Home: À Bruxelles, une écoconstruction moderne en pleine nature

Dans un parc de quatre hectares, en périphérie de Bruxelles, se niche un pavillon de jardin au style contemporain. Conçue par l’architecte Bruno Erpicum, cette écoconstruction pensée pour s’intégrer parfaitement dans son environnement finit par disparaître du paysage pour mieux le célébrer.

Pour profiter de la partie basse de leur terrain, les propriétaires d’une résidence principale souhaitaient disposer d’un pavillon de jardin composé d’un atelier d’artiste, d’un salon-bureau, d’une cuisine et d’une piscine intérieure. Ils ont fait appel à L’Atelier d’architecture Bruno Erpicum, lauréat des Belgium Prestige Awards for Contemporary Architecture Firm 2022, qui devait répondre à l’une de leurs exigences : concevoir une écoconstruction invisible depuis leur habitation, complètement intégré à l’environnement.

Une maison caméléon

Au seuil de la maison, le béton des parements a été laissé brut volontairement, comme pour l’ensemble du bâtiment. L’effet miroir des grandes baies vitrées accentue la présence de la végétation.
Au seuil de la maison, le béton des parements a été laissé brut volontairement, comme pour l’ensemble du bâtiment. L’effet miroir des grandes baies vitrées accentue la présence de la végétation. © JAN VERLINDE

Lorsqu’on lui demande comment lui et son studio ont rendu cette écoconstruction possible, Bruno Erpicum explique : « Contrairement au peintre ou à l’écrivain, l’architecte écrit son projet dans un site. Nous avons dessiné une maison qui s’inscrivait dans la déclivité du sol. Soulever le terrain, loger le bâtiment et le recouvrir de végétation, tels ont été les conseils du maître d’ouvrage. » Le pavillon de 330 m2 a également été relié à la maison par un tunnel souterrain.

Dans l’entrée, le bois, le béton et le cuir annoncent la volonté de l’architecte de se tourner « vers des matériaux qui ne subiront pas l’outrage du temps, mais se patineront ». Parquet en bois douglas Dinesen. Chaise T, signée William Katavolos, Ross Littell et Douglas Kelley (Laverne International). Œuvres de Barthélémy Toguo et de Dominique Ijak.Dans la partie salle à manger, l’œuvre de Jean-Pierre Pincemin réchauffe le mur en béton. Table Paralog (Triss). Chaises Ant d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen).
Dans l’entrée, le bois, le béton et le cuir annoncent la volonté de l’architecte de se tourner « vers des matériaux qui ne subiront pas l’outrage du temps, mais se patineront ». Parquet en bois douglas Dinesen. Chaise T, signée William Katavolos, Ross Littell et Douglas Kelley (Laverne International). Œuvres de Barthélémy Toguo et de Dominique Ijak.Dans la partie salle à manger, l’œuvre de Jean-Pierre Pincemin réchauffe le mur en béton. Table Paralog (Triss). Chaises Ant d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen). © JAN VERLINDE

La durabilité a été le leitmotiv tout au long de cette écoconstruction réalisée avec des matériaux basiques (béton, bois, verre). « Notre objectif était de concevoir un bâtiment “débranché”, en tenant compte de l’isolation et de l’orientation. Les techniques utilisant la géothermie et l’énergie solaire nous ont permis d’obtenir un habitat passif. Néanmoins, l’emploi de matériaux conventionnels a été essentiel, explique Bruno Erpicum. Mais il y a autre chose qui influence mon approche : avec les années, beaucoup de constructions modernes, à l’origine immaculées, perdent de leur éclat, aussi ai-je décidé de me tourner vers des matériaux qui ne subiront pas les outrages du temps, mais se patineront. » En d’autres termes, c’est une ode au temps qui passe.

Dans une alcôve, fauteuil Weimar (Pib). Œuvre de Dominique Ijak. Dans la cuisine conçue par Bruno Erpicum, meubles de rangement en wengé. Crédence et plan de travail habillés de panneaux de quartzite. Table et chaises Tulip d’Eero Saarinen (Knoll). Suspensions E27, design Mattias Ståhlbom (Muuto).
Dans une alcôve, fauteuil Weimar (Pib). Œuvre de Dominique Ijak. Dans la cuisine conçue par Bruno Erpicum, meubles de rangement en wengé. Crédence et plan de travail habillés de panneaux de quartzite. Table et chaises Tulip d’Eero Saarinen (Knoll). Suspensions E27, design Mattias Ståhlbom (Muuto). © JAN VERLINDE

Un amour inconditionnel pour le modernisme

Dans le salon, bureau de Jules Wabbes (Mobilier Universel) et bibliothèque murale conçue par Bruno Erpicum. Sièges en cuir vintage. Table basse Ring de Gianluigi Landoni (Sovet Italia). Canapé et fauteuil de la collection « Euforia System », signée Edi & Paolo Ciani (Montbel). Tapis Zoe Kubb de Daria Zinovatnaya (Gan Rugs). À droite, œuvre Mémoire ludique de Mireille Desguin. Peinture de Dominique Ijak.
Dans le salon, bureau de Jules Wabbes (Mobilier Universel) et bibliothèque murale conçue par Bruno Erpicum. Sièges en cuir vintage. Table basse Ring de Gianluigi Landoni (Sovet Italia). Canapé et fauteuil de la collection « Euforia System », signée Edi & Paolo Ciani (Montbel). Tapis Zoe Kubb de Daria Zinovatnaya (Gan Rugs). À droite, œuvre Mémoire ludique de Mireille Desguin. Peinture de Dominique Ijak. © JAN VERLINDE

À l’intérieur, les murs ont été laissés bruts. L’architecte précise : « Ma pratique de l’architecture découle d’un amour inconditionnel pour le mouvement moderniste. En fin de compte, il s’agit de se libérer de toute forme de décoration, y compris le parement des façades et des murs afin de pouvoir continuer à travailler sans contrainte. Pour ce bâtiment, nous avons poussé le concept plus loin : l’écoconstruction se fond dans le sol. La végétation habille le toit et environ 80 % des façades. À l’avenir, nous essaierons de laisser entièrement place à la nature », explique-t-il. Avec un objectif ambitieux : « Permettre d’apprécier la matière brute en même temps que la précision des détails », ajoute l’architecte. 

Dans la cuisine entièrement conçue par Bruno Erpicum, le bois investit l’espace avec des meubles en wengé. La crédence et le plan de travail sont habillés de panneaux de quartzite. Table et chaises Tulip d’Eero Saarinen (Knoll).  Côté salle à manger, table Paralog (Triss). Chaises Ant d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen). Œuvre d’Ola-Dele Kuku.
Dans la cuisine entièrement conçue par Bruno Erpicum, le bois investit l’espace avec des meubles en wengé. La crédence et le plan de travail sont habillés de panneaux de quartzite. Table et chaises Tulip d’Eero Saarinen (Knoll).  Côté salle à manger, table Paralog (Triss). Chaises Ant d’Arne Jacobsen (Fritz Hansen). Œuvre d’Ola-Dele Kuku. © JAN VERLINDE

Dans les pièces, tout en répondant au bien-être des occupants, l’ameublement s’accorde avec la simplicité du concept général. Des matériaux naturels ont été utilisés : le cuir pour les sièges, le bois pour le plancher et des meubles et la laine pour le tapis.

Toit végétalisé, orientation du bâtiment, utilisation de la géothermie et de l’énergie solaire, la conception du pavillon a été pensée pour obtenir un habitat passif, parfaitement intégré dans un jardin aménagé par l’architecte paysagiste Michel Delvosalle. Vue sur la piscine intérieure très minérale.
Toit végétalisé, orientation du bâtiment, utilisation de la géothermie et de l’énergie solaire, la conception du pavillon a été pensée pour obtenir un habitat passif, parfaitement intégré dans un jardin aménagé par l’architecte paysagiste Michel Delvosalle. Vue sur la piscine intérieure très minérale. © JAN VERLINDE

Dans la cuisine, conçue par Bruno Erpicum, des panneaux de quartzite sur la crédence et le plan de travail sont associés à des rangements en wengé. Ouverts sur le jardin grâce à de larges baies vitrées, le salon-bureau, l’atelier et la piscine intérieure se fondent parfaitement dans le décor végétal.

Dans l’atelier d’artiste baigné de lumière naturelle, les œuvres abstraites de Dominique Ijak répondent au paysage figuratif qui s’impose derrière les larges baies vitrées.
Dans l’atelier d’artiste baigné de lumière naturelle, les œuvres abstraites de Dominique Ijak répondent au paysage figuratif qui s’impose derrière les larges baies vitrées. © JAN VERLINDE

« L’aménagement paysager est tellement important. Il faut considérer le futur projet dans l’environnement qui l’habillera, qui lui donnera sa couleur. La lumière naturelle constitue aussi un élément essentiel. L’architecte paysagiste Michel Delvosalle l’a bien compris. Sa collaboration a été cruciale. Dès notre première rencontre jusqu’à l’achèvement de l’écoconstruction, il a intégré sans compromis la végétation », précise l’architecte. Finalement, la définition de l’architecture pour Bruno Erpicum, c’est qu’elle laisse la nature reprendre le dessus.