Les réalisations de L’Atelier de St Paul sont comme le paysage qui entoure cette manufacture située à Montpeyroux, à quelques dizaines de kilomètres de Montpellier : uniques. Surplombant le coteau, le bâtiment se dévoile depuis la route qui serpente entre vignes et bosquets. Ici, tout fleure bon la nature et la simplicité. Quelques ruches sont installées non loin des ateliers, un petit potager a pris place dans la cour, sur lequel veille le personnel.
Dans quelque temps, des poules viendront même animer le lieu et donneront des œufs « made in Atelier de St Paul ». De quoi agrémenter les pauses déjeuner de l’équipe ou, pourquoi pas, offrir un cadeau original aux clients qui ont fait réaliser leur cuisine par l’enseigne française ? Car ici, on assume de ne pas faire comme les autres. C’est d’ailleurs la marque de fabrique de la manufacture et de son dirigeant, François Agonayan, lequel revendique clairement sa différence avec l’industrie de la cuisine, qu’il juge uniformisée.
À L’Atelier de St Paul, chaque projet est unique, décomplexé, sans barrières ni préjugés. « Nous nous disons que si une idée nous plaît, même si elle est audacieuse, jamais vue, qu’elle sort des sentiers battus, des clients se retrouveront en elle et en auront envie, explique François Agonayan. Bien sûr, parfois nous nous trompons, mais ce n’est pas grave, l’important est d’expérimenter. C’est pourquoi nous sommes toujours à l’affût de ce qui peut nous influencer dans nos créations. Qu’il s’agisse des musées, de la ferronnerie d’art, de l’histoire de la marqueterie, l’inspiration est partout, dans les métiers, les matières, les technologies… »
Expérimenter, une seconde nature
À première vue, la manufacture ressemble à beaucoup d’autres. La vingtaine d’employés, dont plusieurs sont des Compagnons, s’affaire d’atelier en atelier, ouvrage à la main, sur les façades des cuisines. On note que, si certaines sont usinées par une machine, la grande majorité est assemblée à tenon et mortaise, dans la plus pure tradition, ce qui leur confère résistance dans le temps et confirme le savoir-faire maison.
Si l’on imagine des cuisines, mais aussi des dressings, ne cherchez pas les habituels caissons de meubles qui accueilleront les façades, comme chez tous les cuisinistes : ils n’existent tout simplement pas. Ils seront exécutés à la commande, souvent en latté au lieu du classique MDF. « Nous n’avons pas de stock, nous fabriquons tout à l’unité, poursuit François Agonayan. Le plan, en général réalisé à la main sur du papier calque par les spécialistes de nos sept showrooms, est modélisé puis transmis à la fabrication. Avant cela, nous passons beaucoup de temps avec nos clients, qui sont à part égale des particuliers et des architectes, pour comprendre leurs besoins, leurs habitudes de vie, leurs envies, leurs goûts… C’est ce qui nous permet d’entrer au cœur du sujet avec eux, de coller au plus près de leurs attentes et de faire aussi des propositions véritablement sur mesure, qui ne sont pas soumises à une nomenclature de mobilier, comme chez les autres cuisinistes. S’ils souhaitent un agencement précis, une teinte spéciale, une finition, aucun souci : nous prendrons le temps nécessaire pour le créer. »
L’expérimentation est en effet la clé de L’Atelier de St Paul. En atteste le mur, dans la salle consacrée au laquage à la main, sur lequel sont exposés les divers essais de couleurs, d’effets, de matières, de décors imaginés par les équipes. Pas question de brider la créativité : chacun peut faire preuve d’esprit d’initiative. « Nous aimons torturer, changer la nature d’un bois, d’un autre matériau naturel, d’une peinture ou d’une laque, ça nous amuse beaucoup, confie François Agonayan. Et nous tenons compte des remontées d’informations de nos showrooms et des besoins exprimés par nos clients. »
Héritiers de l’ébénisterie
C’est cette audace qui a permis à L’Atelier de St Paul de développer, il y a plus de dix ans, ses façades en carbone, après trois années de mise au point. Car l’entreprise, toute respectueuse soit-elle de la tradition, a su aussi se projeter dans l’ère industrielle. François Agonayan investit régulièrement dans de nouvelles machines qui améliorent les processus et assurent une autonomie sur le plan de la fabrication. « Nous sommes des héritiers de l’ébénisterie française et le fait d’être isolés nous a conduits à étendre nos savoir-faire et à en garantir la maîtrise », constate le dirigeant.
Qui dit ébénisterie, dit bois. Et celui-ci reste une valeur sûre et un pilier de la manufacture, qui par ailleurs a adopté en interne une charte écologique dès 1975 et participe à des projets de reboisements. Chêne, noyer, merisier, frêne… L’Atelier de St Paul achète, parfois au prix fort, des billes et des grumes d’essences issues de forêts françaises gérées durablement, comme celle de Tronçais, au nord-ouest de l’Allier, considérée comme l’une des plus belles futaies de chênes d’Europe. Le bois est stocké à l’extérieur et aussi dans un séchoir à température constante, en attendant d’être façonné en portes, en façades de tiroirs…
Depuis cinq ans, L’Atelier de St Paul s’intéresse également aux bois anciens. Dégauchis, rabotés, transformés en placage, ces vestiges du XVIIIe siècle reprennent vie en devenant de splendides habillages de façades, totalement uniques. « Nos clients, qui sont aujourd’hui parfois la troisième génération, veulent donner du sens à leur achat de cuisine, estime François Agonayan. Nous ne sommes pas dans une logique de mode, par définition éphémère. » Mais alors, quelle est la recette d’une cuisine réussie ? « Celle qui correspond au client, qui comble ses attentes à tous les niveaux : ergonomie, style, fonction… », répond le directeur. Rien de moins.
L’Atelier de St Paul en chiffres
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Année de création : 1969.
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Effectif : 35 personnes (dont 20 en production).
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Superficie : 4 500 m2.
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Showrooms : Aix-en-Provence, Avignon, Cannes Vallauris, Montpellier, Nice, Paris, Saint-Tropez.
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Marchés principaux : France, Suisse et Russie.