Art : les expos du printemps 2022 à ne pas manquer

L’eau évoque la vie et symbolise l’âme humaine. Souvent associée au bleu, elle est multicolore d’après Nicolas Floc’h, céladon chez Fabienne Verdier, rouge pour Brankica Zilovic.

Photographe, peintre ou artiste textile, ils explorent autrement la couleur, la matière, la lumière. Focus sur trois expos du printemps 2022 à découvrir à Dunkerque, Wattwiller et Chaumont-sur-Loire.

Nicolas Floc’h et les flux invisibles

Paysages productifs, la couleur de l’eau, colonnes d’eau, baie de Somme, Manche, - 1 à - 30 m de Nicolas Floc’h.
Paysages productifs, la couleur de l’eau, colonnes d’eau, baie de Somme, Manche, - 1 à - 30 m de Nicolas Floc’h. Aurélien Mole

Sous l’eau, Nicolas Floc’h s’efforce de « rendre visible l’invisible ». Après avoir exploré les Calanques, c’est en baie de Somme qu’il a plongé. Ses 60 tirages représentant la vie subaquatique de Saint-Valery-sur-Somme, au large de Berck, révèlent un paysage abstrait variant de l’orange au vert, tels Paysages productifs, la couleur de l’eau, colonnes d’eau, baie de Somme, Manche, - 1 à - 30 m (photo). Outre d’inventorier les écosystèmes menacés, cette vision propose surtout un regard décalé qui évoque les monochromes d’Yves Klein, les installations de James Turrell ou d’Ann Veronica Janssens. Aucun pigment ne donne ces couleurs, seul le phytoplancton les détermine. Et c’est ce qu’immortalise Nicolas Floc’h entre la surface et le fond : le vivant. 

> « La Couleur de l’eau de Nicolas Floc’h ». Au Frac Grand Large, 503, avenue des Bancs-de-Flandres, 59140 Dunkerque, jusqu’au 4 septembre. Fracgrandlarge-hdf.fr

Brankica Zilovic, îles à la dérive

Embrace Again de Brankica Zilovic.
Embrace Again de Brankica Zilovic. Giuseppe Vitali

Du papier, du fil, du textile, ce sont les seuls outils de Brankica Zilovic. Née en Serbie, diplômée de l’université des arts de Belgrade et des Beaux-Arts, elle a choisi la broderie, le crochet, le touffetage, la couture – comme Louise Bourgeois, Annette Messager, Rosemarie Trockel ou Ghada Amer – pour suggérer la fragilité et la complexité du monde. Cette œuvre, intitulée Embrace Again (photo), se rapporte en effet à une série consacrée à la cartographie et, par conséquent, aux déplacements et aux frontières. Ces fils défaits, rouges comme la couleur symbolisant le sang et la violence, évoquent un univers en décomposition. Mais ils dessinent aussi un nouveau territoire en traçant d’autres routes, moins hostiles.  

« Nos îles ». À la Fondation François-Schneider, 27, rue de la Première-Armée, 68700 Wattwiller, jusqu’au 18 septembre. Fondationfrancoisschneider.org

Les forces tourbillonnaires de Fabienne Verdier 

Jeux d’eau au jardin de Fabienne Verdier.
Jeux d’eau au jardin de Fabienne Verdier. Eric Sander

Parmi les 15 artistes qui ont investi le domaine de Chaumont-sur-Loire, Fabienne Verdier expose une grande toile (260 x 735 cm) intitulée Jeux d’eau au jardin (photo). Composée de mouvements tourbillonnants, elle évoque les ondes
de la rivière qui coule au pied de l’atelier de la peintre, à Hédouville (Val-d’Oise), comme celles de la Loire, en contrebas du domaine. Pour les tracer, Fabienne Verdier utilise une queue de cheval montée sur un guidon de vélo qui engage tout son corps… et son âme. Car c’est l’énergie des éléments naturels qu’elle traduit à travers ces formes et ces couleurs. Elles créent un passage entre la réalité et l’abstraction, entre l’espace et le temps. Comme les maîtres chinois l’ont enseigné à l’artiste. 

« Fabienne Verdier – Jeux d’eau au jardin, 2021 ». Au Centre d’arts et de nature, domaine régional de Chaumont-sur-Loire, 41150 Chaumont-sur-Loire, jusqu’au 30 octobre. Domaine-chaumont.fr