On croyait tout connaître de la Méditerranée. Ses murs chaulés, ses volets délavés, son éternel combo citron-romarin en guise de palette déco. Et pourtant, voilà qu’un livre vient bousculer les clichés comme un coup de Sirocco bien placé. Mediterranean Homes d’Orna Tamir Schestowitz ne parle pas seulement d’architecture mais d’émotions, de souvenirs qui transpirent des murs et de lumière comme matière première. Trois maisons, trois lieux, un fil conducteur : le Sud, mais version auteur.
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3 maisons, 1 art de vivre
Dans la famille des livres qui font rêver tout en nous mettant une petite claque de bon goût, Mediterranean Homes – The Art of Embracing Light coche toutes les cases. Édité comme un objet d’art et signé Orna Tamir Schestowitz (artiste, curatrice, journaliste), cet ouvrage documente ses trois demeures, situées à Tel Aviv, Cap Ferrat et Paros, comme autant de chapitres d’une autobiographie en architecture intérieure.
Ici, chaque demeure est une déclaration d’intention, un manifeste organique, vibrant, qui jongle entre héritage personnel, mémoire collective et obsession presque païenne pour la lumière méditerranéenne.








Là où d’autres s’acharnent à « mettre en valeur la vue », Orna Tamir Schestowitz, elle, sculpte littéralement avec les ombres, joue du cercle comme d’un mantra plastique (clin d’œil aux premiers dessins d’enfance, obsédés par cette forme parfaite), et installe sans ciller une table en bronze aux formes molles sous un mobile de Calder, entre une sculpture d’école maternelle et un tapis bakhtiari chiné. Bref, c’est du storytelling d’auteur. Une archéologie de l’intime, où chaque objet raconte un bout de mythe, d’Histoire ou encore de repas de famille.
Ode au Sud
Mediterranean Homes nous plonge dans un art de vivre total. Les maisons d’Orna Tamir Schestowitz se répondent comme des variations sur un même thème : l’hospitalité. Celle du soleil, bien sûr, qu’on apprivoise via des jeux de pergolas, de textures minérales et de matières poreuses. Mais surtout celle de l’humain : le salon comme agora, la table comme scène centrale, les objets du quotidien – bol, pot, chaise – élevés au rang de totems.






Et quand la journaliste et curatrice évoque le design, elle parle de réconciliation, de mémoire, de jardin comme socle philosophique. Chez elle, une assiette en céramique peut évoquer un ancêtre, une sculpture trois pattes devient « un ventre qui accueille », et la lumière, toujours elle, devient à la fois matière, moteur et messagère. C’est solaire, dans tous les sens du terme.
Plus qu’un coffee table book pour brunch dominical en terrasse, Mediterranean Homes est une plongée ultra incarnée dans une manière de penser l’architecture comme on compose un poème : avec la lumière, les souvenirs, les formes, et une sacrée dose de joie de vivre. À feuilleter comme on déguste une figue trop mûre, quelque part entre Jean Cocteau, Lina Bo Bardi et une grand-mère orientale.
> « Mediterranean Homes – The Art of Embracing Light », d’Orna Tamir Schestowitz aux éditions Rizzoli, textes (en anglais) de Beth Dunlop, photographies de Dudi Hasson, 252 pages, 75$.
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