Design in the city : Les designers s’emparent de la ville !

Pendant des siècles, l'espace urbain fut avant tout l’apanage des architectes et des urbanistes. Depuis quelques années, les designers jouent également un rôle crucial dans son élaboration. En imaginant des solutions concrètes pour l’aménager, mais aussi en participant à l’émergence de nouveaux concepts pour mieux vivre les territoires publics.

Identifier et fédérer les compétences

En matière d’urbanisme, la solution peut aussi bien être sociale, artistique ou numérique, que concerner l’aménagement physique du territoire. « Le designer est un véritable chef d’orchestre, argumente Marc Aurel, dont l’agence Aurel Design Urbain vient de livrer 1 000 stations de tri sélectif pour la Ville de Paris. Nous sommes au croisement de toutes les demandes et de tous les besoins. D’un côté, les élus qui veulent que leur projet soit beau, efficace et que les riverains soient contents ; de l’autre, les techniciens qui veulent que tout fonctionne et que les élus soient contents ; et, enfin, les industriels qui veulent que tout soit rentable et réponde au cahier des charges. » Véritable trait d’union entre les acteurs de la commande publique, le design urbain est en outre traversé par des notions émergentes, comme le design ethnographique ou le design participatif, qui lui permettent de mettre à l’épreuve des solutions toujours plus transversales.

Pionnier dans le design urbain, Marc Aurel a lancé son studio en 1989 pour travailler exclusivement sur des projets liés à l’espace partagé. C’est le cas de TriLib, des stations de tri sélectif implantées à Paris.
Pionnier dans le design urbain, Marc Aurel a lancé son studio en 1989 pour travailler exclusivement sur des projets liés à l’espace partagé. C’est le cas de TriLib, des stations de tri sélectif implantées à Paris. DR

François Jégou est le commissaire de l’un des projets de maisons POC (pour proofs of concept, « preuves de faisabilité »), des laboratoires d’expérimentation en matière d’innovation urbaine à visiter dans le cadre de Lille Métropole 2020, Capitale mondiale du design. Les nouvelles tendances qu’il voit à l’oeuvre ont, selon lui, permis à la discipline de se démocratiser : « Jusqu’alors, les politiques publiques étaient très concentriques et œuvraient pour les administrés sans vraiment leur demander leur avis. Mais, depuis peu, il y a une co-conception réjouissante qui se généralise entre les usagers et les différentes parties prenantes. » À tel point que c’est souvent à partir de solutions éprouvées localement sur les territoires qu’émergent les pépites qui feront les modèles de demain. Ce sera peut-être le cas de certaines de ces maisons POC, comme le concept d’école hors les murs de l’Académie des beaux-arts de Tournai, qui souhaite investir les boutiques vides du centre-ville, ou celui de rénovation participative mis en place par un bailleur HLM de Villeneuve-d’Ascq

Marc Aurel a aussi travaillé sur l’Abribus du futur, sorte de salon urbain au toit végétalisé, ici pour la ville de Manchester.
Marc Aurel a aussi travaillé sur l’Abribus du futur, sorte de salon urbain au toit végétalisé, ici pour la ville de Manchester. DR

Une façon plus inclusive de concevoir la ville serait donc en train d’émerger, avec les designers comme maillon essentiel de ce courant. À l’image de l’agence Vraiment Vraiment, dont l’équipe mélange designers et spécialistes de l’action publique, ou de La 27e Région, une association qui n’a pas de client et œuvre pour l’intérêt général, le design urbain se pense donc d’abord collectivement, et ses idées novatrices naissent souvent d’expériences empiriques.