Jouin Manku fait revivre l’âge d’or des croisières

Baptisé Celebrity Edge, le nouveau paquebot de la compagnie américaine Celebrity Cruises renoue avec le luxe de ses lointains aïeux. Et pour cause, Patrick Jouin et Sanjit Manku viennent d’en aménager l’atrium principal, avec un bar qui réveille l’esprit des Années folles.

Premier né d’une série de navires de prestige, le Celebrity Edge replonge aux origines des croisières pour redonner ses titres de noblesses à une forme de voyage noyée sous le tourisme de masse. Presque petit comparé à ses congénères de la compagnie Celebrity Cruises, le paquebot préfère miser sur des prestations haut de gamme et des designers de renom. Parmi eux, Patrick Jouin et Sanjit Manku, auteurs d’une « Grand Plaza » qui dessine le cœur battant de ce nouveau vaisseau amiral.

Conçu comme une place, l’espace dessiné par Jouin Manku constitue l’épicentre du navire.
Conçu comme une place, l’espace dessiné par Jouin Manku constitue l’épicentre du navire. ERIC LAIGNEL

En plein essor avec le prochain aménagement des gares du Grand Paris et de la ville de Rennes, l’agence du designer et de l’architecte a revisité les traditionnelles salles de bal des bateaux de croisière, « l’espace le plus glamour d’un moyen de transport, qui fut autrefois le plus glamour de son époque », selon Sanjit Manku. Pour lui, le projet pourrait se résumer en une problématique évidente : « Comment retranscrire le glamour au XXIe siècle ? » Un jeu d’enfant pour le duo qui signe ici « un espace fluide et sexy », à l’image de ses intérieurs conçu pour Alain Ducasse ou Van Cleef & Arpels.

Le lustre, un véritable élément architectural conçu à l’échelle de l’atrium.
Le lustre, un véritable élément architectural conçu à l’échelle de l’atrium. ERIC LAIGNEL

Inspirée par les navires d’avant-guerre, la palette de matériaux oscille entre le classique et le contemporain avec du bois, du cuir, du métal et de la résine qui s’entremêlent autour d’un lustre monumental. Sculpture le jour, il se teinte de pulsations colorées à la tombée de la nuit pour illuminer les convives installés autour du bar circulaire. De chaque coté, de grands écrans atténuent le bruit ambiant et apportent une certaine intimité tout en offrant des vues sur le café parisien ou le restaurant italien qui occupent les balcons adjacents.

Les écrans ajourés déclinent la gamme de métal, cuir et tissus employée pour le mobilier.
Les écrans ajourés déclinent la gamme de métal, cuir et tissus employée pour le mobilier. ERIC LAIGNEL

Pour relier les trois niveaux de restaurants, un escalier principal serpente autour d’un immense pendule qui évoque les premiers instruments de navigation comme le clinquant des Années folles. En contraste, un couloir attenant privilégie la sobriété avec des ailettes de tissus et d’acier. Orientées comme des branchies, elles révèlent partiellement la coque du navire et certaines inscriptions laissées par les ouvriers lors de sa construction. Une manière de « capturer la magie du voyage sur l’eau », comme de rendre hommage au grand-père de Patrick Jouin, autrefois employé sur les chantiers de Saint-Nazaire.

Le pendule de l’escalier principal.
Le pendule de l’escalier principal. ERIC LAIGNEL

Construit dans la rade de Loire-Atlantique, le paquebot a rejoint la Floride le mois dernier pour sa première croisière sur la Mer des Caraïbes. Un cadre idyllique que ses 2 418 passagers pourront également savourer depuis des chambres dessinées par Kelly Hoppen ou dans le restaurant de Patricia Urquiola.

La coque se dévoile dans une mise en scène toujours aussi soignée.
La coque se dévoile dans une mise en scène toujours aussi soignée. ERIC LAIGNEL