Humberto et Fernando Campana
L’upcycling ? Les Campana en font depuis leurs débuts ! L’aîné débute en créant des miroirs en coquillages et des paniers en bambou. Mais ni lui ni son jeune frère, qu’il embarque ensuite dans l’aventure, ne se positionnent alors en designers et encore moins en designers green. Pourtant, leur rêve n’a jamais été d’inonder le marché du mobilier contemporain avec l’équivalent du blue-jean dans la mode. Cette année encore, leur Puzzle Chair recycle du polystyrène issu d’emballages d’électroménager glanés dans la rue. Quant à Favela (photo), leur chaise culte en bûchettes de bois récupérées, elle demeure le seul produit de l’éditeur Edra à être fabriqué hors d’Italie (par quatre artisans d’un atelier brésilien que l’éditeur italien soutient). En 2009, les Campana, ces créateurs engagés, fondent l’Istituto Campana où l’activité manuelle vise à émanciper les plus jeunes. Car pour les deux frères, l’environnement est aussi social… G.-C.A.
> Site officiel des frères Campana.
Hella Jongerius
Déclarer que l’industrie du design est lente et ennuyeuse n’empêche pas la Néerlandaise Hella Jongerius de rappeler qu’elle est avant tout une designer industrielle. C’est de l’intérieur qu’elle veut changer le système ! Dans son projet pour la compagnie aérienne KLM (ci-dessous), elle a recyclé le textile d’anciens uniformes pour en faire des tapis. Ce qu’elle déteste, ce sont les produits dénués de sens ou hyper-commerciaux. « Il y a trop de shit design », affirme-t-elle. Elle reconnaît que le constat est facile, mais il lui importe autant de réformer l’industrie que d’informer les gens. G.-C.A.
> Site officiel de Jongeriuslab.
Ross Lovegrove
Le designer gallois Ross Lovegrove est capable de s’investir autant dans la conception d’une voiture bulle sans chauffeur à superposer le soir les unes au-dessus des autres pour former une sorte de tour où elles se rechargent et éclairent la rue comme un réverbère, que dans le packaging d’un kit de soin pour Mameha Skin, nouveau label de soins bio éthique, fondé par l’artiste et mannequin Ila Colombo. Pour les sept flacons de sérum en forme d’éprouvettes – un pour chaque jour de la semaine –, le designer a conçu un étui en silicone recyclable qui fait office d’emballage, de support et de présentoir ! En fin d’usage – le plus tard possible ! –, cette résille verte sera recyclable (photo ci-dessous). Concevoir dans le domaine de la beauté n’implique pas de faire du design cosmétique. Pour Ross Lovegrove, le green relève du devoir du designer, surtout si comme lui, il a un nom. G.-C.A.
> Site officiel de Ross Lovegrove.
Les créateurs engagés Barber & Osgerby
En collaborant avec Emeco, éditeur de design américain, les créateurs engagés Edward Barber et Jay Osgerby savaient que l’idée du matériau recyclable lui était chère. Leur chaise On & On se compose ainsi de 70 % de PET recyclable, renforcé de 20 % de fibre de verre et teinte avec des pigments non toxiques. En Californie, Emeco développe des meubles fabriqués dans le respect de l’environnement. Si le duo privilégie ces collaborations, il est assez lucide pour déplorer que certains éditeurs ne soient pas davantage acteurs de changement. G.-C.A.
> Site officiel de Edward Barber et Jay Osgerby.
Lucile Viaud
Si Lucile Viaud s’est fait connaître avec un verre « marin », un matériau à base de poudre de coquilles d’huîtres, d’ormeaux et de micro-algues, qu’elle a mis dix-huit mois à développer avec un laboratoire de recherche, elle a ensuite affiné son expertise en « géoverrerie ». Cela signifie pour elle dénicher dans la France entière des matières premières qui serviront à réaliser des objets en verre produits localement. M.G.
> Site officiel de L’atelier Lucile Viaud.
Rikkert Paauw
En 2016, Rikkert Paauw remport le prix spécial du jury à la Design Parade Toulon, le premier festival d’architecture intérieure de la ville, avec sa pièce composée de meubles réalisés à partir d’objets récupérés dans les rues… Cette virtuosité pour magnifier les rebuts, le designer néerlandais l’a acquise au fil de ses visites à la déchetterie de sa ville, près d’Utrecht, avec les squats où il a vécu et dans les décors de théâtre qu’il a fabriqués. Loin de l’esthétique upcycling bas de gamme, il propose des installations d’une grande beauté : « Je n’aime pas l’esthétique du recyclage, je préfère révéler quelque chose de plus profond. D’ailleurs, je passe plus de temps à réfléchir au collage, à la composition de mes pièces et à leurs proportions qu’à trouver la matière première », explique celui qui ne travaille pas toujours en atelier et effectue ses recherches en arpentant toute l’Europe. Cet été, Rikkert Paauw, un designer qui fait parti des créateurs engagés a exposé à la Valerie Traan Gallery, à Bruxelles, son travail d’archéologie contemporaine. M.G.
> Site officiel de Rikkert Paauw.