A l’occasion de Paris Design Week 2022, Vincent Darré met en scène jusqu’au 18 septembre les artisans de haute facture français dans Psychanalyse d’un meuble à quatre pattes, une exposition déjantée à l’Hôtel de Monnaie de Paris. Pour lui, seule la folie peut exprimer l’absolu de la maîtrise des métiers d’art.
Une scénographie démentielle
Un ébéniste, un laqueur, un ferronnier, un bronzier, un orfèvre, un tapissier… Quand on lui a proposé de mettre en scène l’exposition de l’Ameublement Français consacrée à une douzaine d’ateliers de haute facture, Vincent Darré s’est dit qu’une telle richesse pourrait être indigeste. « Ce sont des métiers très différents. Nous sommes partis sur l’idée d’un cabinet de curiosités, mais pour éviter le côté vieillot d’une exposition d’échantillons, je suis passé en mode psychédélique et même psychiatrique. » Ainsi est née « Psychanalyse d’un meuble à quatre pattes », un voyage dans l’intimité des métiers d’art, où se mêlent avec humour ingéniosité, art et beauté des gestes.
Le visiteur est invité à parcourir un labyrinthe de couloirs tapissés de mousse géométrique acoustique formant des perspectives surréalistes à la Vasarelli. Dans les murs sont enchâssés de grands cadres où l’on peut détailler des fragments de chaque métier à la loupe, à la manière d’un chirurgien auscultant l’intérieur de son patient. « J’ai visité chaque atelier et investigué dans les archives. J’ai pris des dessins, des croquis, des outils, des morceaux inachevés, parfois bruts, parfois ciselés. Chaque maison a créé des œuvres métaphysiques à partir de leurs techniques propres, juste pour l’occasion. Puis j’ai construit des tableaux en relief avec tout cela, à la manière d’un Giorgio de Chirico. »
Pour le ferronnier Pouenat, cela donne des morceaux de rampes de château qui mènent droit dans le mur. Vincent Darré a fait recouvrir des têtes avec les tapisseries d’Aubusson de Robert Four comme l’avait fait l’artiste Louise Bourgeois. Il y a aussi des étoiles aux mille nuances de laque par l’atelier Midavaine, les squelettes de meubles de l’ébéniste Moissonnier, les robinets de l’orfèvre de la salle de bains Volevatch créés pour Jeanne Lanvin puis une salle capitonnée par le Lit National. Le créateur s’est bien amusé à filer la métaphore. Et c’est démentiel.
> Exposition Psychanalyse d’un meuble à quatre pattes de Vincent Darré, à la Monnaie de Paris jusqu’au 18 septembre prochain.