C’était à l’origine un lieu de travail aux volumes généreux et à la belle hauteur sous plafond, typique des ateliers du Sentier proches du quartier de la rue Montorgueil, à Paris. Situé dans un immeuble sur lequel planait encore le charme suranné d’un passé pas si lointain, l’appartement de Xavier de Saint Jean, avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, était dans un triste état.
Tout en présentant un vrai potentiel : les volumes, l’espace traversant, les nombreuses fenêtres par lesquelles la lumière naturelle abonde, été comme hiver. C’est ce qu’a ressenti d’emblée l’architecte d’intérieur et designer Xavier de Saint Jean, qui avait déjà aménagé pour les propriétaires leur précédent logement. Ravis du résultat, ces derniers lui ont de nouveau donné carte blanche pour réaliser la transformation complète de celui-ci. Le projet a pris fin il y a peu.
Insuffler les codes hausmanniens
« Il s’agissait d’insuffler de-ci, de-là des codes haussmanniens à un espace qui avait perdu une partie de son âme, mais qui possédait encore des traces de son ancienne vie, explique celui qui a été formé aux Beaux-Arts de Saint-Étienne. C’est le cas de la poutre en béton au-dessus de la cuisine-salle à manger, que l’on a remise à nu après l’avoir découverte en enlevant les faux plafonds. En supprimant ces derniers, nous avons également retrouvé la belle hauteur originelle, gagné en lumière et en volume. Nous avons posé un parquet en point de Hongrie et des moulures aux murs. Nous avons reconstitué en quelque sorte un décor en twistant un peu aussi tout ce qui relève de l’architecture classique afin, avant tout, de rendre le lieu contemporain. En résumé, disons qu’on a cherché à embourgeoiser cet espace sans en faire trop non plus. »
Les 92 m2 de surface générale ont été complètement redistribués. Une nouvelle entrée a vu le jour. L’ancienne pièce à vivre a été décloisonnée pour devenir un living qui a gagné en volume et en convivialité. Bénéficiant d’un bel apport de lumière naturelle, la cuisine, qui est un véritable lieu d’échanges, est ouverte sur la salle à manger et a été entièrement dessinée sur mesure. Si les réalisations du Studio Azimut se caractérisent en général par un parti pris fort pour la couleur et pour les métissages joyeux, les murs blancs et le parquet clair semblent contredire ici la règle.
Il n’empêche, la couleur est partout. Elle vient des objets, des coussins, des tableaux et de certains papiers peints. La décoration, quant à elle, s’est articulée autour de la collection personnelle de tableaux que les propriétaires ont rapportée de leur ancien lieu de vie. Quelques meubles en faisaient également partie, le reste, tissus et luminaires, est le fruit de nouvelles acquisitions. « C’est un mélange éclectique de pièces de design et de mobilier de famille, confirme l’architecte d’intérieur. Un jeu de ping-pong entre diverses formes de sensibilités. »
C’est ainsi que des petits guéridons aux lignes épurées côtoient un fauteuil ancien, que la table de la salle manger est entourée de chaises toutes différentes, que des papiers peints aux motifs graphiques réveillent les peintures murales unies. Après ses études, Xavier de Saint Jean a fondé Azimut et s’est installé à Paris il y a dix ans. Très vite, les chantiers se sont multipliés. Le studio a tout récemment conçu le concept global de l’agence de coworking Wojo, du groupe Accor, à Paris.
Il réalise également des boutiques (LePantalon, dans le Marais, à Paris), des scénographies pour de grands salons d’exposition (Marques Avenue, Accessite, Save the Date, Toulemonde Bochart…), des chalets, des maisons de bord de mer… « Tout s’est déroulé comme pour un ouvrage de couture, petit à petit, conclut Xavier de Saint Jean. On assure essentiellement des chantiers de commande et tout cela grâce au bouche-à-oreille et aux rencontres. On aime faire des choses accueillantes, travailler sur des univers qui déconnectent du réel, proposer des expériences visuelles et des émotions. »