Doshi Retreat : un sanctuaire sensoriel se pose sur le Vitra Campus

Au cœur du Vitra Campus, le Doshi Retreat transforme la promenade en méditation. Dernier projet de Balkrishna Doshi, ce refuge sensoriel invite à l’introspection et à la contemplation.

Weil am Rhein, Vitra Campus. Entre le modernisme de Herzog & de Meuron et les lignes audacieuses de Frank Gehry, un nouvel espace se glisse comme une respiration : le Doshi Retreat. Conçu par Balkrishna Doshi (1927-2023), architecte indien lauréat du prix Pritzker en 2018, en collaboration avec sa petite-fille Khushnu Panthaki Hoof et Sönke Hoof, ce refuge invite à une pause contemplative au cœur du tumulte du design contemporain.


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Un parcours contemplatif

Plus qu’une simple extension du campus – qui attire chaque année quelque 400 000 visiteurs happés par le Vitra Design Museum, ses collections et ses jardins – le Doshi Retreat instaure une expérience singulière. Ici, la marche devient méditation. Le chemin sinueux descend doucement sous le niveau du sol, caressé par des sons de gong et de flûte qui enveloppent le corps et l’esprit dans une atmosphère de transe subtile. Comme le rappelle Khushnu Panthaki Hoof, « le son efface la frontière entre soi et la structure. L’édifice reflète le son vers vous, transformant le voyage et la salle en instruments résonnants. »

L’inspiration ? Un petit sanctuaire du Temple du soleil de Modhera en Inde, partagé par Rolf Fehlbaum, ancien CEO de Vitra et fils ainé de ses fondateurs, Willi et Erika Fehlbaum, à Balkrishna Doshi. De cette rencontre est née une architecture narratrice, nourrie par les visions du subconscient de ce dernier – notamment le rêve de deux cobras entrelacés –, qui se déploie dans des courbes et des perspectives inattendues. Chaque tournant du parcours révèle un nouveau point de vue, notamment sur les jardins et étangs qui ponctuent le campus, conçus pour recréer une biosphère au sein d’un site industriel.

La dernière œuvre de Balkrishna Doshi, lauréat du prix Pritzker

Au centre, la salle de contemplation arrondie accueille un bassin d’eau de pluie, deux bancs semi-circulaires et un gong central. La lumière filtre à travers une ouverture partielle du plafond, mettant en valeur un mandala en laiton martelé à la main, projetant des motifs lumineux sur les surfaces métalliques.

Ce projet marque également un jalon dans la carrière de Balkrishna Doshi : c’est la première réalisation hors d’Inde et la dernière conception à laquelle il a participé avant sa mort en 2023. Il illustre sa capacité unique à transcender l’architecture fonctionnelle pour approcher l’art, comme le note Marco Sammicheli, directeur du Museo del Design Italiano : « Au cours des dix dernières années de sa vie, Balkrishna Doshi est en quelque sorte passé de l’architecture à l’art. »

Le Doshi Retreat est pensé comme un espace d’errance et de réflexion, où la perception sensorielle devient vecteur de transformation. Le visiteur peut s’y perdre, méditer, écouter ou simplement se laisser surprendre par l’ombre et la lumière, le son et le silence. Un lieu où, pour reprendre les mots de Khushnu Panthaki Hoof, « la solitude devient voyage et le chemin, récit ».


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