5 maisons qui ont fait la réputation de l’architecte John Lautner  

De la Chemosphere House qui semble flotter en équilibre sur une colline à la Elrod House sublimant la nature environnante, voici les constructions les plus marquantes de l'Américain à la pointe du modernisme.

Fervent défenseur d’une architecture libre et inspiré par le style de son mentor, Frank Lloyd Wright, John Lautner (1911-1994) signe de véritables chefs-d’œuvre immortalisés à de nombreuses reprises sur pellicule. Ses créations, profondément ancrées dans le paysage américain se distinguent par leur audace, leur style moderniste, organique et sculptural parsemé d’un soupçon de futurisme et d’architecture Googie. Retour sur 5 de ses maisons légendaires qui ont marqué la carrière de l’architecte.


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1 – La Schaffer House (1949)

Motivé par leurs après-midis pique-niques réguliers sur le terrain, le couple Schaffer, séduit, décide d’y faire construire leur maison de rêve, laissant John Lautner aux commandes. Celui qui fait ses armes aux côtés de Frank Lloyd Wright opte ici pour un style Mid-century asymétrique typique du Sud de la Californie et des matériaux récurrents comme la brique rouge, le béton, le bois de séquoia…

La Schaffer House (1949). © SCANDINAVIAN COLLECTORS – Crosby Doe
La Schaffer House (1949). © SCANDINAVIAN COLLECTORS – Crosby Doe

Une parfaite alliance avec le verre qui, lui aussi, est omniprésent. Grandes surfaces vitrées, portes à pivots et petits espaces ouverts et interconnectés… La Schaffer House, lovée au creux de la montagne, à Los Angeles, s’intègre harmonieusement à son environnement, s’articulant autour d’un chêne centenaire. Une création qui servira de décor au premier film styliste et réalisateur Tom Ford, en 2009, A Single Man.


2 – La Chemosphere House (1960)

Qui n’a jamais rêvé de visiter cette maison-soucoupe volante plantée sur les hauteurs de L.A., dans la vallée de San Fernando ? Au 7776 Torreyson Drive se cache en effet l’un des bijoux les plus cultes de l’architecte. À l’attention de l’ingénieur aérospatial Leonard Malin, sa femme et leurs quatre enfants, la Chemosphere House dénote par son style sculptural et futuriste. Avec les limitations du terrain en forte pente de 45° (considéré comme inexploitable), John Lautner jette son dévolu un design octogonal posé sur une colonne de béton de 9 mètres de haut et 1 mètre 50 de large. On atteint ce vaisseau spatial à la vue panoramique sur les collines de Hollywood grâce à accès privé par funiculaire ! En ce qui concerne le choix des matériaux : l’acier et le bois laminés dominent : ils ont été sélectionnés pour faire face aux aléas naturels imprévisibles, comme les ouragans et les inondations.

La Chemosphere House de John Lautner (1960).
La Chemosphere House de John Lautner (1960).

Petite anecdote : cette maison a notamment servi de décor au film dans Charlie et ses drôles de dames (réalisé par McG, 2000) et a été le lieu de résidence de la directrice de la maison d’édition Taschen.


3 – La Sheats-Goldstein Residence (1963)

À flanc de colline, greffée sur la roche d’un quartier résidentiel de Beverly Hills, la demeure Sheats-Goldstein a été construite entre 1961 et 1963 pour le couple Helen et Paul Sheats avant d’être rachetée en 1972 par l’homme d’affaires James Goldstein, un passionné d’architecture, qui fait de nouveau appel à John Lautner pour rénover la maison alors délabrée. Ce bâtiment angulaire ouvert sur la baie reste un bel exemple d’architecture organique – courant qui vise l’harmonie entre habitat humain et nature sauvage – vue par l’Américain : pas de murs porteurs, une salle d’eau à ciel ouvert, un mobilier totalement intégré dans l’espace et dessiné sur mesure par l’architecte (la table à manger en verre et ses fauteuils en cuir rouge, notamment), un toit perforé en béton, un pan de mur en verre donnant sur la piscine… Ici, les frontières entre intérieur et extérieur sont volontairement inexistantes.

La Sheats-Goldstein Residence (1963).
La Sheats-Goldstein Residence (1963).

À la mort de John Lautner en 1991, son disciple Duncan Nicholson héritant du projet, y intègre notamment un nightclub, un court de tennis et commissionne James Turrell, qui y réalise en 2004 son Skyspace baptisé Above Horizon. Après le décès de Nicholson en 2015, ses propres protégés, Kristopher Conner et James Perry du cabinet Conner + Perry s’attellent à la construction d’une annexe axée sur le bien-être, le Goldstein Entertainment Complex.

Ce monument architectural est devenu au fil des années le chouchou du petit comme du grand écran, théâtre de The Big Lebowski (Joel Coen, 1998) mais aussi du second volet de Charlie’s Angels baptisé Charlie’s Angels : Les Anges se déchaînent ! (2003) et d’un grand nombre de vidéoclips. James Goldstein, toujours propriétaire des lieux, a promis en 2016 d’en faire donation, accompagné de la large collection d’œuvres d’art et de mode qu’elle contient, au Los Angeles County Museum of Art.


4 – La Elrod House de John Lautner(1968)

Vous l’avez sans doute aperçue à l’écran dans James Bond : Les Diamants sont éternels (Guy Hamilton, 1971). Cette maison de 827 mètres carrés surplombant la vallée de Coachella a été commandé à John Lautner par l’architecte d’intérieur Arthur Elrod. L’un des points forts de ce joyau architectural est sans aucun doute son dôme central dont le mobilier épouse les courbes à 360° et le charme de la roche du site de San Jacinto, laissée dénudée dans la pièce principale.

La Elrod House (1968).
La Elrod House (1968).

La Elrod House impressionne par son salon circulaire de 18 mètres de diamètre, son dôme partiellement ouvert offrant une lumière naturelle, mais aussi ses fenêtres légèrement courbées et rétractables qui s’ouvrent entièrement sur la terrasse et la piscine, où la vue panoramique sur le mont San Gorgonio est à couper le souffle. La maison comprend 5 chambres et autant de salles de bains (avec vue sur la vallée désertique et baignoires dans le sol), mais aussi une dépendance avec salle de sport, bureaux…


5 – La Silvertop House (1963)

La Silvertop House (qui tire son nom de son dôme et de son toit droit en béton incurvé), pensée en collaboration et pour l’ingénieur Kenneth Reiner, mêle prouesse esthétique et techniques. Sculptée dans la roche, cette demeure ressemble en tout point à sa petite soeur, la Chemosphere House : des courbes similaires, des frontières dedans/dehors qui s’amincissent avec les arbres qui mangent le toit, de grandes baies vitrées ouvertes sur le paysage… Si l’utilisation du béton monolithique marque les esprits, son allée spectaculaire sans aucun pilier – testée pour supporter le poids de trois camions de pompiers – nous laisse bouche bée. C’est dans le cadre de ce projet que John Lautner pense plusieurs innovations telles que le passe-plat motorisé (de la cuisine au salon) mais aussi la piscine en porte-à-faux, débordante et avec vue sur le réservoir du Silver Lake. Ce design, datant des années 1960, sera par la suite popularisé et souvent associé au travail de l’architecte.

La Silvertop House (1963).
La Silvertop House (1963).

Pour l’anecdote : celle qui reste un emblématique de la collection Lautner, ne sera finalement jamais habité par celui qui en a fait la commande, ayant fait faillite avant la fin des travaux.


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