À Bagneux, Tolila+Gilliland révolutionne le logement social

Désireux de sortir des logiques de grandes barres d'immeubles héritées des années 1960, le cabinet d'architecture parisien innove par l'utilisation d'un nouveau matériaux et par un changement d'échelle, apportant cachet et personnalité à cet ensemble de logements sociaux d’un nouveau genre.

Un petit air de Brooklyn. À Bagneux, dans le quartier Victor Hugo, Tolila+Gilliland ont érigé cet ensemble de logements sociaux, des immeubles en briques d’une qualité remarquable, qui ne sont pas sans rappeler une certaine esthétique new-yorkaise. « Brooklyn est un faubourg de New York et nous sommes ici dans une même typologie de tissus urbain – un faubourg de Paris – mélange d‘ambiance industrielle et de petit habitat », introduit Gaston Tolila, co-fondateur de ce cabinet d’architecture parisien de culture franco-américaine. Pour une harmonie visuelle complète, la municipalité a organisé des ateliers avec les équipes conceptrices des bâtiments adjacents afin de travailler à la cohérence du quartier et faire en sorte que les immeubles se répondent.


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Renforcer la cohésion sociale dans le logement social

Seuls logements sociaux du périmètre, l’Îlot Poreux, c’est leur nom, cumule 5 000 mètres carrés de surface sur cinq étages pour un total de 76 appartements, en plus d’un local associatif et d’un parking. Deux immeubles sobres dans leur allure, scindés en trois par deux tailles sur la hauteur. Cela représente donc six petits plots séparés, comme autant de grosses maisons.

Chaque appartement comprend un espace extérieur. © Cyrille Weiner
Chaque appartement comprend un espace extérieur. © Cyrille Weiner

Au lieu de halls fermés, sont proposés ici de grands paliers extérieurs, espaces à s’approprier qui encouragent la sociabilité et les échanges entre voisins. Une architecture qui vise à recréer des conditions de mieux vivre ensemble. « Il faut absolument sortir des logiques de grandes barres héritées des années 1960, défend Gaston Tolila, co-fondateur de l’agence d’architecture Tolila+Gilliland. Mais au contraire établir des échelles plus domestiques dans le logement social afin de renforcer la cohésion. »

Une construction artisanale

Innovation majeure : sa conception en maxi-briques porteuses. Il s’agit là de l’un des premiers grands ensembles de bâtiments utilisant ce nouveau matériau, des pièces de 22 centimètres par 22 centimètres aux teintes rouges, ocres et brunes, issues de fabrication artisanale dans les Hauts-de-France. « Cette brique épaisse prend un aspect typique du faubourg parisien », reprend l’architecte. Elle est en fait structurelle, c’est-à-dire qu’elle porte le bâtiment, les façades et les planchers, l’usage du béton étant ainsi réduit aux noyaux et contreventements.

Brooklyn ? Et non, Bagneux ! Tolila+Gilliland ont revu et corrigé le logement social, en utilisant notamment un nouveau matériaux, la maxi-brique porteuse, qui réduit ainsi l’utilisation du béton dans la construction. © Cyrille Weiner
Brooklyn ? Et non, Bagneux ! Tolila+Gilliland ont revu et corrigé le logement social, en utilisant notamment un nouveau matériaux, la maxi-brique porteuse, qui réduit ainsi l’utilisation du béton dans la construction. © Cyrille Weiner

« C’est innovant parce que, généralement, les briques sont placées devant un mur en béton, mais nous avons tenu à limiter son utilisation, principalement pour des raisons environnementales », confie-t-il. Le fait de monter à la main un mur de façon artisanale, brique par brique, est aussi ce qui a plu à l’agence. Ça nous a sorti des procédés industriel. Ça rend les façades très vivantes, le matériau vit, chaque composante étant différente des autres. »

Salons-cathédrales et baies vitrées verticales

Les logements proposés varient du T1 au T5, de l’appartement traversant au duplex. La hauteur des séjours est augmentée d’un demi-étage, pour atteindre 3 mètres 80, ce qui leur confère des airs de salons-cathédrales. Les fenêtres se distinguent en conséquence par de grandes baies vitrées verticales. Les lots comprennent par ailleurs des surfaces extérieures privatives organisées autour d’un îlot paysager composé d’une allée et d’un jardin collectif.

La hauteur sous plafond donne aux séjours des airs de salons-cathédrales. © Cyrille Weiner
La hauteur sous plafond donne aux séjours des airs de salons-cathédrales. © Cyrille Weiner

« La démarche qu’on a dans le logement social est la même que dans le marché traditionnel et aujourd’hui, l’habitat social est parfois même de meilleure qualité, note Gaston Tolila. Nous avons réussi à mettre l’argent au bon endroit, à investir dans la solidité du bâti, plutôt que de s’embarrasser du superflu ou de l’ornementation. » Simple et efficace.

> Plus d’informations sur le cabinet d’architecture Tolila+Gilliland ici.


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