Triennale de Milan 2022 : passé, présent… futur ?

Comment anticiper l’avenir ? À une époque incertaine, la 23e exposition de la Triennale de Milan explore des territoires dont nous soupçonnons à peine l’existence. Parmi les pays invités, la France, qui propose une série d’objets fabriqués à partir de l’existant.

À l’heure où le futur paraît plus incertain que jamais, le design spéculatif travaille sur les implications d’évolutions probables, possibles ou hypothétiques. Une discipline consacrée par la Triennale de Milan 2022« Unknown Unknowns. An Introduction to Mysteries ».

L’événement est organisé par l’astrophysicienne de l’Agence spatiale européenne Ersilia Vaudo et par l’architecte et lauréat du prix Pritzker 2022 Diébédo Francis Kéré. Ils ont convié 23 pays à explorer ou à présenter les connaissances encore largement hors des radars dont nous aurons besoin demain.

Imaginer d’autres futurs

La tour The Future’s Present, de Diébédo Francis Kéré.
La tour The Future’s Present, de Diébédo Francis Kéré. dsl studio

L’installation la plus spectaculaire ? Incontestablement la tour en briques haute de 12 mètres, érigée par l’architecte germano-burkinabé face à la Triennale. Parmi celles des pays invités, le pavillon français – porté par Pablo Bras, Juliette Gelli et Romain Guillet – s’interroge sur ce qui se passe pour un designer en période de décroissance et comment le design s’adapte à ce paradigme. « Nous pouvons faire attention à notre environnement immédiat en le reconfigurant grâce à une économie de moyens employée pour la mise en forme et l’assemblage de nouveaux objets. Le design peut être un outil d’accompagnement du monde », détaille Pablo Bras, l’un des curateurs de l’exposition « Situations.

Stratégies pour habiter l’instable : phénomènes, événements, coïncidences ». La scénographie des 2 024 briques compressées à Milan (qui seront réutilisées pour un autre projet pérenne) porte un ensemble d’objets comme un data center alimenté à l’énergie solaire, une carafe de Baptiste Meyniel soufflée entre deux poutrelles, une enceinte de Pierre Charrié fonctionnant sans électricité, une lampe réalisée par Claire Lavabre à partir de déchets de l’industrie, une étagère en paille de seigle de Sacha Parent…

Des pistes réjouissantes, encore expérimentales, mais qui prouvent la capacité des designers à composer avec un existant et à imaginer d’autres futurs et les façons de les habiter.

«Situations. Stratégies pour habiter l’instable : phénomènes, événements, coïncidences». Section française de la Triennale de Milan 2022, jusqu’au 11 décembre. Triennale.org