Anouk et Louis Solanet ont fait des hôtels hors des sentiers battus leur spécialité. A l’exception du grandiose Rochechouart, leur groupe, dénommé Orso, plante depuis 2020 ses charmants établissements dans les quartiers excentrés. Un pari gagnant qui leur a permis d’asseoir leur réputation, perpétuée par l’ouverture de l’hôtel Orphée, à proximité du Jardin des Plantes, dont l’aménagement est signé par Eloïse Bosredon.
Quatre questions à Eloïse Bosredon, architecte d’intérieur de l’hôtel Orphée
IDEAT : Quelle a été votre approche pour réinventer les lieux ?
Eloïse Bosredon : Il s’agissait avant tout de faire le bilan des points forts et des points faibles du lieu afin de révéler les uns et tirer parti des autres. Ainsi, puisque l’hôtel originel disposait de chambres plutôt petites comme souvent à Paris mais avec des vues dégagées, typiques et charmantes, jouer sur cet aspect minimaliste m’a tout de suite semblé être une évidence. J’ai ensuite retravaillé le confort de l’hôtel Orphée en faisant de la lumière le point central de ma démarche.
Comment décririez-vous le nouveau scénario que vous avez écrit pour l’hôtel Orphée ?
J’ai d’abord déterminé un camaïeu de couleurs qui part d’un blanc chaud au premier étage pour s’intensifier jusqu’au jaune safran du sixième. À côté de cela, j’ai défini une gamme de quatre matières (l’acier brut, l’okoumé, la laine et la terre cuite émaillée) pour composer les décors. J’essaie toujours de travailler avec une palette réduite de matières afin de jouer avec sur effets de surface et de couleur. C’est à partir de là que j’ai dessiné l’ensemble de mobilier sur mesure avec dans l’idée de libérer le plus possible l’espace de la chambre des éléments nécessaires. Ainsi les tables de chevet servent aussi de lampes, les penderies et les bureaux s’intègrent aux parois de l’hôtel Orphée. La simplicité des formes soutenue par le choix des proportions tend à faire de chacun de ces équipements un élément original du décor. Je crois que les têtes de lit, qui jouent sur l’idée finalement très simple du bas relief, sont une bonne illustration de ce travail. Quand je donne le modernisme comme référence, c’est en hommage à cette façon de tirer l’esthétisme de la contrainte technique et de l’usage de chaque chose. Inconsciemment peut-être… Le tout a pris un léger « twist » méditerranéen, car ce sont là mes racines !
Quelles contraintes avez-vous rencontrées ?
Il a été compliqué de réussir à agrandir le lobby et de créer cet espace café sans diminuer le nombre de chambres. Au contraire nous en avons gagné deux ! La salle de petit déjeuner, au sous-sol, a été aussi un point sensible. Rendre agréable et chaleureuse une pièce aveugle est toujours très difficile. J’ai donc usé de la théâtralisation avec un éclairage soigné et une couleur profonde des murs jusqu’au plafond.
Eloïse Bosredon, quels sont vos projets futurs ?
Je viens de livrer le tiers lieu Parade et le café de La Paix à Arles. Je démarre la rénovation d’un hôtel à Dunkerque. En parallèle, je suis aussi en train de rénover de fond en comble ma future maison avec le défi de faire d’une vielle maison de ville une habitation responsable et peu énergivore. Enfin, j’espère pouvoir démarrer l’hiver prochain une petite collection de mobilier en auto-édition.
> Hôtel Orphée. 4 Bd Saint-Marcel, 75005 Paris. Réservations.