Fraîchement diplômé de la Design Academy Eindhoven, Éric Treillard invite à se réapproprier la ville. À travers un design ludique et réjouissant, il convoque des images d’Épinal, souvenirs de notre jeunesse.
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Nostalgie de bitume
« La ville comme terrain de jeux ». Le titre de son projet de fin d’études pourrait bien synthétiser son ambition créative. Né en banlieue parisienne à Palaiseau (91), Éric Treillard, 25 ans, étudie aux beaux-arts de Reims avant d’intégrer la Design Academy Eindhoven, prestigieuse école de design hollandaise. « C’est le basket qui m’a amené au design. Depuis tout jeune, j’aime bricoler, notamment pour fixer mon panier. C’est de cette manière que je me suis intéressé à l’espace public et que j’ai développé cette idée de s’insérer dans un environnement existant. »

Se greffer, il en était déjà question dans ses précédents projets comme « Tenir le mur », une assise en métal et en Plexiglas qui venait s’accrocher sur un muret. « “Tenir le mur”, c’est ce que nous disaient les profs quand on se basculait sur notre chaise, raconte ce disciple du philosophe Henri Lefebvre, auteur de La Révolution urbaine. Une phrase qui m’est restée en tête, au point de vouloir souligner cette pratique qui consiste à s’asseoir sur des murets en hauteur. » Ou comment attirer l’attention sur notre rapport au mobilier urbain.
Une mise en lumière qu’il a réitérée avec « Bancs à kebab », une assise collective aux hauteurs variables, permettant de reposer ses pieds sur une barre. Celle-ci rappelant la posture adoptée par les amateurs dudit sandwich, qui semblent toujours préférer s’asseoir sur la tranche du dossier d’un banc. Là encore, « c’est un souvenir d’enfance », concède-t-il.

Tout comme ce chariot « La ville comme terrain de jeux », qui charrie le nécessaire pour une partie de basket. « Le but était non seulement de rapporter le terrain de jeux avec soi – un ballon et un panier –, mais aussi toute l’ambiance qui va avec. Pour cela, il faut des éléments qui offrent la possibilité de prendre de l’espace pour s’installer, se déployer, comme la musique, ou encore la lumière, qui permet d’étendre la partie le plus tard possible. »
Un jerrican pourvu d’un robinet pour s’hydrater et une assise parachèvent ce kit du basketteur des rues, évoquant la jeunesse du designer et les mi-temps éclairées par les phares d’une voiture.
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