DIAPORAMA : Dans l'intimité du concept-store Merci

Entreprise familiale, le concept-store parisien Merci est né de la découverte par Bernard et Marie-France Cohen d’un local incroyable du boulevard ­Beaumarchais, frontière naturelle entre les quartiers de la Bastille et du Marais. Les clients tombent immédiatement sous le charme aussi bien du lieu, de sa proposition commerciale que de son atmosphère. En coulisses, les choses sont plus compliquées : les employés sont éparpillés dans plusieurs bâtiments et aucun bureau n’est assez grand pour faire office de salle de réunion. Cette situation, qui complique singulièrement le travail de l’équipe, la famille Gerbi ambitionne de la régler dès qu’elle reprend les rênes du concept-store, en 2013. Et pourtant, il faudra plusieurs années avant qu’Arthur Gerbi, le nouveau ­directeur général, ne trouve une solution adéquate.

C’est grâce à un mail reçu sur une boîte qu’il ne consultait que très rarement qu’elle arrivera. « J’ai lu par hasard une annonce qui ­proposait des bureaux rue Amelot, à quelques pas de la boutique. C’était un vendredi soir, tard, mais je n’ai pas hésité une seconde. J’ai demandé immédiatement à visiter les lieux… qui étaient parfaits pour nous. Le coup de cœur pour cet endroit qui nous ressemblait fut immédiat. Les volumes étaient fous, sur une très belle base d’un peu moins de 500 m2, déployée sur deux niveaux. » Un peu foutraque, l’espace ressemble plus à un lieu de vie qu’à des bureaux. Daniel Rozensztroch, à la direction artistique depuis le début de l’aventure Merci et qui nourrit un intérêt particulier pour le patrimoine, tombe lui aussi amoureux de ce lieu chargé d’histoire, construit à l’époque du second Empire et qui a eu plusieurs vies. « Nous avons apporté notre regard, notre philosophie, pour dessiner un lieu qui fédère nos valeurs de convivialité et d’hédonisme », explique-t-il.

Effectivement, c’est par une entrée donnant sur une cour intérieure, à l’abri des regards, que le visiteur pénètre ­directement dans la cuisine ­collective, un rez-de-chaussée à l’esprit industriel typique d’un quartier d’artisans et d’industries du XXe siècle, où le caractère haussmannien d’origine a été effacé. « Nous nous sommes sentis plus libres de composer une architecture de loft et avons joué avec la structure métallique existante. À l’étage, nous sommes dans un esprit plus ­bourgeois, nous avons conservé l’enfilade de pièces et leurs moulures », décrit Daniel, chef d’orchestre de la réhabilitation. Il a fait se marier les époques et joué avec les cicatrices du lieu. Au-delà d’une réhabilitation, ce chantier a aussi été pour lui l’occasion de s’interroger sur le bureau du XXIe siècle – et plus largement sur les ­nouveaux modes de vie –, de tenter des chocs entre différentes cultures esthétiques.

Le résultat est donc un lieu de vie à tester. « Il nous arrive d’installer ici un canapé que l’on veut expérimenter avant de le distribuer. On trouve aussi des pièces d’art ­prêtées par des amis galeristes, qui contribuent à personnaliser encore davantage le lieu », ­détaille Arthur. Fidèle à la philosophie Merci, Daniel Rozensztroch a créé des accidents, des ­décalages, a installé un meuble de cuisine vintage dans une très sérieuse salle de ­réunion. Car au final, il s’agit bien sûr de faire de ce QG une vitrine puisque sont reçus ici des clients, des fournisseurs, des journalistes et autres proches de l’écosystème Merci.

« Nos bureaux montrent que nous sommes cohérents dans notre démarche, que nous sommes une ­entreprise globale. Il est essentiel d’avoir un lieu de travail qui ­retranscrive cela », renchérit Arthur Gerbi. C’est dans le même ordre d’idée que l’équipe a investi un autre lieu historique du quartier, encore dans son jus, « l’appartement Merci » – aménagé comme le lieu de vie d’une famille d’aujourd’hui qui habiterait dans un appartement du second Empire –, où ils organisent des événements et invitent même quelques VIP à passer la nuit. « Là aussi, il s’agit d’un laboratoire sur nos modes de vie, une réflexion sur ce qu’est Merci », se réjouit Daniel Rozensztroch.

> Merci. 111 Boulevard Beaumarchais, 75003 Paris.