Ce qu’il fallait retenir de la Design Week de Milan 2022

À travers les souvenirs d'une nouvelle édition réussie, la rédaction d'IDEAT vous fait vivre cet événement incontournable dans le monde du design.

Entre expositions immersives, installations monumentales et focus sur la jeune garde, la Design Week de Milan 2022 frappe fort pour son grand retour.


Les jeunes talents d’Alcova

Mobilier signé Otherside Objects exposé à Alcova lors de la Design Week de Milan 2022
Mobilier signé Otherside Objects exposé à Alcova lors de la Design Week de Milan 2022 Mattia Parodi

Sous l’impulsion de ses fondateurs Valentina Ciuffi et Joseph Grima, Alcova s’est illustré cette année encore par une programmation pointue. Entre les murs de l’ancien centre hospitalier militaire de Milan, une cinquantaine de talents émergents étaient mis à l’honneur.

L’exposition, étendue sur 20 hectares, mêlait installations extérieures (à l’instar du Jardin de Sam Klemick, à la tête du studio Otherside Objects) et intérieures (comme « Confessions », œuvre du collectif Tableau et de la clinique thérapeutique Post Service, qui livraient une réflexion sur la santé mentale masculine à travers des pièces manifestes et utilitaires). Inspirantes aussi, la baignoire en onyx rose de Sabine Marcelis et la curation éclairée du tandem French Cliché. — H. R.

Post Service Spatial design par Tableau à Alcova
Post Service Spatial design par Tableau à Alcova Frederikke

Dans l’objectif de Luca Guadagnino

Sobres et mystérieux, les deux décors imaginés par Luca Guadagnino se répondent.
Sobres et mystérieux, les deux décors imaginés par Luca Guadagnino se répondent. Giulio Ghirardi

Plus discret sur son activité d’architecte d’intérieur que celle de réalisateur, Luca Guadagnino a fondé, il y a cinq ans déjà, son studio éponyme. Pour la Design Week de Milan 2022, entre les murs de son partenaire de longue date, Spazio RT, le Palermitain a mis en scène deux décors, comprenant ses créations de mobilier (deux assises éditées Gavina Italy, un luminaire par FontanaArte, deux tapis par la Manufacture Cogolin et deux cheminées) aussi bien que des objets choisis, contemporains ou vintage.

Ces deux espaces, bien que distincts, partagent le même univers très cinématographique, nappé de rideaux épais et de boiseries, comme pour symboliser le cadre d’un écran. De la même façon, les lieux ne sont pas visibles de l’extérieur, comme s’il fallait prendre son ticket pour assister à sa séance privée… — F. L. G.


Les lignes graphiques de la Casa Mutina

Installation Elementi Per Paesaggi de Nathalie du Pasquier chez Mutina
Installation Elementi Per Paesaggi de Nathalie du Pasquier chez Mutina Delfino Sisto Legnani

A l’occasion de la Design Week de Milan 2022, Mutina présentait « Paesaggi » de Nathalie du Pasquier, au cœur de sa Casa Mutina. Sous le regard de la designeuse, les carreaux de céramique devenaient des objets d’art. En revêtement ou en élément en trois dimensions, le carrelage artisanal esquissait un tableau singulier, d’autant que des animaux en terre cuite signés Alessio Sari venaient répondre aux peintures de l’artiste.

Sa collection pour Mutina, réalisée en collaboration avec Bitossi, se décline en trois modèles aux formes géométriques : Square, disponible en blanc, rouge et polychrome, Rettangolo, disponible en aplat de noir ou blanc et en polychrome et Tondo, disponible en blanc, vert et polychrome. Follement graphique ! — H. R.


La première européenne de Lucia Eames

Les papillons de Lucia Eames s’affichent aux murs et en cascade.
Les papillons de Lucia Eames s’affichent aux murs et en cascade. The Eames Family

L’immeuble du via Solferino, 11 accueillait cette année encore les must-see de cette édition de la Design Week de Milan 2022. Si la foule se pressait chez Dimorestudio (voir plus bas), à l’étage supérieur, deux expositions se distinguaient elles aussi.

Nous avions donc rendez-vous chez Lucia Eames (1930-2014). La fille de Charles et belle-fille de Ray se voyait pour la première fois en Europe consacrer un solo show posthume. Bien loin du travail de ses illustres parents, on y découvrait des œuvres d’art et installations en adéquation avec le titre de l’exposition : Seeing with the Heart. C’est avec une grande poésie et sensibilité que sa famille, épaulée par Form Portfolios, a mis en scène près d’un demi-siècle de créations. Ainsi, papillons de papier, mobilier en métal ajouré et archives de ses travaux préparatifs meublaient l’exposition dans un écrin lumineux et coloré. — F. L. G.


Une mise en abîme de l’humain et de la nature chez H+O

Les céramiques de la marque offrent un cadre onirique au propos d’H+O.
Les céramiques de la marque offrent un cadre onirique au propos d’H+O.

La porte d’en face ouvrait sur le monde minimaliste et ingénieux du label H+O. Spécialisé dans les carreaux de céramique, le studio invitait, pour la deuxième fois, une poignée de marques triées sur le volet à investir leur galerie éphémère milanaise.

Ainsi, le mobilier de Carl Emil Jacobsen, Cathrine Raben Davidsen ou encore Renato Messina habillait cet appartement datant du XVIIIème siècle. L’objectif ? Traduire la vision des fondatrices Elisa Ossino et Josephine Akvama Hoffmeyer, celle d’un intérieur où nature et humains entrent durablement en connexion et où la technologie et le mobilier redéfinissent un certain art de vivre. Intéressant et… inspirant ! — F. L. G.


Le charme de l’oubli chez Dimoremilano

Mise en scène par Emiliano Salci et Britt Moran, l’installation Oublié de Dimore Studio a, une nouvelle fois, marqué les esprits. A gauche, chaise Razionalista et plafonniers Lanterna. A droite, lampe Chicago.
Mise en scène par Emiliano Salci et Britt Moran, l’installation Oublié de Dimore Studio a, une nouvelle fois, marqué les esprits. A gauche, chaise Razionalista et plafonniers Lanterna. A droite, lampe Chicago. Hélène Rocco

Il fallait patienter plusieurs dizaines de minutes avant de pénétrer dans cet appartement obscur de la via Solferino à Milan. Derrière des volets clos, les différentes salles enveloppées de brume créaient l’illusion de la découverte d’une maison longtemps laissée à l’abandon. « Oubliée », comme la qualifiait l’exposition du studio Dimoremilano.

A l’origine de l’installation, Britt Moran et Emiliano Salci ont frappé fort en concevant l’intégralité du mobilier, des textiles et des luminaires. Du laiton à l’acier en passant par le cuir, les matières embrassent la patine du temps. On aime particulièrement la chaise Razionalista et les plafonniers Lanterna en métal et en papier. — H. R.


Retour vers le futur au Nilufar Depot

Installation de Andres Reisinger au Nilufar Depot lors de la Design week de Milan 2022
Installation de Andres Reisinger au Nilufar Depot lors de la Design week de Milan 2022 DR

Même ambiance brumeuse au Nilufar Dépot où le plus futuriste des designers, Andres Reisinger, représenté par la galerie Nilufar, exposait son nouveau projet nommé « Too Much, Too Soon! ». En s’emparant du bureau de la fondatrice du lieu — Nina Yashar — pour lui donner un caractère onirique, l’artiste digital prouvait une nouvelle fois que les frontières entre virtuel et réel sont poreuses.

Au centre d’une pièce habillée de rose, les sculptures lumineuses en métal chromé et laqué concentraient toute l’attention et n’étaient, pour la première fois, pas reliées à une installation multimédia. Seuls les reflets des miroirs jouaient ici les semeurs de trouble. — H. R.


Flos fête ses 60 ans à la Design Week de Milan 2022

Installation See the Stars Again par Flos à l’occasion des 60 ans de la marque
Installation See the Stars Again par Flos à l’occasion des 60 ans de la marque Flos

Dans l’immense espace industriel de la Fabbrica Orobia,  Flos présentait des collections de luminaires pensées par des designers à la renommée mondiale tels que Vincent Van Duysen, Ronan et Erwan Bouroullec et Patricia Urquiola. A travers une expérience immersive vouée à montrer la démarche innovante de la maison qui fêtait ses 60 ans, vingt-quatre nouveautés étaient dévoilées au public.

Le compositeur et DJ Davide Boosta Dileo, chargé du sound design, entraînait les visiteurs dans un voyage sonore. L’art, la musique et la lumière se confondaient alors dans un heureux mélange de créativité et d’élégance. A la façon d’une lampe conçue par un designer, Boosta Dileo donnait à la musique une forme et du caractère. — H.R.


IKEA fait son festival

Cette boule à facettes géante présente le premier appartement d’un étudiant, celui où il organisera ses premières fêtes… ou soirée pyjama !
Cette boule à facettes géante présente le premier appartement d’un étudiant, celui où il organisera ses premières fêtes… ou soirée pyjama ! Ikea

IKEA ne fait décidément jamais les choses à moitié. Dans le sud de la ville, du côté de la fameuse via Tortona, repaire de designers, la firme de Älmhult a investi d’anciens entrepôts devenus BASE, un espace novateur de plus de 12 000 m2, dédié à la création. Au programme de cette semaine de festivités à la suédoise : musique, gastronomique à la IKEA et, bien sûr, de nombreuses installations mettant en avant les nouveautés et best-sellers de la marque.

Ainsi, le « premier appartement de couple » prend poétiquement vie sous les traits d’une structure faites de cartons sous laquelle s’installent un simple tapis et un plateau de service. L’idée ? Symboler l’impatience d’un duo au moment d’organiser sa première soirée, son avant même de défaire ses cartons. Dans un autre espace, une longue table incarne plusieurs générations de clients : débutant sous les traits de dessins d’enfants pour finir par un élégant repas, en passant par un coin télé-travail.

Sabine Marcelis devant l’un de ces deux luminaires pour IKEA.
Sabine Marcelis devant l’un de ces deux luminaires pour IKEA. Titia Hahne

En outre, la nouvelle collaboration design d’IKEA a été révélée à l’occasion de ce festival : les Suédois ont invité Sabine Marcelis à imaginer deux luminaires minimalistes équipés de LED qui forment la collection VARMBLIXT. Disponibles en magasins au printemps 2023. — F. L. G.


> Et aussi : retour en vidéo sur les expositions de la Triennale et le salon Satellite entre les murs du Salone del Mobile 2022.