Au programme du nouveau numéro IDEAT n°160 : inspirations, voyages, découvertes … Plus de 300 pages de portraits et d’actualités cinéma et design.
- Grand entretien avec François Ozon : réalisateur, scénariste, producteur, il est aussi l’un des rares cinéastes français à accorder autant d’importance aux décors de ses films. A raison d’un long-métrage par an, ou presque, il a exploré tous les genres, en s’entourant des plus grands chefs décorateurs. Qu’il s’agisse de l’ambiance kitsch des années 70 dans Potiche, de l’esprit hollywoodien de 8 Femmes ou du faste des intérieurs Art déco de Mon Crime, il considère chaque film comme une maison dont il a la clé. Visite guidée par cet esthète inspiré.
- Tourisme : Bollywood, l’envers des décors. Dans la banlieue industrielle de Bombay ou dans la campagne du Maharashtra, à 70 kilomètres de la mégapole, deux grands studios de cinéma, très différents l’un de l’autre, nous racontent comme se fabriquent les fictions bollywoodiennes. Une industrie vivace, pléthorique, parfois victime de sa démesure, mais qu’il ne faudrait pas réduire à ses clichés.
- Icônes : Design et grand écran, une histoire d’amour. De nombreux films sont remarquables par leur « design-appeal». Pour preuve, lorsqu’on évoque un long-métrage, on pense non seulement aux dialogues et aux plans de caméra, mais aussi aux éléments de décor. Passage en revue de pièces stars qui ont imprimé la pellicule … et notre mémoire collective.
- Et aussi … Le cas Luca Guadagnino. Voilà six ans que le cinéaste (Call Me by Your Name, Suspiria, Amore, Bones and All…) s’est lancé dans l’architecture intérieure en fondant le Studio Luca Guadagnino. Avec une indéniable réussite.
La fiction ou la vie, l’édito de Vanessa Chenaie du IDEAT n°160
Des architectes d’intérieur qui comparent leur pratique à celle d’un réalisateur, nous en avons rencontré plus d’un ! Et c’est vrai, la métaphore peut sembler naturelle ; l’espace domestique qu’ils conçoivent s’apparente facilement à une scène où les futurs habitants vont jouer leur vie. Comme les réalisateurs, les architectes se projettent dans le temps et dans l’espace, travaillent avec des corps de métier très divers, définissent une esthétique dans un cadre budgétaire… « Alfred Hitchcock disait que faire un film, c’est d’abord raconter une histoire », note India Mahdavi, cette championne de la couleur qui vient d’ailleurs de signer le « réenchantement » de la Villa Médicis sur un scénario pour le coup très intimidant ! « La façon dont je projette des rituels ou des scènes de vie est très étroitement liée au travail de réalisateur », confirme quant à lui Rodolphe Parente. Et de confier : « Mon rêve ultime serait de réaliser des décors de cinéma avec d’autres architectes et décorateurs ».
De fait, nombreux sont les architectes qui, finalement, choisissent d’exercer leurs talents dans l’univers cinématographique, en tant que chefs décorateurs. Souvent par la grâce du hasard par lequel ils se retrouvent sur un plateau et sont happés, irrémédiablement, par un métier où la construction de l’espace voit sa dimension narrative exacerbée. Créer ou recréer un monde, penser une circulation, reconstituer une esthétique, retranscrire une époque… le terrain de jeu de l’illusion semble illimité, et l’expérience collective, ô combien séduisante. Cas particulier, Luca Guadagnino : ce réalisateur remarqué en grande partie pour sa maîtrise des décors a monté une agence d’architecture intérieure et mène de front ses deux métiers avec un succès remarquable.
L’histoire du cinéma est riche en demeures devenues cultes, en décors indélébiles dans nos mémoires, en lieux qui, en une image, une séquence, résument le film. La villa Malaparte et le corps alangui de Brigitte Bardot dans Le Mépris, la villa californienne malmenée par les hilarantes tribulations de Peter Sellers dans The Party ou la villa Necchi Campiglio, étouffant de convenances, d’où s’échappe Tilda Swinton dans Amore. La maison est bien souvent actrice, en particulier chez certains réalisateurs comme François Ozon, qui, de l’ambiance kitsch des années 70 dans Potiche au faste des intérieurs Art déco de Mon crime, considère chaque film comme une maison dont il a la clé.
Sans parler des pièces de mobilier qui, pour toujours, seront associées à un film. Car derrière chaque acteur il y a des objets, et dans chaque scénario, un univers dont l’ensemblier est le maître. Tout ce que touche le comédien a été choisi, pensé. Pour n’en citer qu’un, le fauteuil Djinn d’Olivier Mourgue dans 2001 : l’odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick, a trouvé là l’écrin fictif qui a fait sa renommée, et sa désirabilité.
Au fil des pages de ce numéro qui fête les noces du design et du cinéma, il y a des rencontres, des interviews de personnalités à cheval sur deux mondes. Mais aussi des voyages. Comment ne pas évoquer Rome et Cinecittà ? Comment ne pas aller jusqu’à Bombay et ses studios bollywoodiens ? Comment enfin ne pas citer Cannes, qui a bâti sa légende sur le Festival et qui est aujourd’hui en pleine métamorphose ?
Quand IDEAT se fait son cinéma, finalement, c’est une boîte de Pandore qui s’ouvre.
Alors, bonne lecture et, surtout, allez au cinéma !