Richard Hutten
Le designer néerlandais Richard Hutten ne veut plus travailler le plastique pour une question d’éthique. Pour lui, il n’est jamais recyclable à 100 %. Chantre de l’économie circulaire et végétarien depuis trente ans, il préfère de loin prendre le train plutôt que l’avion pour réduire son empreinte carbone. Pour autant, il a conçu, avec l’éditeur Lensvelt, le système de sièges Blink, à base de matériaux recyclés, pour asseoir les usagers de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol (photos). Pas un gramme de plastique n’a été utilisé. Encore plus surprenant : tous ces sièges ont été produits localement, fait rarissime dans le secteur des équipements d’aéroport. Hutten rappelle volontiers que, chaque semaine, nous ingérons chacun 2 000 particules de plastique en moyenne. Pour ce père de trois enfants, l’avenir auquel il pense, c’est maintenant. G.-C.A.
> Site de Richard Hutten.
Philippe Starck
Philippe Starck est un serial pionnier. Le designer parle très tôt de restaurants végétariens et de catalogues éthiques. À la fin des 90’s, il lance OAO, une marque de produits alimentaires bio. Avec la société italienne Pramac, il dessine des éoliennes discrètes et des panneaux solaires transparents. Voiture à hydrogène et bateau solaire, il a fait. Maison en bois préfabriquée, équipée de panneaux solaires, d’un système de récupération d’eau de pluie et d’une pompe à chaleur, aussi. Le maximum avec moins, c’était déjà son dada il y a vingt ans ! Il a même prédit la dématérialisation. Et créé avec l’entreprise d’intelligence artificielle Autodesk la première chaise intégrant cette technologie. Elle se révèle particulièrement économe en énergie et en matière… Héraut du design démocratique au quotidien (donner le meilleur au maximum de gens), il persiste et signe aujourd’hui en parlant d’« écologie démocratique ». Oui, le green sincère peut créer une économie différente. G.-C.A.
> Site de Philippe Starck.
Pearson & Lloyd
La chaise Cross, des designers anglais Luke Pearson et Tom Lloyd pour Takt Copenhagen, a tout bon : fabriquée avec du chêne massif 100 % éco-certifié, issu de forêts éco-gérées, elle voyage à plat. Cela rationalise les expéditions et réduit les émissions de CO2. Enfin, une simple clé à six pans suffit pour l’assembler. Mais leur engagement ne date pas d’hier. En 2015, les poubelles Intelligent Waste chez Joseph Joseph collectaient déjà facilement les déchets triés dans une seule unité. Sous le couvercle clipsable, sac poubelle maintenu, tout marche, comme sur des roulettes. G.-C.A.
> Site de Pearson & Lloyd.
Margaux Keller
Installée à Marseille depuis 2012, la designer Margaux Keller déplace l’alpha et l’oméga du design, à savoir la fonctionnalité et l’esthétique, vers une troisième injonction, essentielle selon elle : l’émotion. Concrètement, cela donne la collection de sièges « Nacre » (Boqa), en forme de coquillage tressé pour s’asseoir au soleil, ou la lampe à poser Planier, petite sphère comme remplie d’anémones de mer. Celle qui scénographie des boutiques et des restaurants entend concevoir, sous son propre nom, des objets qui diffusent quelque chose de sain dans l’atmosphère, mais aussi des objets qui pourront être transmis. Une bienveillance du côté de l’éthique. Directrice artistique de la marque Bibelo, spécialisée dans le mobilier outdoor-indoor, Margaux se trouve du même coup investie dans le commerce éthique, puisque le label soutient l’association Pour un sourire d’enfant, au Cambodge, une ONG qui propose des formations professionnelles. G.-C.A.
> Site de Margaux Keller.
Alexandre Echasseriau
C’est parce qu’il voulait s’épanouir dans un métier manuel qu’Alexandre Echasseriau est entré à l’École Boulle et c’est au contact de la matière qu’il a découvert son goût de l’expérimentation et du détournement. Direction l’Ensci, mais, là encore, on lui demande de choisir entre artisanat et design. « J’ai refusé et j’ai travaillé pour façonner une manière de faire à la frontière entre ces deux mondes. À l’Ensci, j’ai compris que le designer, par son approche non spécialisée, pouvait être une passerelle entre des mondes très différents. » C’est donc naturellement qu’il montera une entité, Crafter Studio, qui allie Arts & Crafts et design : « Ces dernières années, j’ai accompagné des artisans dans des projets d’objets innovants en effectuant des croisements avec de nouvelles technologies. Par exemple, avec la Marbrerie d’art Caudron, à Montreuil (93), nous avons réalisé une enceinte en marbre de Carrare (photo). »
Actuellement, il accompagne l’ébéniste Steven Leprizé, à l’Atelier de recherche et création en ameublement, sur un procédé de dépôt de métal sur le bois grâce à une technologie plasma peu gourmande en énergie pour une question d’éthique. Il a aussi réalisé des bancs avec des « déchets ». Son idée ? « Sublimer ce qui rebute les menuisiers : les nœuds, les dosses, les déchirures. » Actuellement en résidence à la Fondation Luma, à Arles, « où l’environnement est au centre de toutes les réflexions », souligne-t-il, il travaille sur le sel, pour créer des objets afin de revaloriser les salines de Camargue. Il participe à de nombreux workshops à l’ENSA Limoges et dirige deux diplômes à Boulle. V.C.
> Site de Alexandre Echasseriau.
Neri Oxman
Architecte, designer, inventrice et passionnée de science, Neri Oxman s’emploie à imaginer comment concevoir objets et bâtiments en respectant par l’éthique le vivant. D’abord avec des recherches sur le biomimétisme, puis sur le design bio-informé, où objets et bâtiments sont fabriqués avec des matériaux d’origine naturelle afin de s’adapter et d’interagir avec leur environnement. Sa première réalisation d’importance dans cette voie, c’est le Silk Pavilion (2013), bâtiment construit par 6 500 vers à soie guidés par une structure en Nylon et transformés en gigantesque imprimante 3D vivante. Partisane d’une architecture biodégradable, où la forme d’un édifice doit être dictée par son contexte, sa pratique est imprégnée de biologie, mais aussi d’informatique. Vingt ans de recherches qu’est venue couronner la rétrospective « Material Ecology » que lui a consacrée le MoMA, à New York, au printemps dernier. M.G.
> Site de Neri Oxman.