Lorsque Jana Revedin crée le Global award for sustainable architecture en 2006, elle s’inscrit à contre-courant d’une époque où la toute-puissance des starchitectes l’emportait très largement sur les enjeux sociaux et environnementaux. À travers ce prix, l’architecte allemande souhaitait mettre à l’honneur d’autres pratiques, bien moins show-off et plus soutenables. 20 ans plus tard, l’état du monde et la crise climatique lui ont donné raison.
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Global award for sustainable architecture : 5 lauréats, 5 visions
Jana Revedin fait ainsi figure de pionnière. Des signatures prometteuses comme des personnalités confirmées figurent chaque année parmi les cinq lauréats qui forment le palmarès, ouvrant la voie à une autre vision de l’architecture. Depuis, certains lauréats ont même reçu le Pritzker Prize – récompense la plus prestigieuse en matière d’architecture – comme le Chinois Wang Shu en 2012 et l’Indien Balkrishna Doshi en 2018.








« Les architectes, ingénieurs et paysagistes d’aujourd’hui incarnent un profond changement de paradigme dans notre manière de vivre et de construire, en relevant les défis climatiques et sociaux de notre époque, résume Jana Revedin. Les cinq lauréats de cette édition incarnent des pratiques responsables et des solutions innovantes, guidées par les principes du « right tech ». Leur approche collaborative et transdisciplinaire cherche à bâtit un futur où architecture rime avec identité partagée et résilience des communautés. »
Aux quatre coins du monde, le Global Award for sustainable architecture déniche des démarches vertueuses portées par des architectes qui, à leur humble niveau, œuvrent à construire un monde meilleur. Cette 18e édition était placée sous le thème général « L’architecture est construction », mettant à l’honneur les matériaux locaux et techniques constructives traditionnelles.
Des pratiques engagées
Bien que très différents, les cinq lauréats ont en commun des pratiques exemplaires, soucieuses de leur impact environnemental et respectueuses du contexte dans lequel elles s’inscrivent. Salima Naji est architecte, artiste et anthropologue au Maroc. Elle se consacre à la préservation du patrimoine et au développement socio-économique encourageant l’autonomisation des communautés. Pour elle, l’architecture est un réel levier de transformation sociale, ce dont témoignent ses projets comme la Citadelle d’Agadir Oufella et le Centre d’interprétation du patrimoine de Tiznit.







Fondateur de 1+1>2, Hoang Thuc Hao est architecte et chercheur à Hanoï au Vietnam. Impliquant les habitants des zones défavorisées dans la construction, ses réalisations explorent matériaux locaux et techniques, à l’instar du Centre communautaire polyvalent de Lam Son en bambou et feuilles de fougère. A la tête de mgk (mahl gebhard konzepte), Andrea Gebhard est géographe, sociologue, urbaniste et paysagiste en Allemagne. Elle milite pour la réintroduction de la nature dans les environnements urbanisés. Son parc paysager de Baumkirchen à Munich prend place sur un ancien site ferroviaire devenu un vaste espace naturel protégé.
Les architectes Marie Combette et Daniel Moreno Flores ont créé La Cabina de la Curiosidad à Quito en Équateur. Ils travaillent dans un contexte politique et social difficile où ils s’attachent à valoriser les écosystèmes naturels. Le Centre d’Artisanat Chaki Wasi de la Communauté Shalalá à Zumbahua célèbrent la culture andine à travers des techniques de construction traditionnelles.
Enfin, les architectes et enseignants Marie and Keith Zawistowski ont créé onSITE à Grenoble. Ils sont convaincus de la capacité de l’architecture à améliorer la vie et le quotidien de leurs concitoyens. Leur restaurant scolaire Jean Rostand à Bourgoin-Jallieu offre aux enfants un bâtiment particulièrement propice à leur épanouissement, à la faveur d’une somme de petites attentions qui font la différence. Cinq lauréats, cinq visions et autant de façons de croire en un avenir plus durable.
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