Du Taj Mahal au plus confidentiel Cineum de Cannes, du Japon au Brésil et d’Oscar Niemeyer à Zaha Hadid, l’architecture blanche ne se contente pas de faire propre sur elle : elle impose sa vision. Sculpturale, flottante, organique, elle frappe l’œil, titille le cerveau et donne aux bâtiments des airs de divinité. La preuve par 5.
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1. Le Cineum, Cannes, France, 2021
Après le Pavillon Blanc à Colomiers, l’architecte français Rudy Ricciotti, à qui l’on doit également le Mucem à Marseille, a érigé en 2021 un étonnant vaisseau amiral dans le quartier de La Bocca, à Cannes : le Cineum. Ce complexe ne pouvait rêver meilleur écrin que cette cité étroitement liée au plus grand festival de cinéma au monde.

Sa façade spectaculaire en béton fibré ultra-blanc évoque, selon l’imaginaire de chacun, un iceberg, une falaise sculptée ou encore un drapé minéral. Mais au-delà de sa dimension onirique, le bâtiment répond à une ambition concrète : faire rêver jusqu’à 2 450 spectateurs dans ses 12 salles alliant confort extrême et technologies de pointe.
2. House NA, Tokyo, Japon, 2011
Bien avant de co-dessiner l’Arbre Blanc à Montpellier (2020), Sou Fujimoto imaginait déjà, en 2011 à Tokyo, une autre vision de l’habitat-arbre, radicalement différente et résolument cubiste. À travers sa House NA, il transpose le mythe de la cabane perchée au cœur d’une des métropoles les plus denses du monde.


Faite de verre et d’acier immaculé, cette structure tout en transparence tranche avec la rigueur opaque des constructions japonaises bétonnée de ces dernières décennies. Ici, aucune séparation nette entre dedans et dehors, nature et ville. Composée de 21 plateformes à hauteur variable, la maison propose un espace où le corps navigue d’un palier à l’autre, dans une version contemporaine, presque utopique, de la vie en suspension dans les arbres.
3. Le Musée d’art contemporain de Niterói, Brésil, 1996
Perché au bord de la baie de Guanabara, face à Rio de Janeiro, le Musée d’art contemporain de Niterói conserve, près de trente ans après son inauguration, son statut d’icône de l’architecture brésilienne moderne. Dessiné par « le maître du blanc » Oscar Niemeyer en 1996, l’édifice semble littéralement voler au-dessus de la falaise, évoquant une soucoupe blanche surgie d’un film de série B des années 1950.


Mais, sa silhouette en courbes incarne la sensualité formelle propre à Niemeyer. Le bâtiment s’élevant en porte-à-faux, libérant l’espace au sol, il paraît en apesanteur. À l’intérieur, une vaste salle panoramique offre une vue à 360° sur la baie, souvent décrite comme la plus belle du monde.
4. Le Centre culturel Heydar Aliyev, Baku, Azerbaïdjan, 2012
Qui aurait imaginé un tel bâtiment, empreint d’une modernité aussi audacieuse, au cœur de l’Azerbaïdjan ? La réponse : Zaha Hadid, qui a, elle aussi, fait du blanc sa signature, comme en témoignent le London Aquatics Centre, l’Opéra de Canton en Chine et ce Centre culturel Heydar Aliyev.

Œuvre tardive de l’architecte disparue en 2016, cet édifice organique reste un emblème du néo-futurisme. Il tranche radicalement avec la rigueur soviétique de l’architecture alentour. Sa structure semble émerger du sol telle une vague, sans angle droit ni rupture, dans une continuité fluide de courbes. Le bâtiment abrite un musée, une salle de concert et des espaces d’exposition, mais c’est surtout son enveloppe sculpturale qui fascine, incarnant la volonté de Hadid de mêler architecture, paysage et mouvement.
5. Cité des arts et des sciences, Valence, Espagne, 1998
Spectaculaire, la Cité des arts et des sciences de Valence incarne toute l’audace architecturale de Santiago Calatrava. Implanté dans l’ancien lit du fleuve Turia, ce complexe culturel s’étire tel un vaisseau spatial échoué au cœur de la ville. Entre béton blanc, verre et miroirs d’eau, chaque bâtiment – du musée des sciences au planétarium, en passant par l’opéra – explore une esthétique organique largement inspirée du monde marin. L’Hemisfèric, à la fois œil géant tourné vers le ciel et coquillage entrouvert, et le Museu de les Ciències, véritable squelette architectural de baleine, traduisent parfaitement la vision sculpturale de Calatrava.




Conçu, lui, par Félix Candela, l’Oceanogràfic prolonge cette immersion avec ses toitures en forme de nénuphars et ses volumes ondulants, rappelant les mouvements fluides de la Méditerranée. Ce monde marin semble figé dans le temps, comme saisi par le gel. Pourtant, une forme de chaleur y circule, émanant du fort dynamisme culturel qui y règne.
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