Peut-on être un groupe français presque centenaire de cinq entreprises spécialisées dans les surfaces décoratives haut de gamme et s’inscrire dans la modernité sans renier son savoir-faire ? La réponse est oui ! Et Ober Surfaces en est une parfaite illustration. Basée à Bar-le-Duc (Meuse), cette compagnie de 500 collaborateurs et 39 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 60 % à l’export, mérite d’apparaître sur la liste de nos fleurons nationaux. D’ailleurs, le label EPV (Entreprise du patrimoine vivant) vient juste de lui être décerné pour ses marques Oberflex (qui fête ses 50 ans cette année), Marotte et Pure Paper.
La reconnaissance, Ober Surfaces l’a aussi obtenue depuis longtemps des architectes. Car c’est à eux que sont destinés ses produits d’aménagement intérieur : les panneaux en bois stratifié d’Oberflex, ceux d’ébénisterie ou sculptés de Marotte, le stratifié décoratif de Pure Paper, les parois d’habillage murales en béton de Concrete LCDA, et les élégantes surfaces minérales de Staron. Ober Surfaces est aussi devenue l’alliée des designers car elle s’inscrit, grâce à eux, dans une dynamique de créativité.
En 2005, Ober est racheté par Étienne de la Thébeaudière, Clément Lescanne et Gilles Vedel. Peu après, une première participation aux Designer’s Days permet de faire un premier pas dans le monde du design. Déjà tournée vers l’innovation, l’entreprise sent qu’il lui faut « un appui pour aller plus loin, et l’appel aux designers s’est imposé », indique Claudine François, directrice artistique et prescription grands comptes du groupe. « Nous avions acquis une machine complexe issue du monde de l’aéronautique nous permettant de réaliser des perforations. Nous avons travaillé pendant deux ans et demi avec le Studio 5.5 pour proposer enfin, en 2007, une première collection de 25 panneaux acoustiques. »
L’aventure se poursuit en 2013 avec « Tectonique 5.5 », une collection de plafonds suspendus prêts à poser, qui associe les dalles et leurs supports spécifiques. « Cette collaboration avec le Studio 5.5 est très installée aujourd’hui et dépasse le cadre strict du produit, indique Claudine François. Elle se poursuit cette année avec “Obersound”, des panneaux acoustiques personnalisables. Un configurateur permet en effet de choisir le matériau, la finition et le motif de perforation, selon les performances acoustiques que l’on souhaite obtenir. »
Patrick Norguet est un autre grand faiseur dans l’évolution d’Ober Surfaces. En 2015, c’est avec lui qu’est initiée Pure Paper et l’exploration de la stratification du métal et du papier, avec les gammes Metal et Color. On retrouve aussi le designer avec sa nouvelle collection « Bouchardé » parmi les signatures de Concrete LCDA, rachetée en 2017. C’est Matali Crasset, directrice artistique de 2011 à 2015, qui avait fait se rencontrer la société spécialisée dans le béton décoratif et le monde du design. Dans son sillage, de nombreuses collaborations suivront : Normal Studio, Neri & Hu, Jean-Marie Massaud, Victoria Wilmotte, Jean-Philippe Nuel…
Enfin, Marotte n’échappe pas à la règle du design. Un mariage qui n’est pourtant pas évident, puisque la marque, qui est entrée dans le giron du groupe en 2006, repose sur l’ébénisterie haut de gamme et les panneaux sculptés. Une première collaboration naît avec Christian Lacroix et ses panneaux au décor très marqué, mais sans doute un peu éloignés des demandes du marché. Aujourd’hui, Marotte présente les collections « Sage » et « Sauvage » autour de motifs imaginés par la créatrice Farouche et d’essences rares comme l’ébène blanc ou le noyer français.
La marque dévoile aussi « Empreinte », de Patrick Jouin. Le designer s’est inspiré des outils d’usinage pour imaginer les motifs et offrir 16 créations. « Les designers savent créer des produits avec de la personnalité, mais assez neutres pour être prescrits dans des projets imaginés par d’autres, analyse Claudine François. Sans leur aide depuis toutes ces années, nous aurions disparu du paysage industriel. Le designer impulse un mouvement, il apporte une fonction au produit sans le dénaturer. C’est cela qui donne de la pertinence à nos propositions. »