Les années 1980 aux enchères chez Artcurial

Le 18 octobre 2024, rendez-vous chez Artcurial pour une vente qui promet de faire grimper encore un peu plus haut la côte des "eighties", grâce à quelques rares icônes du genre et des pépites bien trouvées. 

On les avait vues (re)venir il y a déjà quelques années sur les podiums, dans la rue, aux puces, jusqu’à leur acclamation au MAD de Paris grâce à une grande exposition terminée l’an dernier. Les années 1980 sont bien de retour et elles atterrissent aujourd’hui chez Artcurial. Non pas que la maison de vente ait attendu 2024 pour s’y mettre – les meubles Memphis lui ont déjà assuré de belles sommes et notamment Ettore Sottsass lors d’enchères dédiées en 2018 –, mais clairement cette vente « Sweet Dreams, Design et Créations des années 1980 » affiche enfin son ambition.


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Les années 1980 ont le vent en poupe

Pourquoi avoir attendu si longtemps, direz-vous ? Spécialiste chez Artcurial, Édouard Liron avoue : « Je ne devrais sans doute pas dire ça, mais les salles des ventes n’ont pas forcément vocation à montrer la voie. Il y a d’abord toute une pédagogie à faire pour que tout se mette en place au niveau des acteurs du marché, à savoir les institutions et les galeries. Ça a pris un peu de temps.

Lampe Valencia de Javier MARISCAL (1950-), 1983, édition BD Ediciones de Diseño. Base en marbre marquina noir, tige en acier chromé, acier nickelé mat, laqué rouge et bleu, estimation : 2.000 -3.000 €.
Lampe Valencia de Javier MARISCAL (1950-), 1983, édition BD Ediciones de Diseño. Base en marbre marquina noir, tige en acier chromé, acier nickelé mat, laqué rouge et bleu, estimation : 2.000 -3.000 €.

Cette période est à la fois proche et loin, 40-45 ans, c’est un peu un entre deux. Aujourd’hui, les cycles et les boucles se raccourcissent. Par ailleurs, ce sont aussi les jeunes générations qui se replongent là-dedans et découvrent un répertoire de formes, d’esthétiques et de matériaux très différents de ceux qu’ils connaissent, avec une cassure nette ». Autrement dit, plastique, stratifié, laque, color block et autres vermicelles sont à l’honneur, tout comme Memphis et Philippe Starck, stars indétrônables de la décennie.

En l’occurrence, le designer français totalise une quarantaine de lots et pas des moindres, puisque son armoire Fred Zafsky (est. 8000-12000 €), éditée par les 3 Suisses, ne comporte que quatre exemplaires connus, loin des éditions en grande série qui favorisèrent à l’époque la fameuse démocratisation du design. Voici une pépite qu’il ne faudra pas laisser passer, nichée entre les différentes icônes de l’époque mises aux enchères.

Des pièces cultes à ne pas rater chez Artcurial

Pourtant relativement récentes, les années 1980 ont déjà leurs pièces phares, comme le précise Édouard Liron : « Les icônes sont liées soit à des créateurs comme Starck, Szekely, Garouste et Bonetti, mais aussi à des éditeurs comme le VIA et à des galeries comme Neotu de Pierre Staudenmeyer, dont les marchands actuels se revendiquent les héritiers. » Une scène foisonnante qui a servi de vitrine à de nombreux designers, bien au-delà des quelques noms retenus aujourd’hui par le grand public.

Lampe de table Laurel de Peter SHIRE (1947-), 1985, édition Memphis. Acier laqué vert, bleu, rose et gris, estimation : 800 -1.200.
Lampe de table Laurel de Peter SHIRE (1947-), 1985, édition Memphis. Acier laqué vert, bleu, rose et gris, estimation : 800 -1.200.

Ainsi, des groupes comme Totem, Némo et Épinard Bleu réservent parfois de belles surprises relativement abordables sur le marché, sans oublier pour autant de pousser le regard au-delà des frontières françaises. Si la politique culturelle des années Mitterrand a placé la France au centre des débats de l’époque, d’autres grands noms ont vu le jour ailleurs, comme le rappellent certains lots de Bob Wilson, Rei Kawakubo ou encore Shiro Kuramata.

En parlant d’icônes justement, même en Italie il n’y a pas que Memphis, puisque Aldo Rossi a, lui aussi, laissé derrière lui une série d’objets qui marquent toujours les esprits et garantissent à Alessi de très belles ventes depuis des années : la bouilloire Conico et les cafetières Conica, Cupola et 9094. Ce sont autant de petites architectures postmodernes transformées en objets du quotidien, après avoir vu le jour en 1986… en version XXL pour l’exposition « Il Progetto Domestico ».

Il faut imaginer cette même bouilloire et ces cafetières entre 180 et 140 cm de haut, trônant en haut du grand escalier de la Triennale de Milan au sein d’une gigantesque installation baptisée Teatro Domestico, dans la droite lignée de ce jeu entre la réalité et l’illusion que Aldo Rossi aimait mettre en scène. À l’époque, seulement trois exemplaires avaient été produits et bien sûr celui d’Artcurial en fait partie (est. 40 000-60 000 €). Quitte à avoir une icône, autant l’avoir en grand.

> « Sweet Dreams, Design et Créations des années 1980 », vente à 14h le 18 octobre 2024 chez Artcurial, plus d’informations ici.


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