Au début des années 70, les écologistes et les féministes militent déjà pour un monde plus vert et plus libre. Pourtant, en 1972, au Salon international du meuble de Milan, quand est présentée la collection de fauteuils Le Bambole de Mario Bellini, chez C&B Italia, la campagne de publicité fait scandale. Cinquante ans plus tard, B&B Italia réédite la gamme renouvelée.
Le Bambole de Mario Bellini, une pièce iconique
Lorsque Mario Bellini conçoit du mobilier, il parle un langage qui peut donner naissance à une famille de produits. Ce fut le cas pour la collection « Le Bambole » (les poupées). Du fauteuil Bambola, aux formes rondes, sont issus, entre autres, Bidambola, un canapé à deux places, et Bamboletto, un lit pour deux personnes. La gamme « Le Bambole » est née icône, illico shootée par le remuant photographe Oliviero Toscani.
Il réalise pour B&B Italia une campagne de publicité culte, irradiée par le mannequin Donna Jordan, 22 ans, égérie d’Andy Warhol. Le top model aux cheveux peroxydés adopte, seins nus, des poses de poupée rigide. Lors du Salon du meuble de Milan de 1972, ces images ont été censurées. Pourtant, les sièges rembourrés en polyuréthane de C&B Italia ont toujours eu bonne presse. Mais « Le Bambole », son esthétique, sa technique et sa communication, c’était (trop ?) nouveau.
Toutefois cela n’a en rien entravé le succès du produit. En 1979, la collection remporte d’ailleurs un Compasso d’Oro. Aujourd’hui s’ajoute à la ligne le Granbambola, un canapé à trois places plus profond. Le polyéthylène a remplacé la prédominance du polyuréthane et les tissus ont changé, avec le tactile Sila en huit couleurs unies soutenues.
Au goût du jour
Cette année sont même proposés du tissu fleuri (Manila) et du cuir (Kasia). L’autre icône, c’est Mario Bellini, rencontré juste avant la crise sanitaire : « Retravailler un classique m’est facile parce que je le modifie en restant proche du départ. C’est d’autant plus faisable que je ne suis aucune mode. L’engouement pour les rééditions vient du fait que ce qui était bien le reste. »
Sur l’avantage de faire du design quand on est architecte, il nous coupe : « Absolument, oui ! Un architecte a une vision globale de l’habitat. Quand il fait un objet, il pense à l’espace autour. Si bien que je n’adhère pas à la maxime “la forme suit la fonction”. C’est idiot et puritain de considérer le plaisir de la forme comme un péché. Pour moi, c’est la fonction qui suit les formes. »