À écouter parler Dana Harel, les forces contraires marchent main dans la main. Originaire de Tel Aviv, elle se complaît dans « la tension créée par la juxtaposition des immeubles modernistes et des ruines anciennes ». Elle qui a étudié l’architecture pour finalement ne l’exercer que quelques mois aime multiplier les médiums, terre, papier et tissu.
À lire aussi : Yotam Ottolenghi et Serax sortent des vases inspirés de la Sicile
Terre à modeler
C’est en passant de l’un à l’autre que ses « idées circulent ». Elle cite Lina Bo Bardi et Carlo Scarpa, tant dans leur pratique architecturale que pour leurs facultés à évoluer entre les disciplines. Lorsqu’elle manipule l’argile pour la première fois, Dana Harel découvre un monde sans contraintes où l’intuition est reine. « Cela m’a donné un moyen de communiquer de manière plus viscérale et émotionnelle », reprend Dana Harel.
L’expérimentation peut commencer et, avec elle, l’idée de « laisser une trace »: « L’argile est incroyablement réactive et capture chaque marque, chaque geste. Pour moi, ces textures véhiculent une histoire de création et de transformation, faisant du processus une partie visible de la pièce finie. » Ses vases, travaillés comme une obsession depuis des années, portent tous la marque de ses doigts et de ses hésitations.
En contrepartie de cet aspect brut, elle utilise la porcelaine, surnommée « white dirt » en anglais, pour sa transparence. Cette dualité entre une apparente fragilité et une étonnante robustesse a d’ailleurs su capter la jeune génération, puisqu’elle est représentée dans la très pointue galerie Rooom Service, à Paris (VIIe ), autant que par les éditeurs établis.
La preuve avec sa première collection nommée « Artifacts » éditée par Valerie_objects : une vaisselle de tous les jours, comme un « compagnon de l’humanité ». « Les objets pour la table font partie des rituels quotidiens qui nous connectent, explique-t-elle. Qu’il s’agisse de verser de l’eau, de déposer des fleurs ou de prendre soin de soi, ces gestes sont porteurs de sens, ils nous aident à nous ancrer dans le présent et à rassembler les gens. » Comme des porteurs d’histoire intégrés à notre vie moderne.
À lire aussi : Les Salons de l’Imaginaire : quand GGSV réenchante les arts décoratifs
