Deux mois ! Noa Peer et Flore Raimbault n’ont eu que deux mois pour transformer radicalement l’ambiance d’un élégant hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine (92), appartenant à une famille américaine. Le duo de l’agence Oui, formé par deux diplômées de l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles, n’a ainsi ni eu le temps d’abattre de cloison ni même de prévoir d’extension.
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Un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine
Mais si les clients new-yorkais ont choisi l’agence Oui (Office for Urban Innovation), c’est en raison du regard ultramoderne des deux amies qui, après s’être rencontrées à l’école de Versailles, ont poursuivi leurs études aux États-Unis.
Le bâtiment a séduit les futurs propriétaires par son architecture années 30, quintessence du chic parisien pour eux. Charge aux deux jeunes femmes de mettre ensuite le lieu au diapason de la collection d’art contemporain de la famille, en parfumant ces murs vénérables d’une essence Big Apple.
Intérieur gansé selon l’agence Oui
Le vaste salon se divise en deux : d’un côté un « playground » pour les enfants, façon family room (pour les loisirs), avec de grands canapés au sol ; de l’autre, un espace plus formel avec des divans bien campés face à la cheminée. La cuisine est immense, flanquée d’une salle à manger tout aussi spacieuse, pour les repas quotidiens. Une salle à manger plus officielle prend place dans un ancien salon pourvu de boiseries d’époque.
Les fondatrices de l’agence Oui ont choisi de garder les murs blancs et la couleur noire qui soulignait auparavant les fenêtres, les portes, les colonnades et même les moulures du plafond. Un duo qui fait écho au dallage à cabochons des sols d’origine (formé de petits carrés noirs mélangés à de plus grands carreaux octogonaux de pierre claire).
Le tandem de l’agence Oui qui d’habitude parsèment les cuisines d’arrondis et de nuances franches modernistes ont sagement conservé ici les reliefs et les éléments décoratifs préexistants, en les bousculant avec des accessoires contemporains.
Les deux suspensions tubulaires sont, par exemple, comme des traits de lumière graphiques dans une chambre noire, et les tabourets industriels cassent le classicisme ambiant. Une touche de peinture rose pâle sur le plafond achève de projeter la pièce dans une atmosphère plus dynamique.
Les œuvres d’art donnent le ton. Elles ont inspiré les coloris vifs des assises et des tapis. Canapé bleu outremer sur carpette illustrée de taches vives comme une palette de peintre, chaises rose fané, entrée pivoine et aubergine… La construction de l’architecture intérieure est un dialogue constant entre le noir, le blanc et les couleurs franches.
Dans la salle à manger, soubassements noirs et murs blancs servent de fond à une œuvre multicolore composée de cinq panneaux de soie peints, signée Lauren Luloff, ainsi qu’à un tableau pourpre et céruléen de Katherine Bradford. Dans le salon des enfants, les sobres bibliothèques blanches contiennent les livres jeunesse bariolés, rappels des canapés bleus et jaunes. Le tapis strié de noir sur fond blanc fait écho au plafond bicolore.
Dans la chambre parentale, une tapisserie de l’artiste Myles Bennett, originaire de Brooklyn, a dicté les harmonies douces de beiges et d’orangés de toute la pièce.
Là, les murs à la chaux encadrent une tête de lit capitonnée de la largeur du mur, qui agit comme un soubassement. Enfin, l’entrée très classique a trouvé une nouvelle jeunesse avec des parois peintes en deux nuances de rose et un canapé aubergine. C’est la signature des deux architectes de l’agence Oui qui veulent « rendre l’ordinaire extra ».
Même traitement dans l’escalier, qui aurait pu se contenter de sa belle rambarde en bois tourné s’il n’avait reçu en supplément un papier peint tacheté à la main par l’artiste américaine Kelly Porter (Porter Teleo). De l’extraordinaire, il y en avait aussi initialement dans la maison. En témoigne la salle de bains Art déco, qui n’a pratiquement pas changé depuis sa construction.
La pièce hexagonale présente une baignoire en majesté sous un plafond peint d’arbres exotiques. Comme ailleurs, des cadres noirs soulignent ici les miroirs. De chaque côté de la baignoire, deux arches donnent accès à la douche et aux toilettes ; seule intervention de l’agence Oui, leurs portes dont le sablage dégradé protège l’intimité, tout en légèreté.
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