Ce qu’il fallait retenir de Edit Napoli 2022, la foire du design indépendant

Retour sur la quatrième édition de la foire italienne.

Naples, nouvelle capitale du design ? Si la cité parthénopéenne n’ambitionne pas de concurrencer Milan, les fondatrices de la foire Edit Napoli 2022 entendent néanmoins placer la ville sur la carte mondiale de la création. Du 7 au 9 octobre, stars (Patricia Urquiola, Michele de Lucchi, Piet Hein Eek) et jeunes créateurs se sont invités dans tous les quartiers napolitains…

Une manifestation à l’échelle de la ville

Patricia Urquiola dans le jardin de l’Istituto Caselli Real Fabbroca du Capodimonte
Patricia Urquiola dans le jardin de l’Istituto Caselli Real Fabbroca du Capodimonte Francesco Squeglia

Sur les hauteurs de Naples, le parc de Capodimonte est le poumon vert de la ville. Un havre de verdure et de tranquillité au cœur duquel se trouve l’Istituto Caselli, une école de céramique héritière du meilleur des savoir-faire italiens. Les élèves et professeurs de l’établissement ont collaboré avec Patricia Urquiola pour livrer une série d’œuvres en céramique expérimentales exposées dans les herbes folles du nouveau jardin qui vient agrémenter la cour intérieure et qui aura pour mission d’inspirer les jeunes céramistes.

Ce projet compte parmi les événements qui ont rythmé Edit Napoli 2022, organisée par la galeriste Emilia Petruccelli et la curatrice Domitilla Dardi du 7 au 9 octobre derniers.

Le Casette delle Pezzentelle par Michele De Lucchi
Le Casette delle Pezzentelle par Michele De Lucchi Serena Eller Vainicher ; Luca Rotondo

Après cette première installation, retour en ville, à travers des ruelles populaires de Rione Sanita… Nos pas nous mènent jusqu’à l’étonnante église de Santa Luciella. Un discrète édifice dont il faut descendre la volée de marches qui mène au sous-sol où sont conservés, dans la pénombre, des crânes issus de fosses communes que veillaient les Napolitains. Michele de Lucchi a imaginé sa version des « anime pezzentelle », un culte rendu aux âmes du purgatoire, tradition napolitaine, en sculptant des petites maisons en bois coloré qui seraient comme des demeures pour ces esprits damnés…

Dialogue de générations

Ambiance beaucoup moins solennelle pour Piet Hein Eek. Le designer hollandais, maitre de la récup’, propose une rétrospective … tournée vers l’avenir puisqu’il a mis sept de ses créations emblématiques face à des œuvres de la jeune garde du design, sous les auspices de la fondation Made in Cloister. Avec un dialogue particulièrement réussi entre ses tables et étagères en plaque d’acier et l’étagère en feuille de métal courbée du jeune Paul Coenen, lui aussi installé à Eindhoven.

La nature au cœur des projets

Table de l’Italien Studio Intervallo
Table de l’Italien Studio Intervallo Serena Eller Vanicher

Mais le cœur battant de la foire Edit Napoli 2022, c’est le Complesso San Domenico Maggiore qui a réuni des créateurs investis dans de nouveaux modèles de création. On a repéré dans les salles de cet ancien couvent reconverti en espace d’exposition les tentures en cyanotypes de Spazio materiae, les teintures végétales aux teintes délicates de Monostudio Associati, le fauteuil en miroir de Project 213A ou la collection de siège et tables en métal plié inspirée de l’architecture précolombienne et dessinée par le jeune duo Galapagos.

Un heureux foisonnement que le jury d’Edit Napoli 2022 a récompensé. Parmi les distinctions on retient le prix spécial remis à Studiointervallo, jeune Italien talentueux qui a imaginé un système très simple de table et de banc portés à leurs extrémités par plusieurs pieds, invitant naturellement les hôtes vers le centre de la table pour une convivialité retrouvée.

A gauche, les teintures végétales de Monostudio Associati et portrait du duo Galapagos
A gauche, les teintures végétales de Monostudio Associati et portrait du duo Galapagos Arianna Bonucci et Serena Eller Vainicher