Nature, peinture, architecture : c’est autour de ces trois thèmes que Frédérique Lepers, directrice artistique de Serge Lesage, a articulé l’esprit des dernières collections, tout en collaborant à quelques beaux projets d’architecture intérieure. Entretien.
IDEAT : Quelques mots sur votre parcours…
Frédérique Lepers : Après des études de commerce et de finance, j’ai débuté dans le secteur du linge de lit pour Duquennoy & Lepers, où je m’occupais surtout de coloration. En 2005, ce fabricant a racheté la maison Serge Lesage et m’en a confié la direction artistique.
Ce que j’ai accepté avec joie tout en continuant de travailler un peu pour le linge de lit, avant de me concentrer exclusivement sur la création de tapis. Chez Serge Lesage, j’ai plusieurs casquettes, dont celle du marketing et de la communication.
IDEAT : Existe-t-il des tendances en matière de tapis ?
Frédérique Lepers : Ces derniers temps, on notait une récurrence de motifs graphiques, colorés et abstraits, d’effets de matière, de rendus patinés et dévorés. La nature est également un thème fort. Cela dit, en ce qui me concerne, j’estime qu’il n’y a pas vraiment de tendances concernant les tapis…
IDEAT : Quelles sont les nouveautés de 2023 chez Serge Lesage ?
Frédérique Lepers : Nous lançons une douzaine de modèles, essentiellement en laine, avec une dominante de tapis noués à la main, parallèlement à nos gammes tuftées main et tissées. Et cela tout en poursuivant notre travail sur les recherches de matières, sur les effets de tissages et les différents niveaux de velours et de bouclettes, pour exprimer les craquelures de la terre, la lumière de l’aube, les reflets de l’eau.
Cette nouvelle gamme lancée en janvier s’inscrit dans la continuité de ce qui a été commencé. Elle est accompagnée d’une collection capsule de tapis plus accessibles.
IDEAT : Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Frédérique Lepers : La terre, par la réinterprétation abstraite de paysages ; la peinture, à travers différentes techniques picturales comme l’aquarelle ; et l’architecture, que l’on retrouve dans des dessins plus graphiques et plus épurés. Nous avons également planché sur des coloris inédits, des teintes foncées et chaleureuses, comme le noir pour un tapis printemps-été, le brun, le corail, le beige…
IDEAT : La maison est-elle régulièrement impliquée dans la réalisation de chantiers privés ou publics ?
Frédérique Lepers : Nous pouvons être sollicités de manière ponctuelle. La marque Hamilton Conte a, par exemple, utilisé le tapis Manhattan pour un projet résidentiel à Porto, au -Portugal, et le studio d’architecture intérieure Benedetti, le tapis Gems, recoloré pour un projet en Belgique. Nous avons également équipé avec nos créations le nouveau siège de BNP Paribas à Paris ainsi que deux boutiques Louis Vuitton en Chine.
En France, encore, nous avons collaboré avec l’agence TPK de Dinard pour l’hôtel Altapura, à Val Thorens, ainsi que pour l’hôtel Fleur de Loire, à Blois. Toutefois, il s’agit rarement de créations exclusives, mais plutôt de tapis de nos collections qui sont réadaptés, retravaillés dans des formats et des coloris différents.
IDEAT : Collaborez-vous aussi avec des studios d’architecture intérieure ?
Frédérique Lepers : Tout dernièrement, Nicolas Aubagnac a utilisé le tapis Game pour un de ses chantiers, mais dans une nouvelle palette chromatique. Nous avons également collaboré avec la Bordelaise Frédérique Fournier pour le domaine du Château Ferrande, à Castres-Gironde, ou avec le studio de Jean-Louis Deniot.
Dans ce cas de figure, notre travail se résume le plus souvent à la réalisation de dessins pour les agences d’architecture. Mais il nous arrive aussi d’exercer notre créativité dans la réalisation plus libre de tissages, à partir des inspirations que les bureaux de style nous transmettent.
IDEAT : Quels sont les projets de la maison Serge Lesage ?
Frédérique Lepers : Développer le sur-mesure, le tapis noué à la main, ainsi que nos exportations vers le Moyen-Orient, les États-Unis et la Suisse. Les commandes particulières ont le vent en poupe : on nous sollicite de plus en plus pour réaliser des tapis de vastes dimensions, aux surfaces atteignant de 20 à 40 m2. Les projets sont aujourd’hui à la mesure d’un monde qui voit plus grand !
