Figure de l’art contemporain français, Inès Longevial cultive un style reconnaissable à ses corps et visages habillés par des choix chromatiques audacieux. Très jeune, l’artiste s’est confrontée au design. « En seconde, je suis entrée dans la section Arts Appliqués où l’on étudie le design d’objet et d’image. Ce sont des études intenses puisqu’en terminale il y a 24h de design par semaine! » Elle évoque sa famille qui lui a transmis une culture de l’objet : « Ils n’étaient pas collectionneurs ni même connaisseurs mais ils ont su m’apporter, à travers les objets, le bricolage, les matériaux et la poésie. C’était une approche artisanale, du faire pour soi, plutôt qu’un regard sur des pièces ou des signatures. »
En parlant de signatures, c’est la chaise Panton qui lui a fait comprendre l’importance de la discipline : « Sa fonction première était d’être empilable, et dans les années 60, c’était une idée plutôt révolutionnaire. On l’oublie facilement aujourd’hui puisqu’on exclut souvent le fond pour ne retenir que la forme ».
Inès Longevial vient de s’offrir un ensemble de chaises « Castelijn » des années 80 et aspire à trouver un fauteuil «Pratone», en herbe géante imaginé par Ceretti, Derossi et Rosso. « Je pense que la pièce parle d’elle-même, pour faire la sieste dans l’herbe.»
1 – La bibliothèque Bookworm de Ron Arad, édition de 1994
Inès Longevial : «J’ai carrément eu un contrôle sur la bibliothèque Bookworm de Ron Arad : j’avais 16 ans et un mercredi matin on a eu une étude de cas de deux heures sur ce meuble. C’est un exercice très intéressant, en plusieurs planches qui doivent expliquer la pièce que l’on n’a pas étudiée au préalable. On devait l’analyser sémantiquement, symboliquement et visuellement par les mots et le dessin. C’est une pièce qui pourrait sortir d’un conte, elle est presque expérimentale et est d’une poésie redoutable.»
2 – Une Akari Light Sculptures (1951) d’Isamu Noguchi
Inès Longevial : «J’aime beaucoup le papier, je le travaille moi-même très souvent et c’est un matériau d’une noblesse oubliée. L’idée des lanternes par Isamu Noguchi me transporte vers d’autres contrées.»
3 – Le canapé Vis à Vis de Gala par Salvador Dali (1935)
Inès Longevial : « Enfant, j’ai été très marquée par Salvador Dali et Gala et par leur maison de Portlligat. J’y retourne très souvent car, en raison de mes racines espagnoles, je vais en Espagne tous les étés. L’amour de ces deux là, mais surtout les créations qui en sont nées — à l’image de ce canapé – sont prodigieuses.»