Bien connu des amateurs de design pour son travail chez Knoll, Harry Bertoia ne doit pas être résumé à ses chaises, aussi iconiques soient-elles. Retour sur sa carrière.
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Arri Bertoia est né le 10 mars 1915 à San Lorenzo, un petit village du nord de l’Italie dans le Frioul-Vénétie. Très rapidement, il développe un goût pour le dessin. Son talent est tel qu’un de ses professeurs recommande à ses parents de l’envoyer dans une école d’art à Venise ou aux Etats-Unis.
Son choix s’arrête en 1930 sur le ville de Détroit, où son frère Oreste est déjà établi. Son surnom Arieto s’américanise et devient Harry Bertoia. Il intègre le Cass Technical High School, une école publique spécialisée en arts et sciences. Il décroche alors une bourse en 1936 à la School of The Detroit Society of arts and Crafts où il étudie la peinture et le dessin.
Il fréquente Walter Gropius, la famille Saarinen, Charles Eames et Florence Knoll. En 1937, il obtient une nouvelle bourse qui lui permet d’intégrer la prestigieuse Cranbrook Academy of Art de Bloomfield Hills. Véritable nurserie des grands noms du design et des arts du XXe siècle, parmi lesquels le sculpteur Carl Milles, la céramiste Maija Grotell et Walter Gropius.
Deux ans plus tard, le directeur de l’école Eliel Saarinen demande au jeune Harry Bertoia, seulement âgé de 24 ans, de rouvrir l’atelier de métallurgie. Alors que le guerre fait rage, Bertoia doit notamment proposer des pièces de joailleries qui ne nécessitent pas beaucoup de métal. Il aurait ainsi conçu la bague de Ray Eames. Son travail se caractérise par des formes organiques et des détails fins, jetant les premières bases de son travail de sculpture.
En dehors de l’école, Harry Bertoia expérimente, via des estampes et des monotypes. Pendant son séjour à Cranbrook, il envoie environ 100 tirages au Musée Guggenheim pour évaluation. À sa grande surprise, Hilla Rebay, la directrice des acquisitions, réclame les 100 tirages, pour elle-même et pour le musée.
La naissance des chaises Bertoia
Dans les années 40, il quitte Cranbrook pour rejoindre Charles Eames en Californie et poursuivre des recherches sur le contreplaqué moulé. En parallèle, l’artiste participe aussi à l’effort de guerre, en travaillant dans l’aéronautique. C’est à cette occasion que les Eames l’envoie suivre des cours de soudure à Santa Monica, une compétence qui lui servira toute sa vie. Après une brouille avec les Eames, Bertoia quitte l’aventure collective californienne en 1946.
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C’est à cette époque qu’il se lance dans la sculpture de métal. En 1950, Florence et Hans Knoll apprennent sa rupture avec les Eames et l’invitent à gagner la Pennsylvanie. Ils lui donnent carte blanche pour concevoir ce qu’il souhaite.
C’est dans ce contexte que naît la collection de chaises Bertoia éditée en 1952 par Knoll. Reconnaissables à leur grillage en métal, celles-ci se composent de la chaise Diamond, la large Diamond, la « side chair», la « Bird Chair» et une chaise haute. Petit bijou de la gamme, la Asymmetric Lounge, la pièce la plus sculpturale de la collection de chaises en fil de fer, qui n’a jamais dépassé le stade du prototype jusqu’en 2005.
A la même époque, il signe une sculpture pour le centre technique General Motors, grâce à l’appui d’Eero Saarinen. Quelques années plus tard, celui-ci lui commande l’autel de la chapelle du Massachusetts Institute of Technology.
Il connaît, à la fin des années 50, la reconnaissance internationale. Ainsi en 1958, il s’offre sa première exposition européenne en présentant ses sculptures dans le pavillon américain de l’Exposition Universelle à Bruxelles, aux côtés d’Alexandre Calder.
Les années 60 annoncent la naissance de ses sculptures sonores. Leur taille varie de quelques centimètres à vingt pieds de haut (environ 6 mètres). Des sculptures qui sont aussi des instruments et dont Harry Bertoia aime jouer dans sa grange. A l’aide de plus d’une centaine de sculptures, l’artiste a enregistré 11 albums, baptisés Sonambient.
Sculpteur, designer, musicien expérimental, Harry Bertoia est un artiste total dont l’œuvre n’a de cesse d’intriguer et d’inspirer.
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