Arthur Francietta, révélation du Creative Lab de Jaguar et têtu·

La marque automobile et le magazine LGBTQI+ se sont associés pour donner une plateforme à des jeunes artistes. Parmi eux, Arthur Francietta, typographe mentoré par la photographe Adeline Rapon, dont l'oeuvre à 4 mains invente un motif plein de sens...

Ca me fait bizarre d’être là, mais j’aime ce mélange d’univers. Depuis toujours, marques et mécènes sensibles à la poésie et à la création soutiennent les artistes et le monde de l’art en général. Si cet événement est loin des vernissages habituels, le principe de cette collaboration est quant à lui naturel”, explique Arthur Francietta, l’un des plasticiens sélectionnés pour participer au Creativelab, résidence d’artistes LQBTQIA+ organisée par Jaguar et Têtu. Dans la soirée du jeudi 2 novembre 2023, Andrea Albrizio, Adriano Renna et Arthur Francietta, respectivement mentorés par Charles de Vilmorin, Inès Alpha et Adeline Rapon, soit trois duos d’artistes triés sur le volet, présentaient au monde le résultat de cette expérience. Dans une salle immaculée éclairée de néons colorés, les œuvres réalisées entre le 16 et le 27 octobre dernier au sein de Wonder, atelier collectif situé aux portes de Paris, trônent en maître aux côtés d’une grosse cylindrée gris métallisé. Parmi elles, celle du Martiniquais s’imprime sur les rétines.

Soutenir la jeune création queer

Arthur Francietta a imaginé un cocon confectionné à partir de bandes de tissus déchiré, sur lesquelles il a apposé à l’infini un symbole wayana – peuple amérindien originaire du sud de l’actuelle Guyane française – signifiant à la fois jaguar et chien, grâce à un rouleau en mousse qu’il a lui-même sculpté. “Je me suis initié à l’art via le graphisme puis la typographie. J’ai appris à dessiner des polices de caractères et m’intéressais aux problématiques des écritures minoritaires. De fil en aiguille, je me suis intéressé au signe, à la lettre et à l’image. Pour moi, la lettre, même alphabétique, est un dessin en soi et donc une image. Pour cette raison, les symboles ou les logogrammes sont très présents dans ma pratique. J’aime beaucoup l’estampe, la sérigraphie et le multiple et je me suis donc tourné vers cette technique issue du street art. Je réalise régulièrement des fresques et il me tenait à cœur d’inclure ce procédé dans ce projet.


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Arthur Francietta et Adeline Rapon : un duo de choc et une oeuvre à quatre mains

Arthur et Adeline se suivent d’abord sur les réseaux avant de se rencontrer IRL en Martinique, alors que la photographe est en plein voyage initiatique cherchant à s’imprégner de la culture présente sur la terre de son père. La connexion instantanée se confirme grâce au projet. “Adeline m’a montré certaines de ses installations, notamment des impressions de photographies sur tissus, et dès que je lui ai expliqué ce que je voulais faire, elle m’a aiguillé, m’a donné des astuces pour la mise en scène et l’agencement. Nous avons vraiment monté cette pièce à deux, l’avons confectionnée à quatre mains. Nous avons acheté le tissu ensemble, chez le grossiste derrière l’atelier, nous l’avons déchiré ensemble, nous l’avons peint ensemble, etc. L’idée est de passer la tête à travers les bandelettes afin de se retrouver en immersion dans l’œuvre”, continue Arthur Francietta. Interdiction de poser le pied au milieu de cette “zone sacrée, un peu interdite” qui a été un espace de réflexion, de discussion et d’échange pour le binôme lorsqu’ils travaillaient ensemble. L’utérus du projet, en quelque sorte.

Ces signes sont issus de la tradition de la vannerie qui, en Martinique, nous a été transmise par les peuples amérindiens natifs des îles de la Caraïbe. J’aime mettre en lumière ce patrimoine, souvent mis de côté, grâce à une approche plus contemporaine. J’ai voulu créer une esthétique vraiment forte, en contraste. J’utilise très peu de couleur car selon moi, le noir suffit à produire un impact et à laisser libre cours à l’imaginaire.” Si les artistes jouissaient d’une grande liberté et n’étaient en aucun cas restreint par un quelconque brief à respecter, les organisateurs espèrent vendre les oeuvres afin de reverser les bénéfices à une association et aux artistes.


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Crédit photos : Alan Marty