Elle s’est successivement appelée Cedil (1947), Cedis (1955) puis Cedit depuis 1956… Cette entreprise italienne de céramique fait figure de laboratoire d’expérimentation de styles. A la fin des swinging sixties, elle a notamment édité la célèbre « Collezione 68 », une adaptation des grandes tendances de la mode à la céramique, qui changera la vision portée sur ce revêtement, en faisant travailler Marco Zanuso, Ettore Sottsass ou Enzo Mari. Suivront dans les années 70 bien d’autres collections signées de grands noms de l’architecture et du design. Depuis 2016, le groupe Florim, auquel Cedit appartient, a relancé sa marque historique et renoué avec cette tradition en allant de nouveau chercher des créateurs italiens reconnus pour leur parcours et leur patte originale, célébrant le made in Italy et le dialogue entre artisanat et technologie.
Motifs géométriques colorés
Cette volonté s’incarne notamment dans le choix de la designer Elena Salmistraro pour élaborer la collection « Chimera », dans laquelle elle a pu exprimer son style expressif et coloré si identifiable. Elle délivre ici une gamme de carreaux de céramique en quatre temps, baptisés Empatia, Radici, Ritmo et Colore. « Cette collaboration avec Cedit a été très stimulante, révèle Elena Salmistraro. C’était un formidable défi parce que ma façon de travailler habituelle est sans doute plus proche de l’artisanat. Là, je me suis retrouvée face à un monde très industriel, avec sa production de masse. J’ai été surprise du résultat, parce que nous avons réussi à combiner ces deux univers, pour créer quelque chose de nouveau, d’expérimental et de fascinant. »
Une page blanche éclaboussée de couleurs
Couleurs, textures et décors en relief offrent ici un rendu aussi captivant à l’œil qu’au toucher. Empatia, sur une base de marbre, propose des éléments graphiques qui réinterprètent un masque de clown, tandis que Radici se réfère au passé, jouant avec des motifs tribaux, des triangles et des rectangles aux effets de cuir. Colore part de l’idée d’une feuille blanche éclaboussée de taches de couleurs, alors que Ritmo est un hommage aux figures de l’école du Bauhaus, Anni Albers et Gunta Stölzl, dont la savante utilisation des motifs réussissait à donner un rythme aux tissus. Comme ces deux figures fondatrices, Elena Salmistraro explore de nouveaux territoires esthétiques…