Il se dit touche-à-tout et hyperactif. Connu pour ses intérieurs d’appartements, de boutiques, de restaurants, d’hôtels, Hugo Toro ajoute un chapitre plus introspectif à son parcours en transposant ses émotions en quinze tableaux, dont certains sont monumentaux (4,80 m x 2,40 m). Il en faut de l’audace pour s’attaquer à des formats de cette taille.
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Peintre de l’invisible
Sans esquisse préparatoire ni chevalet, il utilise différents pinceaux, mais aussi ses mains pour tenter de reproduire l’indicible, des visages, des paysages, tous issus de sa mémoire. Comme des souvenirs émergeant par strates à la surface, les toiles d’Hugo Toro sont composées de couches et de couches de pigments… Trois couleurs dominent : le vert, l’ocre et le rouge.

La première évoque pour l’artiste les « Aguas que murmuran (rumeurs de l’eau) », titre de cette exposition, tandis que les deux dernières donnent à sa palette l’aspect de la rouille, qui marque l’épreuve du temps et transforme ses motifs en vestiges du passé, voire en ruines, un genre pictural très prisé aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment par les romantiques.
Avec ces illustres prédécesseurs, à l’instar de Caspar David Friedrich (1774-1840) et son Voyageur contemplant une mer de nuages (1818), Hugo Toro partage la dimension spirituelle, mélancolique, nostalgique… Celle du pays d’origine de sa mère où il n’a jamais vécu, le Mexique, mais dont il connaît les mythes et les légendes, la chaleur écrasante ainsi que la végétation luxuriante.
Un écho à la nature
Ce sont ces mangroves, ces nénuphars, ces épis de maïs et ces tournesols, qui mangent la toile et semblent vouloir sortir du cadre. La nature exubérante, représentée de manière quasi abstraite dans une fusion du ciel et de l’eau, absorbe le regard comme les personnages (sa sœur, sa mère, ses grands-parents, un couple de nageurs) qui, même placés au premier plan, en deviennent secondaires.

On imagine l’engagement du corps, l’ampleur du geste, les éclaboussures, les repentirs pour obtenir de telles compositions empreintes des « émotions contrariées » d’un artiste à la double nationalité, franco-mexicaine, en quête d’identité.
> « Aguas que murmuran (rumeurs de l’eau) ». À l’Institut culturel du Mexique, 119, rue Vieilledu-Temple, 75003 Paris, du 4 au 15 février. @idemexparis
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