De l’extérieur, tout paraît hermétique, mais à l’intérieur, c’est une ruche, une ruche silencieuse. Situé en bordure de Toulouse Aerospace, le bâtiment est à l’image de ce qu’ Élitis défend depuis plus de trente ans, un esprit de famille sans être pour autant une entreprise familiale et un modèle unique dans le monde de la décoration, qui s’est passionné depuis ses débuts pour les matières, les fibres, les techniques inédites et les détournements : coques de noix de coco, nacre, rubans, sequins, broderies Cornely, faux cuir, papier dévoré washi… À l’image des collections lancées chaque année, un soin tout particulier a été apporté au siège social qui s’étend sur 4 500 m2 répartis sur deux niveaux. Grandes baies vitrées, sol dallé de pavés, belle cuisine d’entreprise où chaque jour une cuisinière officie, patio extérieur, open space…
La lumière inonde cet espace à mi-chemin entre la manufacture et l’atelier d’artiste. Depuis le commencement, la démarche – pour ne pas dire la philosophie… – est restée la même : donner naissance à des créations identifiables, mettre l’accent sur l’innovation technique, les couleurs et les matières (lin froissé, coloré, doré, argenté ou enduit) « et sur une certaine insolence », ajoute Patrice Marraud des Grottes, fondateur de la marque en 1988. Pas de révolution, donc, sinon dans l’invention : même équipe depuis le lancement, même bureau de création composé de Marie Papillaud et de Vincent Gevin, issus tous deux non pas du textile mais du graphisme (Duperré, Camondo et Penninghen) et auxquels se sont ajoutés huit talents pour former l’actuel studio de création.
Seule différence aujourd’hui, la société compte plus de 90 personnes, possède quatre filiales dans le monde (New York, Milan, Berlin et Hong Kong) et cinq showrooms, dont deux inaugurés en 2016, à New York et à Berlin. Un nouveau point de vente est prévu à Saint-Germain-des-Prés en septembre prochain. Chez Élitis, qui exporte 80 % de sa production vers le continent américain, son premier marché à l’export, suivi de l’Italie et des Pays-Bas, le revêtement mural représente 70 % et le tissu 30 %. Parmi les derniers projets qui témoignent du dynamisme de cette société peu banale, le rachat de la Compagnie Marianne Oudin (CMO), une manufacture spécialisée dans les fibres végétales tissées sur des métiers manuels. La collection est actuellement diffusée à Paris, au 5, rue de Chabanais, et sera exposée rue de Bellechasse à partir d’octobre 2018.
Depuis trente ans, Élitis n’a cessé de surprendre. L’entreprise privilégie plus que jamais la recherche en mettant l’accent sur le côté décalé des créations, telle la réinterprétation de la paille japonaise. « Mais il est important que les clients retrouvent dans l’éclectisme de nos collections quelque chose de familier », confirme Patrice Marraud des Grottes. Et les best-sellers de le prouver.
1988 : Syracuse au top des ventes le sera treize ans de suite.
1992 : Collection « Une piqûre en plus ».
1996 : Toile peinte.
2004 : Natives, avec la fameuse peau de poulain et les grandes écailles de crocodile.
2007 : Glass et ses effets de mosaïques.
Sans compter de véritables petits chefs-d’œuvre qui jalonnent l’histoire de la maison, comme la très artisanale et nouvelle ligne de revêtements muraux « Costa Verde », un tressage de feuilles de bananiers, de jacinthe d’eau et de vinyle, ou encore « Trancoso », une fresque murale en teck proposée en trois finitions (cirée, brûlée ou blanchie), réalisée à la main, à raison d’une plaque par semaine avec du bois récupéré de vieilles charpentes, afin de lutter contre la déforestation.