Un séjour à l’hôtel Rochechouart est une aventure dans les couloirs du temps. De sa salle de dîner théâtrale à ses chambres surannées en passant par un toit-terrasse qui convoque les vues les plus mythiques de Paris, l’établissement du groupe Orso avait déjà tout pour lui. C’était sans compter sur la réouverture du Mikado, dancing mythique des années 1960.
La renaissance du Mikado Dancing
Le duo Festen a réinventé le lieu tout en restant fidèle à son âme originelle, dans le goût des années folles. Comme un trait d’union entre les différents espaces que comprend l’hôtel, le Mikado dancing se pare d’un décor suranné, cette fois inspiré des anciens bars d’opium.
Hugo Sauzay et Charlotte de Tonnac ont donc posé tapis, canapés moelleux et poufs aux allures rétro, modelé un large comptoir aux motifs Art déco et accroché de larges rideaux de velours au plafond. Situé au sous-sol et ouvert jusqu’à tard dans la nuit, le Mikado n’est pas un club à proprement parler. Les propriétaires préfèrent l’idée d’un dancing, une adresse où l’on viendra prendre un verre après un bon dîner et, pourquoi pas, danser une heure ou deux…
Quatre questions à Louis Solanet, co-fondateur des hôtels Orso :
IDEAT : Avez-vous envisagé le Mikado comme une adresse à part entière ?
Louis Solanet : L’idée était de prolonger la soirée après un diner festif entre amis. On a parfois envie de sortir sans sortir, y compris de son propre hôtel, de vivre en vase clos.
IDEAT : Le Mikado Dancing est un lieu légendaire à Paris…
Louis Solanet : Oui ! Historiquement, l’hôtel avait des chambres, un grand restaurant, un dancing mais aussi un tripot (une maison de jeu, ndlr) au second sous-sol. Nous avons dû faire l’impasse sur ce dernier mais les lieux ont longtemps vibrés au son du tango, du Charleston et des nombreux artistes passés par ici. Léo Ferré racontait ses dimanches au Mikado dans Le Temps du Tango. A l’origine, on y venait même pour des thés dansants, tous les jours de 16 à 19 heures. Les bribes d’histoire retrouvées parlent de Maurice Chevalier, Joséphine Baker, d’orchestres, de bal, de rombières emperlousées… D’un lieu ou semblaient se côtoyer des caïds et des bourgeois.
Le décor s’inspire-t-il de l’histoire flamboyante du Mikado ?
Avec le concours du duo Festen, nous avons tenté de reproduire un hommage aux années 1920 et à la légende du lieu. Nous avons réemployé du parquet comme sur les photos d’origine, des velours Pierre Frey sur les banquettes, des motifs Art déco disséminés sans ostentation (bar, appliques…) et y avons ajoutés quelques touches orientales (paravents, éventails, motifs roseaux à l’arrière des banquettes réalisés par Pauline Leyravaud) pour faire écho au nom historique des lieux. La couleur est aussi celle des boiseries d’origine, le bordeaux, et cela correspondait parfaitement à l’atmosphère désirée.
En quoi l’exercice du club est-il différent d’un restaurant, malgré les foules qui s’y rencontrent ?
A Paris, il y a souvent un décalage entre la fin d’un diner et le début d’une ambiance en club. L’idée était aussi de réduire ce laps de (perte) de temps pour enchaîner, se coucher plus tôt et se lever en meilleure forme ! Une ambition presque londonienne en somme. Pour cela, nous ajustons aussi notre carte du soir afin de la rendre plus en adéquation avec les deux espaces. Nous aimerions que les gens commencent dans l’un pour finir dans l’autre et pourquoi pas remonter dans leur chambre ensuite ! Le restaurant doit désormais susciter l’envie de prolonger l’expérience.
> Le Mikado Dancing, à l’hôtel Rochechouart. 55 Blvd Marguerite de Rochechouart, 75009 Paris.