À Milan, en juin dernier, en off du Salon du meuble, Dior Maison présentait la chaise Miss Dior de Philippe Starck. Soixante-quinze ans après, le designer a réinterprété la fameuse chaise Médaillon, de style Louis XVI, icône déco du grand couturier français.
Vingt-quatre modèles de Miss Dior
En septembre 2021, Dior Maison exposait au Palazzo Citterio, à Milan, une longue suite de chaises Médaillon, pièces emblématiques de la décoration selon Christian Dior, signées d’un aréopage de designers internationaux.
En juin 2022, la marque de luxe dévoilait dans le même lieu la toute première chaise Miss Dior de Philippe Starck.
Vingt-quatre versions y étaient posées sur des podiums rétroéclairés en forme de macarons. Au-dessus de chacune d’elles, des cônes de lumière les sublimaient au rythme de la musique de Soundwalk Collective, revisitant Erik Satie.
Bien qu’éclairée à la manière d’une Juliette Greco sur scène, Miss Dior se distingue par le fait d’être entièrement en aluminium solide, en partie recyclé et entièrement recyclable.
Sans une seule vis, l’assise se décline en trois modèles (avec ou sans accoudoir) et quatre finitions (aluminium poli, chrome noir, or ou cuivre rosé) qui existent également en aluminium satiné, soit vingt-quatre versions au total.
La plus contemporaine est peut-être la Miss Dior à un seul accoudoir : une insolente invitation à ne pas s’asseoir comme il faut !
Selon le style Dior, même couverte de sequins, une création doit toujours avoir l’air frais et léger. L’envie de minimalisme de Starck tombait donc à pic.
Symbole iconique
Cette première création de Dior Maison par Philippe Starck est le nouvel épisode d’une histoire qui commence en 1947 . Quand Christian Dior investit l’adresse parisienne du 30, avenue Montaigne, ses amis décorateurs, Georges Geffroy et Victor Grandpierre, réalisent le décor encore existant aujourd’hui, en privilégiant les panneaux muraux de bois gris pâle, l’harmonie avec du blanc, le cannage… et la chaise Médaillon, tapissée de gris, au dossier ovale, de style Louis XVI.
Dans les années 2000, les éditeurs artisans Domeau & Pérès réalise pour Dior une élégante chaise Médaillon d’un noir d’encre. A Tokyo, dans la boutique Dior d’Omotensando, l’icône apparait aussi customisée et piquée de plumes, à travers les parois en cannage de verre d’un immeuble signé par les architectes de Sanaa. Dans le groupe LVMH, les responsables de ce type de projets s’enorgueillissaient volontiers des traductions contemporaines des « codes de marques » par des architectes, des décorateurs et des designers stars d’aujourd’hui.
Quand la griffe française le contacte, Philippe Starck est enthousiaste : « Pour la première fois, je pouvais travailler sur l’origine de ce symbole iconique. Avec la chaise Miss Dior, la mémoire collective occupe le premier plan. Les signes conscients et inconscients émis par la maison de couture font partie de mon propre patrimoine mental, cette collaboration était donc extrêmement naturelle pour moi. »
En 1947, Dior symbolise un nouveau départ luxueux après la guerre. En mode, Dior était alors plus connu que Chanel qui ne redémarre qu’en 1954. Jusqu’aux années 80, Dior domine. Finalement, Starck en travaillant pour Dior, a potassé deux gros dossiers de style, Louis XVI et Dior. Vingt ans auparavant, il avait déjà travaillé avec succès sur un autre archétype du style français en réalisant sa chaise Louis Ghost en plastique. Un succès.
Toute Miss Dior qu’elle est, cette nouvelle chaise fait aussi très Starck. Lui vous dira qu’il n’y a pas un style Starck. On entend bien, mais ses fines pattes rutilantes rappellent le manche de la brosse à dents ou les jambes du presse-agrumes du designer.
Mais attention, les grandes maisons n’aiment pas qu’un grand nom phagocyte leur univers. Dans le cas présent, s’associer n’est pas se diluer. Même pétri de références classiques, l’univers maison du couturier s’affirme volontiers dans le design contemporain.
Éternelle excellence
Philippe Starck vient apporter un projet, une chaise, qui ressemble déjà à un objet de collection. La gageure est d’être parti d’un élément iconique de Dior et d’avoir pu s’y exprimer en mode minimaliste.
C’est en Lombardie, à Brescia, que Starck a trouvé le seul artisan capable de réaliser le moule à injection de sa chaise puis de la produire. Il lui a fallu développer un processus unique d’ingénierie. Les lingots d’aluminium brut sont portés à l’état de fusion. Une fois liquéfiés, ils sont versés dans un creuset en béton.
Seule une matière parfaitement maîtrisée garantit la précision de la forme. Chaque pièce est ensuite nettoyée puis polie dans l’unité robotisée. Vient l’heure du bain galvanique, un procédé qui permet d’obtenir les versions chrome noir et cuivre rose. La teinte or est acquise par vaporisation sous vide.
L’excellence est à ce prix pour la belle Miss Dior qui est en fait investie d’une mission, durer aussi longtemps que son style.
> Chaise Miss Dior de Philippe Starck, en vente dans une sélection de boutiques Dior dès la fin de l’année. Disponibles sur commande chez Dior dans le monde entier. De 1700 à 5000 euros environ, suivant les finitions.