Quand ils se sont rencontrés, Amandine et Aïssa ne projetaient pas de travailler en duo. Vivre ensemble suffisait à leur bonheur. C’était sur les bancs de l’Ensaama. Amandine a vingt ans, Aïssa, vingt-deux. Étudiante, Amandine intervient déjà sur des scénographies de grands musées. Aïssa cumule, aujourd’hui, un CAP d’ébénisterie, l’école Boulle et l’Ensci. Le duo d’étudiants a privilégié dans ses voyages la rencontre avec l’autre, notamment à travers l’artisanat : Cambodge, Cameroun, Maroc et Japon. « C’est un réseau à mettre en place pour assurer la qualité et même la quantité. Le fait main ne se conçoit pour nous qu’avec le minimum de défauts. L’intérêt de ces projets est aussi social », souligne Amandine.
Avant la fondation de leur studio AC/AL en 2013, Amandine a travaillé chez Mathilde Brétillot, Mathieu Lehanneur, puis chez Hermès pendant cinq ans. Aïssa est aussi passé chez Mathieu Lehanneur puis Bruno Moinard et enfin chez l’architecte Dominique Perrault.
Les deux trentenaires sont gens d’expériences. Entre eux, pas de rôles assignés, dessins, maquettes ou 3D. Au travail, ils sont complémentaires, pas fusionnels. Le studio à la maison, ils ont connu pendant deux mois. Les tours d’ivoire de créateurs ? Des bocaux scellés. Eux préfèrent enseigner ou être installés pour deux ans dans l’incubateur des Ateliers de Paris, au contact d’autres créateurs.
Eux ne disent pas « quand on a deux enfants » avec un air de défaite. Aïssa parle plutôt de se « réaliser en tant que parents. » La naissance de leur deuxième garçon rationalise plus que jamais leur emploi du temps. Le design s’inscrit dans un mode de vie serein où s’exhiber n’est pas communiquer. Aujourd’hui, AC-AL travaille pour Cinna, Petite Friture ou Hartô. Le duo reste fidèle à « des lignes claires, des objets assez épurés, fonctionnels, mais avec des détails qui les inscrivent dans leur temps » décrypte Aïssa. Pas d’effets gratuits. « L’objet décoratif en soi ne nous intéresse pas. La fonction nous parle plus. Nous y apportons ce quelque chose qui doit susciter le désir », ajoute-t-il. Ce qui les distingue dans un monde saturé ? Aïssa est formel : « Nous restons maîtres du chemin qu’on a envie de prendre. Pour ça, être sincère dans son travail est un atout. » !