Trente-cinq ans après sa mort, le nom d’Isamu Noguchi continue d’être cité en référence dans le monde du design. Sculpteur, céramiste, architecte, designer et scénographe, il a passé sa carrière à expérimenter, s’engager et transgresser les règles. Jusqu’au 2 juillet prochain, le musée LaM de Lille lui consacre une exposition sans précédent en Europe.
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Un talent universel
Né à Los Angeles en 1904, Isamu Noguchi grandit au Japon jusqu’à l’âge de 13 ans puis poursuit sa scolarité aux Etats-Unis. En parallèle d’un cursus de médecine à la Colombia University, il apprend la sculpture sur les conseils de sa mère, l’écrivaine Leonie Gilmour. Son maître, le sculpteur Onoriio Ruotolo, lui transmet sa passion tant et si bien que Noguchi décide de s’y consacrer pleinement.
Après avoir obtenu une bourse Guggenheim, il s’installe à Paris en 1927 où il fait la rencontre de Constantin Brâncuși dont il devient l’assistant. A ses côtés, Isamu Noguchi se familiarise avec différents matériaux et apprend la sculpture sur bois et sur pierre. Peu de temps après, il présente son travail lors d’une exposition personnelle à New York.
Baroudeur dans l’âme, Noguchi s’imprègne de nombreuses techniques, du Mexique à l’Inde, en passant par l’Asie. Il étudie le dessin au pinceau brosse en Chine et apprend la céramique et le paysagisme au Japon.
« Tout est sculpture»
Son langage sculptural est organique et fait disparaître les frontières entre le deuxième art et la conception de mobilier. En 1944, il conçoit ainsi une table basse pour Herman Miller, composée d’un plateau en verre et d’un piètement en frêne noir. A la même période, il réalise une série d’objets surréalistes intitulés Interlocking Sculptures dont la forme évoque le corps humain.
Sa vision de la sculpture est loin d’être étriquée puisqu’elle inclut les célèbres luminaires Akari, produits à la main dès 1951. Défiant les lois de la pesanteur, les quelques cent modèles regroupent des lampes de tables, des lampadaires et autres plafonniers mesurant 24 à 290 centimètres de haut.
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Une rétrospective complète
Au Musée LaM de Lille, les 150 œuvres présentées jusqu’au 2 juillet témoignent de la richesse de son parcours mais aussi de son engagement. L’on découvre notamment des projets de monuments politiques commandés dans les années 1930, des réalisations pour les villes de Jérusalem, Munich et New Delhi ainsi que l’ébauche de la Sculpture to Be Seen From Mars (Memorial to Man).
Imaginée deux ans après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki et jamais mise en œuvre, celle-ci esquisse un visage émergeant de la surface de la Terre, comme pour signifier que la planète a été détruite par l’humanité elle-même.
L’exposition revient également sur les décors d’Isamu Noguchi pour la compagnie de danse de Martha Graham et ses amitiés avec le peintre José Clemente Orozco, le musicien Kyoko Kawamura et l’actrice Yoshiko Yamaguchi.
> Exposition Isamu Noguchi, jusqu’au 2 juillet 2023, au musée LaM de Lille, plus d’infos ici.