Du Grand Prix à la carrière : comment Design Parade propulse les designers émergents

Rencontres déterminantes, attention médiatique et développement de projets concrets : le festival est un pied à l’étrier bienvenu dans un secteur compétitif pour les jeunes diplômés. D’anciens lauréats racontent ce que le Grand Prix qu’ils ont remporté, à Hyères comme à Toulon, a changé pour eux.

Constance Guisset, Alexandre Benjamin Navet, Edgar Jayet, Julie Richoz, Éloi Chafaï… Toutes ces personnalités ont reçu un prix à la Design Parade. « Cela a changé notre vie », confie Kim Haddou, lauréate en 2018 du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels. Moitié du duo d’architectes d’intérieur Haddou-Dufourcq, elle raconte : « L’objectif était qu’on soit sélectionnés pour réaliser un projet et pouvoir montrer ce qu’on aime faire à deux. »


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Un Grand Prix, et après ?

Un argument qui revient côté design. Jean-Baptiste Fastrez, vainqueur du Grand Prix de la 6e édition de Design Parade Hyères, en 2011, explique : « Le festival a agi comme un propulseur. Il m’a offert la possibilité de créer des choses concrètes et d’avoir un portfolio avec de vrais partenaires. Quand vous montrez votre réalisation avec Sèvres, cela vous donne du poids et de la crédibilité. »

La dotation et le nombre de prix ont évolué tout au long de l’existence des concours. Le versant design a toujours permis des résidences avec des partenaires historiques, comme la manufacture de Sèvres ou le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva).

À Toulon, en architecture intérieure, un pool de maisons d’ameublement, de revêtements ou d’artisans d’art réalisent les idées des gagnants pour leur exposition de l’année suivante. Aujourd’hui, le Cirva propose une bourse de résidence aux lauréats, tout en les logeant et en les défrayant.

Le designer Samy Rio, Grand Prix 2015 à Hyères, ici avec sa lampe Quasar, éditée par Petite Friture.
Le designer Samy Rio, Grand Prix 2015 à Hyères, ici avec sa lampe Quasar, éditée par Petite Friture. DR

Tous pointent la fidélité de la villa sur la durée. « J’ai toujours été invité à réaliser différentes scénographies, ou au festival Pitchouns que la villa organise, pour animer les ateliers par exemple », raconte Samy Rio. Ateliers qui « mettaient du beurre dans les épinards », se souvient Jean-Baptiste Fastrez. Ce dernier signe d’ailleurs, quatorze ans après son prix, une collection d’objets (tabouret, miroir, arts de la table en métal) avec Monoprix et la Villa Noailles, exposée l’été à Hyères, en magasin le 17 septembre. Preuve que le lien perdure.

Totale liberté

En plus de disposer de ce réseau, Jacques Averna raconte avoir appris « le langage des institutions culturelles. J’ai compris comment fonctionnaient les appels d’offres et identifié quels étaient les acteurs essentiels dans ce monde qui m’était totalement inconnu ».*  Pour les designers Samy Rio et Jean-Baptiste Fastrez, le fait de gagner la bourse (aujourd’hui disparue) de Kreo a lancé leurs collaborations avec la galerie, qui se poursuivent encore aujourd’hui.

Le duo Haddou-Dufourcq, lui, a été repéré à l’Ancien Évêché de Toulon par David Pirone, propriétaire d’hôtels et de restaurants, pour sa nouvelle adresse à Hyères, l’hôtel Lilou. « En plus de donner la possibilité de montrer ce qu’on sait faire, le festival permet une totale liberté. Quand, dans notre métier, peut-on réaliser un intérieur avec une telle carte blanche lors d’un premier projet ? », se demande Florent Dufourcq.

Pour Kim Haddou, c’était aussi l’occasion de « rencontrer des gens de notre âge qui exercent le même métier et s’entraider, c’est une chance inouïe ! » Un esprit d’équipe qui a porté le designer Jean-Baptiste Fastrez : « L’énergie que procure ces échanges booste énormément et donne la force de se lancer et de continuer. »

Clément Rosenberg, vainqueur du Grand Prix à Toulon en 2023, se souvient avec émotion du montage de sa Chambre tapissée pour cigale en hiver : « Une expérience éprouvante, qui reste pourtant mon meilleur souvenir. » Ce designer textile, agrégé en la matière, a pu renouer avec son réseau pour trouver l’aide adéquate. « Ce qui m’importait, c’était de poursuivre les idées après cette installation et de pérenniser les liens que j’avais noués. »*

Tant avec la designeuse Emmylou Doutres, avec qui il collabore désormais, qu’avec l’atelier tapissier Relax Factory ou l’Alliance du lin et du chanvre européens. « C’est normal de ne pas concrétiser des projets avec tous les acteurs rencontrés sur place, ça n’aurait pas de sens. A contrario, trouver des synergies particulières, c’est précieux ! »

Et de finir par évoquer « la confiance et la crédibilité » que cela lui a apporté. Jean-Baptiste Fastrez parle, lui, de « légitimité en accéléré », quand le couple Haddou-Dufourcq résume : « On avait besoin que quelqu’un nous fasse confiance. »


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