1/ LE CHANVRE
Comme le lin, le chanvre est un matériau ancestral de la construction, qui connaît un retour en grâce depuis quelques années et attire les designers en quête de matériaux biosourcés, à faible empreinte carbone. C’est le cas de l’Allemand Werner Aisslinger, qui a mélangé 70 % de fibres naturelles de chanvre à une résine non toxique pour créer la Hemp Chair, une chaise monobloc. Idem pour la collection de suspensions du studio barcelonais MisMAS et le fauteuil Butterfly de la marque Cuero. Malgré ces exemples, les designers sont encore trop peu nombreux à utiliser ce matériau aux nombreuses qualités physiques et écologiques.
2/ LES FILETS DE PÊCHE
Très pointu en matière d’écologie, le Danemark est aussi un pays de pêcheurs… Des chercheurs ont donc réfléchi à allier les deux et à développer du plastique recyclé issu de filets de pêche et de cordages mis au rebut. Analysés, nettoyés et transformés en pellets, ceux-ci sont ensuite fondus puis injectés dans des moules, comme du plastique traditionnel, pour fabriquer des assises. L’éditeur Mater a ainsi réédité un classique de 1955 des designers Nanna et Jørgen Ditzel pour sa collection « Ocean », tandis que le fabricant Wehlers a imaginé la bien nommée RUM, pour « Re-Used Materials », une chaise empilable très confortable !
3/ LES ALGUES
Lorsque Maja Hoffmann a installé sa Fondation Luma, à Arles, elle lui a associé une unité de design prospectif axé sur les matériaux. Parmi les projets de l’Atelier Luma, l’« Algae Platform » étudie le potentiel des algues cultivées localement pour des applications en design, comme des cloisons ou des objets fabriqués en impression 3D, tels que les Bath Mat d’Esraa Fathy, à base de filaments de microalgues et de bois de palmier égyptien. Le jeune designer Samuel Tomatis s’est lui aussi emparé de ce matériau, qui prolifère le long des côtes bretonnes, pour développer avec des scientifiques et des artisans du mobilier, des luminaires, des matériaux de construction et des contenants voués à l’alimentaire…
4/ LES DÉBLAIS
Pour réaliser les tunnels et gares du Grand Paris Express, 45 millions de tonnes de terre, de roche et de sable vont être extraits des sous-sols d’Île-de-France d’ici 2030. Des débris traditionnellement jetés dans des décharges… L’architecte Vincent Loiret a développé « Cycle Terre », un projet d’économie circulaire qui vise à transformer cette terre crue excavée en matériaux de construction, et qui pourrait convaincre d’autres architectes de piocher dans cette matière première pour leurs projets.
5/ LE POLYÉTHYLÈNE OU PET
Il était temps que le plastique qui encombre les poubelles de tri sélectif connaisse une seconde vie… Les éditeurs sont de plus en plus nombreux à exploiter cette ressource. Ferm Living a développé son fauteuil lounge Desert à partir d’une toile tissée à la main fabriquée avec des bouteilles en plastique recyclées. Le Français Tiptoe propose, lui, une série de tables dont le plateau se compose de pots de yaourt et autres emballages réduits en copeaux puis pressés (sans ajouter de liant).
6/ LES DRÊCHES
Alors que les brasseries artisanales fleurissent à travers toute la France, le designer et ébéniste Franck Grossel réfléchit à utiliser la drêche – le résidu du brassage des céréales, l’orge principalement – comme matière première pour élaborer du mobilier. Voilà quelques années qu’il étudie les caractéristiques de ce matériau (flexibilité, résistance, malléabilité), qui ressemble à du liège et peut servir de base pour des tables, des chaises, des lampes, des tabourets ou des panneaux acoustiques. Il a lancé le 1er mars dernier une campagne de financement participatif pour pouvoir commercialiser ses produits à grande échelle sous la marque Instead.
7/ LES BOUES DE FABRICATION
Le porcelainier Revol a installé au sein de son usine des systèmes de captage des boues issues de la fabrication de ses objets. Soit deux stations d’épuration où ces effluents, qui contiennent des particules de kaolin, de silice et de pigments, seront filtrés et pressés afin de constituer une glaise qui servira de matière première pour de nouveaux objets.
8/ LES COQUILLAGES
Alors que certaines matières premières se raréfient, que faire des surplus ? De ce que l’on jette ? Les designers commencent à se pencher sur le cas des coquilles d’huître et autres résidus de coquillages. Réduits en poudre, ils peuvent entrer dans la composition de quantité d’objets… Comme les verres marins translucides de Lucile Viaud, faits de poudre d’ormeau ou d’huître, d’une subtile teinte verte. On observe une tout autre esthétique, proche du grès, chez Valérie Windeck et ses vases, qui permettent, selon elle, de valoriser plus de trois kilos de matière issue de l’ostréiculture.
9/ LE LIN
Idéal dans la construction quand il entre dans la composition de panneaux d’isolation et autres cloisons, le lin a par exemple été employé dans la fabrication du dôme des nouvelles colonnes Morris, à Paris, ou lors de la rénovation du cinéma Pathé Wepler (XVIIIe). Mais cette plante, qui pousse exclusivement en Normandie et dans le nord de la France et qui nécessite peu d’eau et d’engrais, est de plus en plus fréquemment utilisée en mobilier. La fibre de lin a notamment été choisie par l’éditeur Boqa pour ses fauteuils et canapés Acapulco, remplaçant avantageusement les tressages en plastique.
10/ LE MYCELIUM
Pour l’architecture ou le design, le mycélium (la partie végétative des champignons, formée de filaments souterrains ramifiés) dispose de nombreuses qualités : bon isolant acoustique et thermique, résistant aux chocs, léger et ininflammable. Les designers Sebastian Cox et Ninela Ivanova l’ont ainsi mêlé à du bois pour imaginer des tabourets et luminaires à l’aspect et au toucher très doux. Le designer néerlandais Pascal Leboucq a quant à lui développé The Growing Pavilion, une architecture expérimentale dotée d’une structure en bois et de murs en mycélium.