Un seul artisan mais deux personnages : l’architecte et l’ébéniste. Pour Raphaël Contesso, fondateur de l’atelier Moschata, lorsqu’il crée, « c’est toujours le fruit d’une discussion schizophrénique entre mon architecte et mon artisan intérieurs ! » L’aventure débute lorsqu’il est encore en école d’architecture. C’est là qu’il trouve sa vocation. Problème, l’enseignement ne lui convient pas. « On s’intéresse à la philosophie, à la sociologie, à l’art, pour se donner les outils nécessaires pour conceptualiser des idées. Mais il me manquait quelque chose… Pour comprendre, j’ai besoin de voir, de faire. »
Chaque création est une occasion
L’étudiant ayant besoin de concret, une fois son diplôme en poche, il entame une formation d’ébéniste en lycée professionnel qui lui permet d’acquérir les bases de ce savoir-faire. « Dès lors, un long chemin restait encore à parcourir pour maîtriser ce métier dont la minutie est l’essence. Ce chemin, je l’ai tracé en me posant toujours de nouveaux défis. Chaque nouvelle création doit être l’occasion d’apprendre une nouvelle technique, de découvrir un nouveau matériau », raconte Raphaël Contesso.
Cette insatiable curiosité continue aujourd’hui de nourrir son inspiration. Raphaël Contesso explique : « Je cherche dans les techniques traditionnelles des idées à réinterpréter, à réécrire, un assemblage particulièrement élégant, un principe structurel pouvant être détourné… » Cependant, le plus souvent, l’inspiration vient de ce qui l’entoure.
Les émotions comme inspiration
« Quand je suis heureux, quand je voyage, quand je vois un beau film ou lis un livre génial, l’inspiration est catalysée, et là c’est le bonheur ! », confesse-t-il. Quand la magie opère, le designer commence à imaginer sa création. « Dans un premier temps, je suis assez introverti, une idée germe à partir d’un détail, d’un matériau. Je la développe en croquis, en pensées, puis je la modélise sur l’ordinateur pour développer chaque détail de manière très précise », explique Raphaël Contesso. Le designer passe alors à l’atelier pour la formalisation à l’échelle 1. « Tous les défauts de conception sont révélés : sections trop petites, éléments superflus, proportions, épaisseurs, confort… S’ensuit un aller-retour bureau/atelier afin d’amener le prototype à maturité. » L’heure de la finalisation arrive. Raphaël Contesso apprécie les conseils d’autres artisans dans cette phase décisive. Le designer leur rend visite pour bénéficier de leur expérience, de leurs connaissances et voir avec eux « comment perfectionner chaque détail ».
L’union de l’artisan et de l’architecte
L’artisan et l’architecte qui habitent le designer se révèlent dans toutes les phases de la création. « L’un veut la pureté des lignes, cherche la vibration dans l’assemblage de différents matériaux ; l’autre exige que les matériaux soient utilisés en les écoutant, en respectant leurs propriétés. Il est persuadé que la beauté ne peut être trouvée que dans la vérité de la structure, dans l’élimination des éléments superflus. » Pour Raphaël Contesso, c’est cette schizophrénie qui fait la singularité de sa production.
> Atelier Moschata, 06000 Nice. Contact par e-mail.