Après Courchevel, Saint-Tropez, Saint-Barthélemy, les Antilles et les Maldives, la première maison urbaine de la collection Cheval Blanc a ouvert ses portes à Paris. Les pieds dans la Seine, la tête dans les nuages, ce luxueux paquebot a de quoi donner le tournis. Tout n’y est que démesure, à commencer par les quinze ans écoulés entre négociation et travaux. Les 72 clés (dont un appartement de 1000m2 avec couloir de nage privatif), les trois restaurants, le bar, le spa Dior et la piscine ont été imaginés par les architectes Peter Marino et Édouard François, sous la houlette du groupe LVMH.
Royaume du grandiose
C’est donc dans le bâtiment de la Samaritaine originelle que le Cheval Blanc Paris s’est installé. Sur presque 15 mille mètres carrés, le luxe est partout, savant mélange d’élégance parisienne et de bling américain. Et pour cause, l’un des architectes des lieux, Peter Marino, n’est pas connu pour son amour du minimalisme…
Dès le lobby, le ton est donné. Œuvres d’arts XXL et dorures habillent les murs, une fresque de marbre accompagne les pas et, bientôt, le Cheval Blanc himself se cabre sur son piédestal. En sautant dans l’ascenseur qui mènent aux Le Tout-Paris et Langosteria – deux restaurants perchés au septième étage -, c’est Paris, justement, qui défile d’abord sur les parois de la cage de verre, mappé par Thierry Dreyfus, puis devant soi, quand on a la chance de s’attabler à la terrasse qui surplombe la Seine. Si on fait le chemin inverse en direction du -1, la piscine en met plein les mirettes avec sa taille record (30 mètres) et son mur digital représentant les bords de Seine au fil de la journée.
Cheval Blanc Paris : une expérience unique
Imaginée comme des cocons confortables et familiers, chacune des 72 chambres de l’hôtel s’articule autour d’un colorama doux et opalin, mis en relief par des touches franches canari et cendre. Parce qu’on joue dans la cour du grand luxe, des œuvres d’art et des références de mobilier prestigieuses meublent les espaces. Last but not least, la moitié des chambres s’ouvrent sur la Seine, un atout largement mis en scène à travers les larges baies vitrées qui révèlent la beauté de Paris.
Un tel écrin ne pouvait faire l’impasse sur un restaurant gastronomique. Les cuisines de Plénitude, nichées au premier étage, ont donc été confiées au chef Arnaud Donckele, déjà triplement étoilé pour la table du Cheval Blanc St-Tropez. Une trentaine de couverts accueillent ainsi les gourmets chaque soir, qui se régalent d’un menu inédit élaboré à partir des arrivages quotidien. Le respect de l’environnement est en effet au centre de la démarche de ce chef d’avant-garde, qui a à cœur de ne pas brusquer la nature. Les sauces sont le fil rouge de la gastronomie de Plénitude, invitant sabayons, veloutés, vinaigrettes, bouillons et autres consommés mis en pots, vieillis et fermentés spécifiquement, à venir relever les produits bruts travaillés chaque jour. Les deux restaurants du 7e étage ainsi qu’un bar, au rez-de-chaussée, créent l’alternative pour ceux qui n’auraient pas la patience d’attendre une réservation au futur étoilé…
Questions à Peter Marino, architecte du Cheval Blanc Paris
IDEAT : Avez-vous eu carte blanche pour imaginer le Cheval Blanc Paris ?
Peter Marino : Les façades du bâtiment Art déco construit par Henri Sauvage en 1928 sont classées monument historique. Édouard François et moi nous sommes donc contentés d’effectuer un travail de restauration sans ne rien changer à l’existant. En ce qui concerne la structure intérieure, il a fallu la revoir complètement. Nous avons complètement repensé les volumes et la distribution de cet emblématique bâtiment parisien afin de donner vie au Cheval Blanc sans négliger l’héritage architectural fort des lieux.
IDEAT : Le précieux et le grandiose sont au centre de votre réalisation. Avez-vous voulu intégrer votre patte américaine à l’art de vivre à la Française ?
P. M. : Il était important d’intégrer les artistes et artisans français de toutes époques dans chaque aspect du bâtiment. Certains sont contemporains, à l’image de la remarquable Ingrid Donat qui signe le revêtement en bronze doré. Cette création tapisse l’espace qui reçoit les guests à la sortie des ascenseurs du septième étage, ainsi qu’un bar magnifique en bronze texturé, bois et marbre. D’autres historiques, comme Jean Lurcat et ses textiles datants de 1947. Ainsi, les peintures de Florian et Michael Quistrebert ponctuent l’espace galerie tandis que les toiles de Sonia Delaunay côtoient les luminaires de Philippe Anthonioz. On retrouve aussi de nombreuses pièces d’André Debreuil et des luminaires en bronze imaginés par Laurence Montano.
La ville de Paris est également au cœur du décor du Cheval Blanc …
P. M. : En effet, l’artiste Vik Muniz a illustré la tour Eiffel à la façon de Delaunay à travers ses deux monumentaux tableaux accrochés dans le lobby. Dans l’ascenseur, une installation expérientielle de Thierry Dreyfus offre aux visiteurs une vue imprenable sur Paris alors qu’ils naviguent à travers les sept étages du bâtiment. Sans oublier la piscine et sa vue artificielle du la Seine…
Quelle histoire vouliez-vous raconter à travers le décor du Cheval Blanc Paris ?
P. M. : Je voulais que ce soit nouveau et inattendu. Comme personne ne l’aurait jamais imaginé : élégant, austère, unique.
> Cheval Blanc Paris. 8 Quai du Louvre, 75001 Paris. Réservations.