En 1922, Paulo Prado, homme d’affaires et mécène, finance la Semana de Arte Moderna. Quelques jours fondateurs au cours desquels de nombreux événements culturels ont été organisés et ont transformé Sao Paulo en capitale artistique du Brésil. L’histoire de l’art moderne brésilien à découvrir à travers cette nouvelle exposition.
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Aux sources de la peinture brésilienne
Sous l’impulsion du groupe des Cinq (Anita Malfatti, Mário de Andrade, Menotti del Picchia, Oswald de Andrade et Tarsila do Amaral) a émergé un véritable mouvement, inspiré par les avant-gardes européennes. Leur ambition ? Se libérer des traditions académiques du siècle précédent et de l’influence des colons portugais afin d’élaborer leur propre langage visuel.

En témoignent les quelque cent trente œuvres présentées à travers l’exposition, qui ponctuent un parcours célébrant la diversité de l’art moderne brésilien de la première moitié du XXe siècle. Il débute avec le travail de Tarsila do Amaral (1886–1973), à qui le musée du Luxembourg consacre une exposition jusqu’au 2 février 2025.
Fille d’un riche planteur de café, elle étudia à l’Académie de la Grande Chaumière, à Paris, et revint régulièrement en France tout au long de sa vie où elle fréquenta l’intelligentsia, de Picasso à Blaise Cendrars, dont elle illustrera l’un des recueils de poèmes. Leur influence traverse ses paysages figuratifs ou ses compositions plus abstraites, toujours caractérisées par des couleurs vives.
Réalité moderniste
Autre fer de lance de cette effervescence créatrice, Anita Malfatti (1889–1964), née de père italien et de mère américaine, bénéficia d’une formation à Berlin et à New York. Un cosmopolitisme qui généra des peintures, souvent des portraits, qui attestent de sa profonde connaissance de l’anatomie, mais aussi de l’expressionnisme et du cubisme.

Djanira da Motta e Silva (1914–1979) posa elle aussi les jalons de l’art moderne au Brésil. Autodidacte, d’origine guarani et issue de la classe ouvrière, elle signe de son seul prénom ses tableaux, qui représentent des scènes de la vie quotidienne faussement naïves.
Ces trois artistes, parmi les dix sélectionnés par Roberta Saraiva Coutinho et Fabienne Eggelhöfer, démontrent avec brio qu’elles ont su adapter le courant occident