4 exposants qui ont marqué le Lake Como Design Festival 2022

La quatrième édition du Lake Como Design Festival (LCDF) s’est déployée en septembre dernier sur différents sites habituellement fermés au public. Aux côtés d’un patrimoine composé de bâtiments médiévaux et néoclassiques subsistent quelques joyaux minimalistes, tels que la Casa del Fascio (1933-36), de Giuseppe Terragni, mais aussi des filatures de soie, dont une poignée figure parmi les fleurons de ce savoir-faire.

Lorenzo Butti, directeur artistique indépendant, a fondé la structure Wonderlake pour faire du Lake Como Design Festival 2022 un moment culturel qui met en scène toutes les forces créatives de la ville. En misant sur des collaborations avec des acteurs professionnels de l’art et du design, il a établi « un maillage d’expositions sur mesure capable de donner de la visibilité à chacun des exposants, dans des lieux exceptionnels, favorisant le dialogue des cultures et des époques ».

1. Galerie Philia à la Casa Bianca

La Galerie Philia à la Casa Bianca. Peinture (résine sur toile) d’Aurel K. Basedow. Appliques Joy, table basse et banc de la collection « Cala », signée Draga & Aurel.
La Galerie Philia à la Casa Bianca. Peinture (résine sur toile) d’Aurel K. Basedow. Appliques Joy, table basse et banc de la collection « Cala », signée Draga & Aurel. Joern Bargmann / Courtesy Galerie Philia

Située en plein centre-ville et donnant directement sur le Lungolago (la promenade du lac de Côme), la Casa Bianca est une résidence historique devenue un temps le siège d’une banque. Elle a été entièrement investie par la Galerie Philia au moment du Lake Como Design Festival. Fondée par les frères Attali en 2015 et implantée à travers le monde (à New York, Genève, Singapour et Mexico), cette entité commerciale saisit en effet régulièrement les opportunités qui se présentent à elle pour organiser des expositions temporaires dans des cadres insolites. Celui de la Casa Bianca était de fait très séduisant pour révéler des pièces de designers et d’artistes (Morghen Studio, Piotr Dabrowa, Emelianova Studio…) en jouant avec le contexte d’intérieurs parfois très ouvragés, loin du cube blanc d’une galerie. Parmi les créateurs exposés, on remarquait le duo local, Draga & Aurel, dont la série de pièces « Cala » en résine et en béton est un élégant clin d’œil à l’univers aquatique du lac voisin.

> Galerie-philia.com


2. Catawiki au musée des sciences Casartelli 

Sélection de design contemporain au musée Casartelli. À gauche, lampe Moiras, de Sylvia Sánchez Montoya (SStudio), et chaise They Told Me de Duyi Han (Stellar Works). À droite, tapis roulé Henri de Formepiane.
Sélection de design contemporain au musée Casartelli. À gauche, lampe Moiras, de Sylvia Sánchez Montoya (SStudio), et chaise They Told Me de Duyi Han (Stellar Works). À droite, tapis roulé Henri de Formepiane. Joern Bargmann

Fondée en 2008 comme un inventaire en ligne à l’intention des collectionneurs d’objets, la plate-forme Catawiki organise régulièrement des enchères, avec l’aide d’experts, dans différentes catégories, dont le design. Le festival s’est appuyé sur cette expertise – en la personne d’Adelaida Perez García – pour créer un événement au format inédit. Dans le décor richement peint de la salle Nobel du musée des sciences Casartelli, le site marchand a, dans un premier temps, réalisé un accrochage de pièces de design (Vetra, Formepiane, StudioNotte…) en suivant la thématique du Lake Como Design Festival – « le néonomadisme » – puis, dans un second temps, les a dispersées lors d’une vente en ligne. Au-delà du caractère prospectif de l’opération, l’environnement unique des fresques naturalistes de la salle a engendré un contraste très surprenant entre perception physique et réalité virtuelle.

> Catawiki.com/fr/


3. Movimento Club à la Villa Gallia

Au sein de l’exposition « In Search of Lost Time », inspirée de Proust, le sofa Tateyama et le miroir Giove (Secolo), et la table basse SST004, signée Stone Stackers.
Au sein de l’exposition « In Search of Lost Time », inspirée de Proust, le sofa Tateyama et le miroir Giove (Secolo), et la table basse SST004, signée Stone Stackers. Joern Bargmann

À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, cette somme romanesque de près de 2 500 pages, qui a nécessité une quinzaine années d’écriture, a été le point de départ de la réflexion menée par Movimento Club pour concevoir l’accrochage à la Villa Gallia. Jeune plate-forme à la fois de monstration sans lieu fixe, de production, de distribution ou encore de mise en réseau, Movimento Club opère avec une cinquantaine de designers (Millim Studio, Max Funkat…) sensibles aux nouvelles modalités de diffusion de leur travail. Avec l’aide de la designer et scénographe Greta Cevenini, l’entité a aménagé tout le rez-de-chaussée de l’édifice néoclassique à partir d’une sélection de pièces attestant toutes le principe selon lequel notre présent et notre avenir sont indéniablement le fruit de notre passé.

> Movimento.club


4. « Erranti » au Palazzo del Broletto et au Palazzo Mugiasca 

L’exposition « Erranti », au Palazzo del Broletto, « curatée » par Francesca Alfano Miglietti. Au premier plan, Angolo di Rotta #2 de Daniela Novello.
L’exposition « Erranti », au Palazzo del Broletto, « curatée » par Francesca Alfano Miglietti. Au premier plan, Angolo di Rotta #2 de Daniela Novello. DR

Projet mettant, au-delà du design, l’art contemporain à l’honneur, l’exposition « Erranti » a été organisée dans deux sites – l’ancienne mairie de l’époque médiévale et un hôtel particulier – par Francesca Alfano Miglietti. « FAM » est partie du postulat qu’errance et erreur ont la même racine linguistique et traduisent la quête obsessionnelle, parfois illusoire ou vaine, de l’espèce humaine. Avec un regard décalé, et volontiers utopique, la curatrice a convoqué œuvres d’artistes (Hanna Burkart, Francesco Jodice, Letizia Cariello dite Letia…) et pièces de designers (Enzo Mari, Bruno Munari, Antonio Marras…) pour interroger les fondements du néonomadisme. L’accrochage mettait ainsi en exergue le fait que les rouages de ce concept se déplacent sans transition entre la vie réelle et la vie numérique, en engendrant de nouvelles valeurs pour la culture et le travail.