent refondre leur plate-forme (vitrine) en un rien de temps ? Comment rassembler physiquement autant de services et de fonctionnalités que l’e-commerce ? Cette nécessité commerciale de renouvellement permanent ne date pourtant pas d’aujourd’hui. Rappelez-vous ! En 1997 ouvrait une boutique d’un genre inédit, au slogan bleu Pantone, 213, rue Saint-Honoré. Colette allait faire vibrer la capitale une vingtaine d’années durant. Sur trois étages et 700 m2 étaient achalandés produits rares et séries courtes d’articles de mode, de high-tech, des bijoux, des gadgets et autres produits de beauté… Les vitrines changeaient toutes les semaines et le « fan » était sûr de trouver des objets et des marques de luxe jamais vus ailleurs. De l’exclusivité naissait le désir, l’achat impulsif n’en faisant qu’une bouchée. N’est-ce pas ce qui motive encore aujourd’hui les « shoppeurs » en ligne ?
Flexibilité, modularité, modulation de l’éclairage, hybridation des espaces sont désormais la règle pour « justifier » de l’existence en dur d’un magasin. Mais pas seulement. Pour interpeller les gens, il faut créer une émotion. Et répondre aux nouvelles exigences du public, désormais habitué à trouver d’un clic l’info qu’il cherche, qu’il s’agisse d’un prix ou de la composition d’un produit. Inscrire dans l’espace un récit, des valeurs, quelque chose qui serve la transparence du discours de la marque, provoque la rencontre entre les gens ou la surprise, bref, crée du lien social… ce qu’on appelle, pour le coup, aussi bien dans le monde réel que virtuel, une communauté.
Les architectes d’intérieur que nous avons rencontrés mettent tous en avant la nécessité, à travers les lieux qu’ils ont dessinés, de raconter une histoire et de l’installer dans notre époque, en tenant compte du contexte géographique et historique d’un quartier, en en faisant une « destination ». Une exigence d’autant plus forte dans le cas de la duplication d’une enseigne où, si le décor doit être rapidement identifiable à la marque, il ne doit pour autant pas s’enfermer dans un look. Réinventer et non dupliquer, c’est la règle !
Réjouissons-nous du fait que la standardisation soit désormais honnie. S’il est vrai que l’architecture – tout particulièrement dans le cas du retail – est devenue un outil de communication et que, pour cela, elle construit souvent des passerelles entre monde marchand et monde artistique ou du divertissement, elle s’appuie aussi sur des valeurs sensibles (matériaux sains, savoir-faire locaux, métiers d’art…). Car nous sommes des êtres charnels.
Vanessa Chenaie, rédactrice en chef d’IDEAT