La Galerie Derouillon, qui expose principalement des talents émergents, met ici Diane Dal-Pra à l’honneur dans son nouvel espace situé à Étienne Marcel. Jusqu’au 26 novembre, la jeune peintre révèle des oeuvres qui explorent la relation entre humains et objets. Peintes à l’huile, elles instaurent une atmosphère enveloppante, soulignée par une subtile maîtrise des ombres et des lumières.
Dissimuler les visages
Ce qui frappe en premier lieu face aux œuvres de Diane Dal-Pra, c’est cette ambivalence entre la présence de formes humaines et l’absence de visages. La peau est pourtant reconnaissable, tout comme les cheveux tressés ou rassemblés en chignon de ces mystérieuses figures. Le reste demeure trouble, masqué, caché. Les objets – vases texturés, meubles en bois, lampes, feuillages, voiles et tissus transparents – qui composent les toiles viennent en effet dissimuler tout ce qui permettrait d’identifier les personnages. Les têtes se devinent, tout en étant insaisissables.
Ces compositions permettent à l’artiste d’interroger la relation qu’entretiennent les corps avec les objets. En adoptant la même échelle que ces formes humaines, ils deviennent aussi importants — si ce n’est plus — que ces personnages qui échappent au regard et se font le lieu de mystérieux récits. Ainsi Diane Dal-Pra parvient-elle à questionner le rapport entre nature et culture mais aussi à interpeller sur l’anonymisation de ces figures.
Jouer avec les sensations
Inspirée par les grands peintres de la Renaissance et du mouvement maniériste — qui jouent autant sur des représentations troubles, la déformation des corps et la recherche de mouvement — Diane Dal-Pra compose des assemblages dans lesquels les couleurs et la lumière instaurent une dialectique constante entre dissimulation et dévoilement. Ces procédés techniques conduisent finalement les visiteurs à prêter une attention particulière aux détails.
Jouant sur les perceptions, les espaces créés par la peintre semblent sortis d’un état de semi-conscience et rappellent ainsi le mouvement surréaliste selon lequel le rêve était la voie privilégiée pour renouveler l’inspiration. Les scènes oniriques que donne à voir Diane Dal-Pra offrent la possibilité d’ouvrir ses sens et peut-être tenter de saisir une odeur, un bruit, un toucher ou une vision.
> L’exposition Remaining Parts de Diane Dal-Pra est à voir à la Galerie Derouillon jusqu’au 26 novembre 2023.